Interview de Vincent Rumeau, responsable commercial et des relations clients chez Geoflex. Cette PME francilienne fournit un service qui hypergéolocalise les personnes et les objets avec une précision allant jusqu’à quatre centimètres. Parmi les applications visées, la sécurité des biens et des personnes ainsi que le pilotage de drones et des engins de chantiers.
Vincent Rumeau, responsable commercial et des relations clients chez Geoflex basée à Massy (Essonne). © Geoflex
D’où provient votre technologie d’hypergéolocalisation et quelles sont les performances obtenues ?
A la différence du GPS (USA), de Galileo (Europe), Glonass (Russe) ou Beidou (Chine) qui délivrent des signaux avec une précision allant de 5 à 10 mètres, notre service positionne une personne ou un objet avec une précision inférieure à 1 mètre, voire jusqu’à quelques centimètres. Et cela en temps réel, partout dans le monde, sur terre, mer et dans les airs. Cette technologie baptisée Positionnement Ponctuel Précis (PPP) a été développée par le Centre nationale d’études spatiales (Cnes). Plusieurs brevets la protègent et nous en avons l’exclusivité commerciale. Notre service s’appuie sur les données transmises par notre propre réseau d’antennes. Il y en a une centaine réparties dans le monde. Ces antennes mesurent en temps réel la position des satellites. C’est grâce à cette infrastructure que nous envoyons vers les récepteurs GNSS (Global Navigation Satellite System) de nos clients des données corrigées et améliorées.
Sous quelle forme délivrez vous cette technologie ?
Nous fournissons notre service de « Flux de correction » sous forme d’abonnement. Nos clients doivent être équipés d’un récepteur GNSS, compatible avec notre technologie sachant que nous ne fournissons pas de hardware.
La solution de Geoflex a été présentée en 2023 aux Innovadays de Bouygues. © Geoflex
Quelles sont les applications visées et en quoi cela intéresse la sécurité des personnes ?
Notre solution intéresse, entre autres, la géolocalisation et la traçabilité des objets connectés et des personnes. Nous venons de mener avec notre partenaire CGEOS, un fournisseur de récepteurs satellites, une expérimentation sur des chantiers de BTP. L’objectif étant d’interdire aux salariés l’accès à certaines zones dangereuses. Dans ce but, ces derniers ont été équipés d’un gilet à Led et d’un boîtier récepteur GNSS de la taille d’un smartphone. En temps réel, ce dispositif remonte en 4 G vers un serveur situé dans le Cloud, la position de son utilisateur, soit entre 1 mètre et 4 cm selon les environnements. Résultat, à la périphérie d’une zone interdite par son employeur, les Led s’éclairent en rouge tandis que le boîtier émet des vibrations et diffuse une alerte sonore. Nous avons présenté cette offre lors du dernier Innodays 2023, le salon de l’innovation de Bouygues.
L’hypergéolocalisation va améliorer le pilotage des drones. © Jason Blackeye pour Unsplash
Comment votre offre va-t-elle évoluer ces prochains mois ?
Nous venons de lever six millions d’euros auprès notamment de Bouygues, Stellantis et Thales avec lesquels nous allons développer des applications métiers. Par ailleurs, nous allons doubler nos effectifs qui passeront de 15 à 30 salariés cette année. Enfin, nous travaillons avec des fabricants de semi-conducteurs afin d’intégrer notre solution dans leurs puces. Ce qui va contribuer à déployer massivement notre technologie. Les premiers produits devraient arriver début 2024 . A terme on peut imaginer que des véhicules autonomes ou des drones en soient équipés afin d’améliorer leur guidage.
Eliane Kan
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