Après les incidents survenus en décembre à l’aéroport londonien de Gatwick, dont la fermeture a immobilisé 120 000 voyageurs, les inquiétudes quant au survol illicite de drone vont grandissantes. Et c’est sans compter sur le risque d’espionnage ou la menace terroriste vis-à-vis des sites sensibles : nucléaires, industriels et militaires. Détection par radiofréquences, détection infrarouge, brouillage, neutralisation du pilote… les acteurs de l’aérospatial rivalisent d’inventivité pour neutraliser ces aéronefs. Outre-Atlantique, l’armée américaine a choisi de capturer ces drones grâce à un lance-grenade libérant un filet emprisonnant.
Des lance-grenades augmentés
L’idée vient de trois ingénieurs, Tomasz Blyskal, Richard Fong et LaMar Thompson, basés au Centre d’armement, de recherche, de développement et d’ingénierie (ARDEC) du New Jersey, en collaboration avec le centre de partenariat technologique du ministère américain de la Défense TechLink. Il s’agit de reprendre la technologie des lance-grenades M320 et Mk-19 à la portée plus grande et de les modifier afin qu’ils puissent lancer des grenades à filet.
Concrètement, lorsque le projectile s’approche de la cible, un signal provenant d’une carte de contrôle-commande active un servomoteur qui peut être piloté à distance, par exemple par un soldat au sol. Le servomoteur tire alors sur un piston de verrouillage central pour libérer le mécanisme à bille de la grenade de 40 mm de diamètre. Ce qui libère une ogive dont le ressort d’éjection active les pétales et les poids du filet qui s’y trouvent. En d’autres termes, à l’approche de la grenade, le détecteur de proximité de la grande fait exploser une petite charge qui dégage un filet s’étendant sur six à neuf mètres. Une fois le drone piégé, il tombe au sol.
Un contrat de 108 millions de dollars
Cette invention ingénieuse présente plusieurs avantages. Tout d’abord, la simplicité de son utilisation ne réclame pas d’autres compétences que celles de savoir manier un lance-grenade. D’autre part, le tireur dispose de plusieurs dizaines de grenades, de sorte à neutraliser des essaims entiers de drones.
D’autres recherches sont en cours pour mettre au point de nouvelles techniques capables de désactiver les drones sans avoir recours à des contre-mesures coûteuses ou explosives, telles que l’utilisation d’armes air-sol classiques ou de lanceurs de missiles à épaulement. Dans ce cadre, l’US Army a récemment attribué un contrat de 108 millions de dollars à l’entreprise américaine de solutions de défense SRC pour la livraison de sa technologie anti-drone, connue sous le nom de système Silent Archer counter-UAS.
Des incidents de plus en plus nombreux
Il faut savoir que cette menace aérienne connaît une croissance exponentielle. L’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne (EASA) a ainsi relevé 1 400 incidents de drones rien qu’en 2016, contre 606 entre 2011 et 2015. Pis encore, un rapport récent du Pentagone estime que plus de 600 variantes de systèmes aériens sans pilote (SAMU) ont été utilisées dans plus de 80 pays. Notamment à des fins militaires par l’État islamique en Iraq et en Syrie.
Ségolène Kahn
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