Entreprises, arrêtez de manager la SST ! Sous ce titre volontairement provocateur, le livre de Dominique Vacher, publié aux Editions Arnaud Franel, démontre en introduction que le taux de fréquence des accidents reflète le niveau de maîtrise des activités de l’entreprise. Plus la performance de la sécurité et santé au travail (SST) est mauvaise, plus il lui est difficile de respecter ce qui était initialement prévu. Une fois ce constat dressé, l’auteur présente à ses lecteurs une série de bonnes pratiques et les invite à intégrer le plus en amont possible les démarches de prévention en matière de SST. C’est un domaine que cet enseignant au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) connaît bien. Aujourd’hui consultant et fondateur de DVConseils, il a auparavant été durant 28 ans manager, DRH et responsable SST d’un grand groupe. Fort de cette expérience, ce dernier veut apporter sa pierre à l’édifice en proposant à ses lecteurs de faire passer la SST du statut de contrainte réglementaire à celui d’opportunité de business et de préservation de la santé des salariés.
Penser la SST en amont
« Plutôt que de « manager la SST dans le cadre de leurs activités », j’invite les entreprises à « manager leurs activités en toute SST car je me suis rendu compte que les entreprises n’intègrent pas les questions de SST à la conception de leurs processus », explique le consultant. Du coup, les entreprises perçoivent les questions de prévention comme une obligation. C’est notamment le cas lorsqu’elles se penchent sur leur document unique. Une tâche qu’elles trouvent très chronophage, voir inutile car uniquement tournée pour répondre à l’obligation de produire ce document. Des idées qui méritent d’être battues en brèche car, si cette évaluation des risques SST est pensée en amont de la production et du travail, de façon globale avec la prise en compte de tous les autres risques auxquels une entreprise doit faire face, elle permet d’améliorer la maîtrise des activités de l’entreprise.
Parmi ses recommandations, l’auteur préconise d’organiser la gouvernance. Ainsi, dès lors qu’une décision est prise, faut-il anticiper si elle aura ou non un impact sur la santé des opérateurs. Par ailleurs, il s’agit de veiller au choix des managers car tout le monde n’est pas apte à occuper un emploi de manager. « Il vaut mieux privilégier ceux qui ont du talent pour exercer ce beau métier. Notamment des qualités en matière d’arbitrage et de capacité à décider, de leadership et d’animation des femmes et des hommes de l’équipe. » D’où la présentation détaillée de son travail sur la posture managériale créatrice de performance et de santé.
Démarche qu’il faut réinterroger régulièrement
Pour perdurer, cette démarche globale réclame de se réinterroger régulièrement sur certaines pratiques clé de sorte à vérifier qu’elles sont en ligne avec les recommandations initiales et identifier celles qui s’en sont éloignées.
« Il faut reconsidérer la chaîne de création de valeur et la manière, à chaque étape de celle ci, avec laquelle les gens la produisent de sorte à travailler de façon efficiente et en toute santé et sécurité », suggère Dominique Vacher qui estime que la plus grosse difficulté est de convaincre dirigeants et managers. Pour les aider à lever leurs réticences, il s’appuie sur le constat présenté en début de son livre sur le lien direct entre performance SST et maîtrise des activités auquel un dirigeant ou un manager ne peut rester insensible. Il fait également référence à une étude de l’Association internationale de sécurité sociale qui démontre que l’investissement dans la prévention des risques est rentable. 1.000 euros investis dans la gestion des risques en rapporterait en moyenne 2.200 euros dans les 18 à 24 mois. « Une autre étude menée par l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) arrive aux mêmes résultats », fait savoir Dominique Vacher en estimant que la prévention des risques contribue même à améliorer la performance économique des entreprises.
Eliane Kan
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