Trois experts nous livrent leurs perceptions du marché de la viéosurveillance : Laurent Ozon, Directeur de Storvision, Francis Serrano, Directeur Marketing & Développement stratégique chez Securitas Alert Services, et Christophe Dulin, Responsable du développement commercial France chez Samsung Techwin.
Info.expoprotection.com : Comment le marché de la vidéoprotection est-il segmenté ?
Laurent Ozon : « C’est un marché qui est encore très majoritairement professionnel. Le marché de la caméra chez le particulier est encore totalement embryonnaire. Ce marché se développe fortement parce qu’il ne part de rien, mais l’essentiel de la demande émane du domaine professionnel, entreprises et collectivités. »
Info.expoprotection.com : Bien qu’émergeants, quels sont les potentiels de la vidéo en résidentiel ?
Francis Serrano : « Le marché résidentiel français, fortement sous-équipé, révèle de forts potentiels de croissance. La démocratisation de la vidéo dans le domaine de la sécurité est aussi caractérisée par le développement naissant de solutions adaptées au marché des particuliers. Un nombre croissant de constructeurs exploite les possibilités technologiques actuelles (sans-fil, GSM/GPRS) pour proposer des équipements simples, en installation comme en utilisation. »
Info.expoprotection.com : Quelles parts respectives occupent les installations analogiques et IP ?
Christophe Dulin :« Actuellement, les systèmes de vidéosurveillance sur IP restent minoritaires sur l’ensemble des parcs installés. L’analogique concerne encore une large majorité des installations, les caméras analogiques répondant parfaitement à la plupart des besoins. Il existe sur le marché une quantité de solutions permettant leur exploitation dans un environnement en réseau à travers des solutions d’encodage performantes. »
Info.expoprotection.com : Quel est le rôle de l’installateur dans ce contexte d’évolutions rapides ?
Christophe Dulin : « Avec le développement des technologies de sécurité, les interlocuteurs d’un projet ont évolué. Désormais, le responsable informatique est de plus en plus sollicité. Pour s’adapter à ces enjeux plus complexes et répondre à des demandes plus techniques, l’installateur peut s’appuyer sur le support avant-vente de certains fournisseurs, qui peut inclure la conception gratuite du système. »
Info.expoprotection.com : Que faut-il attendre du développement des applications de vidéosurveillance ?
Laurent Ozon : « Il faut miser fortement sur l’essor des services liés à l’utilisation de l’outil vidéo. Aujourd’hui, la vidéo reste majoritairement un instrument passif, à quelques utilisations près (la manipulation des dômes, par exemple). Pourtant, on attend beaucoup de cet outil : dissuasion, preuves, compte-rendus… La vidéo est encore trop peu sollicitée pour la gestion des accès, les rondes à distance, etc. Or, l’hétérogénéité des parcs gérés par les opérateurs de télésurveillance, où cohabitent des dizaines de produits différents, ne permet pas de créer des logiques de services homogènes. En conséquence, que peut-on faire actuellement avec les images ? Le strict minimum : de la surveillance en live et de la récupération d’enregistrements. Autrement dit, une logique du plus petit dénominateur commun ne couvrant qu’une faible partie des besoins. Plus efficacement que les télésurveilleurs, les constructeurs sont plus à même de fournir une valeur ajoutée de service. Pourquoi ? Parce que ces nouveaux services impliquent des niveaux fonctionnels importants et donc, des parcs homogènes. Ce sont donc les fabricants les mieux placés, car ils possèdent une maîtrise technologique des logiciels, des IHM. Ils peuvent aller plus loin dans la logique de services rendus sur la vidéo. »
Info.expoprotection.com : Quelle est l’orientation majeure du marché de la vidéosurveillance professionnelle ?
Éric Guindou (dirigeant de la société d’intégration EGSI Sécurité) : « La migration des installations analogiques vers des solutions IP est le mot d’ordre actuel. On observe une prise de conscience au niveau de la mise en conformité avec la réglementation, incitant les entreprises les plus récalcitrantes à moderniser leurs équipements. Entre obligations légales et valeur ajoutée technologique, tout concorde à faire des solutions IP l’enjeu majeur de la vidéosurveillance d’aujourd’hui. La prise en compte des qualités de l’IP est progressive. Pour de nombreuses entreprises, il reste à intégrer totalement le partage de pouvoir nécessaire entre services de sécurité et services informatiques. »
> La vidéoprotection en quelques chiffres
– Chiffre d’affaires 2008 : 710 M€.*
– Nombre de caméras installées sur le territoire : officiellement, 400 000 caméras déclarées en préfecture. En estimant le nombre de caméras non déclarées, 1,2 à 1,4 millions de caméras seraient installées en France. **
*Siemens Building Technologies
**Storvision
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