Le secteur de la vidéosurveillance et celui de la SST (sécurité et santé au travail) convergent ! En témoigne cette nouvelle caméra baptisée Blaxtair et développée par Arcure. Laquelle a été conçue afin de prévenir les risques de collision sur les sites industriels en établissant une zone de protection autour des engins industriels mobiles et des robots. Conçue en partenariat avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et Sick, spécialiste des capteurs et automatismes pour l’industrie, ce dispositif intéresse déjà des groupes tels que Areva, Colas, EDF, Vinci ou encore Veolia.
Le défi de la sécurité en milieu industriel
Si de nombreux dispositifs ont déjà été mis en oeuvre dans tous les secteurs de l’industrie français afin de réduire la pénibilité mais aussi les accidents du travail, il n’en demeure pas moins que, en novembre 2016, la branche Accident du Travail / Maladies professionnelles de la Sécurité sociale comptait toujours 625.000 accidents du travail en France. Il reste donc encore du pain sur la planche… En particulier en ce qui concerne les secteurs du BTP et de l’industrie qui comptent toujours une moyenne de 62 accidents pour 1.000 salariés par an. Les deux principales causes étant d’une part les chutes, de l’autre les collisions engins-piétons. Lesquelles se produisent généralement à vitesse lente, notamment lors des manœuvres de recul. Dans la plupart des cas, les victimes sont écrasées par l’engin ou coincées contre un obstacle tel qu’un mur, un poteau, un quai ou bien un autre véhicule.
Les camions, premiers responsables
Ces collisions, généralement graves et parfois mortelles, constituent l’un des dangers les plus élevés en milieu industriel. En témoignent les statistiques de l’assurance maladie Cnam-TS : en 2011, plus d’un millier de travailleurs ont été percutés par des véhicules ou des engins mobiles. Coûtant la vie à 10 personnes. Un grand nombre de domaines d’activité sont touchés par ce type d’accidents. Plus particulièrement le BTP, le transport, la logistique, la manutention et la collecte de déchet. Selon la base de données Epicea, ce sont les camions de plus de 3,5 tonnes qui sont responsables de la majorité des accidents (43%). Viennent ensuite les engins de chantiers (niveleuses, tombereaux, chargeuses, compacteurs…) et les chariots de manutention à conducteur porté (chariots élévateurs, gerbeurs…), impliqués chacun dans 24% des collisions. Vient ensuite l’utilisation des bennes à ordures ménagères qui représente 9% des accidents.
La prévention des risques
Pour l’Institut national de recherche pour la santé (INRS), les premières solutions pour lutter contre ce type d’accidents résident avant tout dans un changement d’organisation afin de séparer les flux de circulation des engins et ceux des opérateurs à pied. En outre, l’institut recommande aussi d’équiper les véhicules de manière à augmenter la visibilité au poste de conduite en choisissant des véhicules avec une surface vitrée importante. Mais aussi de réduire les angles morts, en ajoutant des miroirs supplémentaires ou des caméras numériques de contrôle.
La réponse du smart manufacturing
En complément viennent les systèmes de détection de personnes destinés à alerter les conducteurs en cas de risque de collision avec un piéton. Radars à ultrasons, radars hyperfréquence, scrutateur laser, marqueurs radio électriques, caméra à reconnaissance de forme…de nombreuses technologies ont déjà été éprouvées dans ce domaine. En ce qui concerne la caméra d’Arcure, capable de localiser les engins en mouvements, elle détecte spécifiquement les personnes dans l’environnement des machines industrielles pour les stopper automatiquement ou alerter leur opérateur. Pour cela, elle a été dotée d’algorithmes de traitement de l’image et de capteurs de mouvements sachant différencier personnes et machines. Toute la difficulté de ces systèmes de détection étant d’être suffisamment puissants pour parer aux conditions météorologiques les plus contraignantes (brouillards, pluie), mais pas trop sensibles non plus afin d’éviter, à la manière de Pierre et le loup, de provoquer des alertes intempestives, qui obstrueraient les véritables signaux de danger.
Ségolène Kahn
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