Selon une étude de l’ADP Research Institute, les crises économiques, politiques et sociales creusent le sentiment des Français face à l’insécurité de l’emploi.
Avec la crise économique, l’insécurité de l’emploi se fait de plus en plus ressentir en France comme dans le monde. En témoigne le rapport de l’ADP Research Institute, « People at work 2023 : l’étude workforce view ». Interrogeant plus de 32 000 actifs dans dix-sept pays, dont près de 2 000 en France, cette étude révèle que près de 4 travailleurs sur 10 (38 %) en France et dans le monde ne se sentent pas en sécurité dans leur emploi. Un taux qui place la France en deuxième position derrière la Suisse (48 %).
Près d’un Français sur quatre (38%) se sent en insécurité dans son emploi. © Timon Studler / Unsplash
Les hommes plus touchés que les femmes
« Les temps actuels suscitent des inquiétudes chez les travailleurs, avec de nombreuses incertitudes sur les plans économiques, géopolitiques ou même technologiques », estime Carlos Fontelas de Carvalho, président d’ADP en France, en Suisse et en Suède. Dans l’Hexagone, le sentiment d’insécurité de l’emploi concerne surtout les hommes (44 % contre 31 % des femmes). Il s’agit également des membres de la génération Z âgés de 18 à 24 ans (43 % contre 33 % des plus de 55 ans). Par secteur d’activité, les salariés qui se sentent le plus en insécurité dans leur emploi proviennent de l’immobilier (54 %). Viennent ensuite les secteurs des médias et de l’information (47 %), des transports, de la logistique et de l’industrie (46 %). A l’inverse, les travailleurs de l’éducation et de la santé sont près de la moitié à se sentir en sécurité dans leur travail actuel (49 %).
Les télétravailleurs en cible
Côté organisationnel, l’insécurité de l’emploi vise surtout les salariés travaillant uniquement à distance (55 %), contre 38 % de ceux qui sont à 100% en présentiel et 34 % en mode hybride. « L’étude tend à montrer que les télétravailleurs peuvent craindre de ne pas être assez visibles pour se révéler indispensables à leur entreprise, poursuit Carlos Fontelas de Carvalho. Il est donc primordial de valoriser le rôle central des managers de proximité dans le maintien du lien, aussi bien sur site qu’à distance, et d’accélérer leur formation pour cela, afin que chaque collaborateur puisse faire entendre sa voix. »
55 % des télétravailleurs craignent pour leur emploi. © Bench Accounting / Unsplash
La sécurité de l’emploi plus important que le plaisir
Autre constat, les enquêteurs remarquent que l’incertitude économique accentue le sentiment d’insécurité professionnelle. 68 % des travailleurs interrogés pensent qu’aucune profession ne sera épargnée par l’incertitude économique actuelle. En outre, l’enquête révèle que la sécurité de l’emploi tend à devenir un critère essentiel pour les Français. Elle arrive en deuxième position (40 %) d’entre eux, après le salaire (66 %) et après le plaisir au travail (37 %), la flexibilité des horaires (31 %) et l’évolution de carrière (30 %).
Ségolène Kahn
Commentez