Médicaments, vins, jouets, bijoux, sacs, vêtements, voitures, etc., la contrefaçon vendue sur Internet et sur les marchés tend à exploser. Rien qu’en 2015, la douane française a saisi 8 millions d’articles contrefaits, un record ! En France, cette administration n’est pas la seule à faire la chasse aux trafics illicites. D’autres opérateurs mènent la traque en utilisant des outils informatiques très évolués. A commencer par Webdrone qui exploite depuis 2013 des drones virtuels, des robots intelligents qui opèrent sur Internet, pour détecter les cybercriminels qui s’attaquent à ses clients, entre autres, des industriels du luxe et des grandes marques.
La plate-forme Wedrone est proposée en mode SaaS
L’entreprise basée à Dijon a été cofondée par Hervé Putigny et Gérald Poitevineau. Le premier est un ancien enquêteur de la gendarmerie spécialisé dans la cybersécurité et la cyberdéfense. Tandis que son associé est un spécialiste de l’intelligence économique et des outils de recherche automatique sur le Web. Tous deux ont développé une solution disponible en mode SaaS (Software as a Service ; location à la demande sur Internet) utilisée pour traquer et démanteler des trafics de contrefaçon. « Nous contribuons aussi à détecter des noms de domaine frauduleux ou tout autre activité qui nuit à nos clients », indique Hervé Putigny, le directeur associé de l’entreprise.
L’entreprise compte dans son équipe d’anciens gendarmes spécialisés en cybercriminalité
Leur plate-forme propriétaire développée en Open Source (logiciels libres à code source ouvert) avec le soutien de BPIfFrance et la région Bourgogne a pour singularité d’avoir été modélisée en tenant compte des processus métiers d’Hervé Putigny. Lequel a acquis au fil de sa carrière à la gendarmerie une solide expérience en cybercriminalité mais aussi en Cyberdéfense puisqu’il a travaillé jusqu’en 2014 comme expert Cloud au Secrétariat général de la Défense et de la sécurité nationale (SGDSN-Anssi). Un parcours qui a sûrement convaincu ses premiers clients. De 2013 à 2016, l’entreprise est passée de trois à une vingtaine de personnes réparties dans deux pôles. Le premier dédié à la veille et à l’expertise réunit la moitié des effectifs. Il est constitué d’anciens gendarmes spécialisés dans l’investigation numérique. De l’autre, le pôle développement qui a la charge de faire évoluer la plate-forme.
Des drones écoutent les conversations sur le Net, le Dark Web et le Deep
Disponible aujourd’hui dans sa version 2.0, Webdrone exploite des »drones » qui sont programmés de manière à analyser le web, consulter des millions de pages Web, « écouter » des conversations sur forums, réseaux sociaux et autres sites d’échange afin de repérer les cyberdélinquants, les liens qu’ils ont entre eux et en rapporter des informations opérationnelles aux clients de Webdrone. Ces robots d’enquête étant auto-apprenants, ils ont la capacité de couvrir rapidement le Web visible mais aussi le Deep Web ou Web profond. Lequel regroupe des contenus non indexés par des moteurs de recherche et qui réclament de connaître l’adresse précise des sites concernés pour y accéder. Les drones virtuels explorent également le Dark Web ou Web sombre où les contenus sont cryptés, l’anonymat la règle et les activités majoritairement illicites.
Les clients peuvent utiliser la plate-forme pour lancer leurs recherches ou les confier à Webdrone
Grâce à ses robots, l’entreprise, qui intervient toujours a posteriori, contribue chaque année à résoudre de nombreuses affaires. « La plus significative porte sur le démantèlement en moins de six mois d’un réseau d’une centaine de milliers de personnes qui participaient à un trafic portant sur plusieurs millions d’objets contrefaits pour un préjudice de plus de 70 millions d’euros, résume le dirigeant. Sans notre outil, la résolution de cette affaire aurait réclamé plusieurs années de recherche. »
Les clients de Webdrone peuvent confier à l’équipe d’enquêteurs des missions de recherche ou alors utiliser librement la plate-forme après avoir été formés. Le prix de l’abonnement peut être calculé sur la base du nombre de modules et de recherches effectuées. Il peut en coûter quelques milliers d’euros à quelques dizaines de milliers d’euros. Idem pour les prestations dont le prix varie en fonction de leur complexité. En 2016, l’entreprise a prévu d’ouvrir en octobre prochain un bureau à Paris et projette plus tard d’en ouvrir un autre à Singapour. Par ailleurs, elle vient d’enrichir son offre avec un nouveau module qui permet de faire des enquêtes en Due Diligence sur des personnes morales ou privées. De quoi intéresser les entreprises qui veulent en savoir plus sur un futur partenaire, un nouveau collaborateur ou un client.
Eliane Kan
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