En collaboration avec l’Inspection médicale du travail, Santé publique France vient de publier un rapport détaillé sur les maladies à caractère professionnel (MCP) qui concernent principalement les TMS et la souffrance psychique. Dans le cadre de ce programme, 40 000 salariés ont été interrogés avec la participation de 1 375 médecins du travail.
Les troubles musculosquelettiques (TMS) et la souffrance psychique sont considérés comme les principales maladies à caractère professionnel (MCP). En effet, il s’agit de maladies en lien avec le travail mais non reconnues par les régimes de sécurité sociale. Or leur impact sur la santé des salariés et leur pénibilité n’est plus à prouver. À cet égard, Santé publique France vient de publier un rapport qui étudie les MCP entre 2012 et 2018 et leur évolution durant 12 ans.
Surveillance des MCP
Pour réaliser cette étude, Santé publique France a mis en place un système de surveillance des MCP en collaboration avec l’Inspection médicale du travail. Dans le cadre de ce programme, 40 000 salariés ont été interrogés au cours de consultations avec la participation de 1 375 médecins du travail.
MCP en hausse
Premier constat, les signalements des MCP ont fortement augmenté entre 2016 et 2018. Leur taux s’est multiplié par 1,4 chez les hommes et par 1,5 chez les femmes. Lesquelles s’avèrent plus touchées que les hommes par les TMS (2,8 % à 4,4 % selon l’année) ainsi que par les problèmes de souffrance psychique (3,5 % à 6,2 % selon l’année). La souffrance psychique concerne particulièrement les femmes de 35 à 44 ans et les hommes de 45 à 54 ans.
Les ouvriers plus touchés par les TMS
Parmi les professions les plus exposées, les TMS touchent surtout les ouvriers en raison des facteurs biomécaniques inhérents à leurs tâches. Mouvements répétitifs, postures, travail avec force… représentent 80 % des agents à l’origine de ces TMS. En ce qui concerne la souffrance psychique, cette maladie touche plutôt les cadres.
Des MCP sous-déclarées
Quoi qu’il en soit, ces résultats sont à prendre avec précaution. D’une part parce que les ouvriers peuvent éprouver des réticences à déclarer une souffrance psychique. De l’autre, du fait que de nombreux salariés connaissent mal la procédure de déclaration des MCP. Ainsi environ 75 % des TMS correspondant à un tableau de maladies professionnelles n’ont pas fait l’objet d’une déclaration adéquate. Par ailleurs, il n’existe pas de tableau de MP pour la souffrance psychique.
Les FORE impliqués dans les MCP
Parmi les critères conduisant à des MCP, le rapport cite les expositions chimiques, biologiques, physiques ou biomécaniques (mouvements ou postures). Il s’agit également des facteurs organisationnels, relationnels et éthiques (FORE) qui impactent fortement la santé au travail.
Un rapport inédit
Il faut savoir que c’est la première fois que Santé publique France démontre l’implication des FORE dans le développement des TMS et de la souffrance psychique. Parmi ces facteurs, figurent notamment le management, la relation au travail, la violence ou encore « les exigences inhérentes à l’activité ».
Les cadres plus touchés
En détails, les « exigences inhérentes de l’activité » concernent un TMS sur deux, le management un tiers et les « relations et violences » 10 %. Les hommes cadres, de professions intermédiaires ou employés, ainsi que les femmes cadres, avaient plus de risque de présenter un FORE associé à un TMS que les ouvriers.
Le management en cause
Quant à la souffrance psychique, il s’agit des FORE du « management » (1 sur 2), les « relations au travail et violences » correspondant à un tiers d’entre eux. Enfin, les « exigences inhérentes à l’activité » représentent quant à elles un FORE sur dix liés à une souffrance psychique. Une prochaine publication sur la souffrance psychique signalée dans le programme de surveillance des MCP s’intéressera notamment aux FORE associés aux troubles psychiques les plus courants.
Ségolène Kahn
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