Une ex-agente des renseignements féminise la sécurité

Après avoir consacré dix années dans un service des renseignements, Pascale Ah Toy a décidé de faire cavalier seul en fondant sa propre agence de sécurité. La jeune trentenaire a choisi d’y faire régner le féminisme, une valeur peu coutumière dans ce secteur…

Réputé très masculin, le secteur de la sécurité assiste à l’arrivée d’une nouvelle actrice, Pascale Ah-Toy, qui a choisi d’inclure le féminisme dans ses valeurs. Cette ancienne agente du renseignement a fondé à 32 ans Ligencia, une agence d’ingénierie de sûreté et d’intelligence économique haut de gamme qui revendique une politique inclusive et paritaire. 

Une lignée de féministes

Il faut dire que l’ancienne espionne tient ces valeurs ancrées dans sa génétique, s’avérant l’arrière-petite-fille d’Alicia Mazaka. Cette sage-femme devenue féministe anti-colonialiste et anti-fasciste à la Réunion fait partie des cofondatrices de l’Union des femmes françaises (UFF). Une organisation créée en 1946 pour permettre aux Réunionnaises d’accéder elles-aussi aux droits sociaux fondamentaux des Françaises

Une spécialisation en géopolitique

Malgré des velléités pour mener une carrière littéraire, Pascale Ah-Toy s’est finalement engagée dans un corps d’armée. Puis elle sera recrutée par les services de renseignement et décrochera un diplôme de géopolitique. « Ces expériences m’ont ouvert des voies, elles m’ont permis d’exploiter mon potentiel sous d’autres angles et sans aucun doute, m’ont conduite à créer Ligencia », souligne la jeune femme.

Dix ans au service de l’État

Durant dix années, l’agente consacre sa carrière au service de la protection du territoire. De quoi lui assurer des compétences solides pour créer sa propre agence de sécurité à Lyon. Pour justifier ce départ et cette entrée dans l’entreprenariat, Pascale Ah-Toy met en avant la lignée de femmes dont elle est issue :  « Nous sommes des entrepreneuses depuis des générations. En incorporant un service ministériel, notamment un service de renseignement, j’étais finalement hors de mes propres rangs ».

Stratégie de sûreté

Pour son agence, la trentenaire a choisi le nom Ligencia qui s’avère le diminutif du latin Inteligencia signifiant renseignement, une évocation à sa carrière. À travers des services haut de gamme, la société accompagne ses clients dans la mise en place de stratégies de sûreté. 

Briser les tabous

« Ça me devenait  insupportable de voir des dirigeants seuls face à leurs problématiques de sûreté, avoir même souvent la crainte de les évoquer. En France, parler de nos problématiques est souvent signe de faiblesse. Il faut en finir avec les non-dits et mettre en place des actions fortes et intelligentes pour protéger nos entreprises », insiste Pascale Ah-Toy.

Des services sur-mesure

Pour y remédier, la dirigeante propose des services sur mesure d’ingénierie de sûreté, d’intelligence économique, de cybersécurité et de mise en conformité avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Ces services s’étendent également à la sécurité physique des personnes et des biens, allant jusqu’au déploiement humain sur les missions les plus sensibles. 

Une équipe d’experts

Pour cela, l’ex-espionne a engagé un panel d’experts en sûreté, renseignements d’affaires, cybersécurité ou encore protection juridique. Mais ce qui fait la particularité de ces professionnels réside dans leurs valeurs communes. 

Du féminisme à tous les échelons

« Chez Ligencia, tous les collaborateurs sont féministes, il n’y a aucune différence entre les sexes, nous sommes tous égaux dans nos opinions et complémentaires dans nos actions. Il est vrai que les femmes sont peu nombreuses dans ce métier, pourtant je suis convaincue que la sécurité est instinctive chez nous », revendique la gérante qui peut s’appuyer sur l’expérience de ses aînées pour déployer une politique inclusive. 

Ségolène Kahn