Carnet de commandes en baisse, horizon incertain, charges administratives pesantes, pas de week-end… le sort des artisans et des patrons de TPE et PME du BTP est loin d’être enviable. En témoignent les résultats de la cinquième édition du baromètre Arti Santé BTP, dont les organisateurs – la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB), le Chambre Nationale de l’Artisanat, des Travaux Publics et paysagistes (CNATP) et le pôle d’innovation de l’Institut de Recherche et d’Innovation sur la Santé et la Sécurité au Travail (Iris-ST) – tirent la sonnette d’alarme. En plein dans le rouge, la santé des dirigeants du BTP se dégrade de manière préoccupante.
59% souffrent d’une grande fatigue
L’enquête nationale qui a sondé près de 2 000 artisans a de quoi inquiéter. Et pour cause, 58% des petits patrons interrogés se disent très souvent stressés. Ce qui représente une hausse de 15 points en un an. Ils sont également 30% à se sentir en mauvaise santé, contre 39% en 2017. Plus préoccupant encore, 59% reconnaissent être très fatigués, alors qu’ils étaient 56% en 2016 et 58% en 2017).
Troubles émotionnels pour 33% des sondés
Stress et fatigue constituent également la pire association en ce qui concerne les risques psychosociaux (RPS) : irritabilité, nervosité, angoisse sont le lot de 33% des sondés, contre 24% en 2017. En d’autres termes, c’est la porte ouverte à l’épuisement professionnel et au burn-out… « Les voyants sont au rouge en ce qui concerne les troubles émotionnels », s’inquiète Patrick Liébus, président de la CAPEB.
60 heures par semaine pour un quart des patrons
En toile de fond, les enquêteurs évoquent le contexte socio-économique lié à la reprise du BTP. « Notre baromètre met en évidence un phénomène d’épuisement lié au redémarrage de l’activité dans le secteur du bâtiment, évoque le président de la CAPEB. Et pourtant, la baisse des carnets de commande des deux derniers trimestres empêche les artisans d’avoir une vision à long terme. » Les dirigeants accusent le coup et n’ont d’autre choix que d’intensifier leur rythme de travail. 65% des artisans travaillent plus de 50 heures par semaine et 26% plus de 60 heures (24% en 2017).
Leur vie, c’est leur boulot
« Le volume d’heures de travail de nos chefs d’entreprises artisanales est particulièrement élevé pour nos petites structures où toutes les responsabilités pèsent sur la même personne », précise Françoise Despret, présidente de la CNATP. Gestion administrative, gestion des chantiers, réalisation des devis… pour maintenir leur entreprise à flot dans un secteur soumis à des réglementations très procédurières, ces artisans doivent gérer une multitude de tâches. Et pour les honorer, la plupart (59%) y sacrifient leurs week-ends. Pas de répit, ni de vie privée donc…
Ségolène Kahn
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