L’étiquetage des produits chimiques tels que les peintures, les solvants ou encore les détergents relève d’une réglementation complexe introduisant des pictogrammes qui symbolisent les mentions de dangers que ces produits peuvent présenter. Aujourd’hui, il est crucial de savoir décrypter le sens qui se cache derrière ces pictogrammes à l’aspect visuel certes évocateur mais aussi souvent méconnu. D’autant que les mentions de danger, qui se cachent derrière ces codes, renvoient à des caractéristiques très précises qui sont nécessaires pour les manipulateurs issus de divers secteurs d’activités mais aussi pour les préventeurs (ingénieurs hygiène et sécurité, médecins du travail…). Dans ce cadre, l’unité de Prévention du risque chimique (PRC) du Centre national de recherche scientifique (CNRS) a développé une application mobile, téléchargeable gratuitement sur son site. Cette application, baptisée »Classifindex », est une base de données intelligente qui permet d’identifier à partir d’une étiquette, les dangers d’un produit chimique, de réaliser une évaluation des risques, de répertorier les produits et documenter les fiches d’exposition qui en résultent.
Dans un contexte où l’étiquetage est mouvementé par un nombre croissant de nouveaux pictogrammes, il faut savoir que la base de données Classifindex intègre l’ensemble des éléments d’étiquetage de la dernière réglementation CLP (Classification, étiquetage et emballage des substances et mélanges). En effet, lorsqu’on se renseigne sur la signification des niveaux de mention de dangers qui se cachent derrière les pictogrammes, les données peuvent être extrêmement changeantes et se rapporter à des dangers mortels. Par exemple, la mention H228 concerne les récipients sous pression qui risquent d’éclater sous l’effet de la chaleur. La mention H229, renvoie à une substance capable d’exploser même en l’absence d’air. Pour la H226, les liquides dont les vapeurs émises s’enflamment au contact d’une étincelle. Quant à la H311, elle concerne une substance dont l’application d’une dose faible sur la peau provoque des troubles généraux sur l’homme voire son décès dans un court laps de temps. De quoi s’y prendre à deux fois avant d’interpréter seul un pictogramme ! En outre, ce système aurait ainsi pu éviter l’explosion chimique publiée dans Le Monde hier, dans une maison abandonnée en Haute-Loire, coûtant la vie à trois adolescents.
Certains environnements de travail, tels que les chantiers ou certains laboratoires, ne bénéficient pas forcément d’une bonne connexion internet, ce qui ne devrait pas dispenser les utilisateurs d’obtenir les informations nécessaires à la manipulation des produits chimiques, c’est pourquoi l’application a été mise au point sous forme d’une base de données intelligente et autonome. Ensuite, son utilisation intuitive donne accès à un contenu qui se détermine en fonction des pictogrammes sélectionnés et explicités dans un langage compréhensible de tous. Les données générées par le produit sont rassemblées dans une fiche qui synthétise l’information collectée. Ces fiches sont ensuite exportables et peuvent ainsi être utilisées pour l’inventaire des produits, la cartographie des dangers, la réalisation des fiches d’exposition, des procédures de sécurité ou pour toute autre communication. Cette application vient tout juste d’être présentée au Prix de l’innovation du salon Préventica, à Toulouse. Rien que durant le mois de Mars, elle a dépassé le millier de téléchargements.
Erick Haehnsen
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