Instauré depuis le premier confinement, le télétravail permet de maintenir les entreprises à flot tout en évitant de répandre la Covid-19. Or, peu préparés à travailler seuls à la maison, de nombreux salariés ont du mal à s’adapter à cette situation. Pour y parvenir, Tristan Ouin, directeur d’Atlassian France nous confie ses recommandations.
Avec la démocratisation du télétravail sur fond de crise sanitaire, pas facile de jongler entre vie professionnelle et vie privée. Au sentiment de solitude s’ajoute la difficulté après une journée de travail, de se déconnecter de sa boîte mail et des réseaux sociaux ! Quant à la crainte de ne pas réussir ou de se faire concurrencer, elle conduit certains à se “droguer” au travail… Avec pour risque de s’imposer une charge mentale trop importante menant tout droit au burn-out. En tout état de cause, la solution se situe dans un juste équilibre entre télétravail et vie privée. Pour y parvenir, Tristan Ouin, directeur d’Atlassian France, éditeur de logiciel pour le développement de projets, nous livre quelques conseils.
Une déconnexion difficile
Alors que bureau et domicile ne font désormais plus qu’un, il devient difficile de déterminer quand la journée de travail s’achève réellement. En préambule, l’expert qui a récemment publié une tribune à ce sujet, cite quelques chiffres qui témoignent bien de la difficulté pour les salariés à adopter le télétravail à plein temps. « D’après une étude récente sur l’impact de la crise de la COVID-19 sur les salariés et le télétravail, il est apparu que près d’un tiers des sondés (29%) déclaraient avoir du mal à se déconnecter après leur journée de travail. Une autre étude menée par des chercheurs de la Harvard Business School et de la New York University corrobore ce constat évaluant un allongement du temps de travail à 48,5 minutes par jour, soit plus de 4 heures supplémentaires hebdomadaires ».
Un sentiment d’isolement
Avec pour conséquence la naissance d’un « sentiment d’isolement du fait de ne plus interagir avec ses collègues pendant la journée ». Mais aussi d’épuisement professionnel qui «peut engendrer de sévères dommages auprès des employés ainsi que de leurs proches et trouve parfois sa cause dans une charge mentale trop importante », estime Tristan Ouin.
Des facteurs aggravants
Une situation préoccupante qui pourrait même s’aggraver. Parmi les facteurs susceptibles d’envenimer la situation, le spécialiste cite « les responsabilités parentales, une ambition professionnelle un peu trop importante ou encore des technologies toujours plus perfectionnées qui rendent le chemin vers l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée semé d’embûches. »
Repenser ses ambitions
Pour y remédier, Tristan Ouin propose de commencer par se redéfinir à soi-même ce qui signifie la réussite. « Les collaborateurs ont souvent l’impression d’être en concurrence et que leur réussite passe par des heures de travail à rallonge voire par un surmenage chronique. Mais si la définition personnelle de la réussite ne tourne plus uniquement autour du travail, il est possible de s’autoriser à moins s’engager dans cette concurrence interne », conseille Tristan Ouin. Ce dernier propose de développer une dimension plus collaborative, avec un meilleur esprit d’équipe capable de diminuer le sentiment de concurrence entre les collaborateurs.
Un culte de l’image sur les réseaux sociaux
Autre facteur à travailler, la désintoxication numérique due à la surexposition sur les réseaux sociaux et à la culture du travail. « Réduire le temps passé sur les réseaux professionnels ou sur sa boîte mail en dehors des horaires de travail peut améliorer le sentiment de bien-être. En effet, la désintoxication numérique permet de se réserver du temps pour toute autre activité hors ligne mais aussi pour échanger avec ses proches. »
Une comparaison souffrante
Autre point de vigilance, le perfectionnisme engendré par les réseaux sociaux comme Facebook et Instagram pousse de nombreux internautes à se comparer sans cesse aux autres. « Des versions enjolivées de la vie d’autrui ont fini par envahir les flux Facebook et Instagram. Il est alors tentant d’entrer dans la comparaison de nos vies humaines réelles et donc forcément imparfaites et le sentiment d’infériorité peut alors rapidement ressortir. »
Retrouver la sérénité
Or ces tendances reflètent généralement peu la réalité du quotidien. « Plutôt que de rechercher la perfection constamment, il est préférable de savoir adapter son emploi du temps ou ses engagements lorsque les choses deviennent incontrôlables afin de se sentir serein à nouveau. L’essentiel étant d’améliorer ce qui peut l’être. Et de progresser dans son équilibre vie professionnelle et vie privée sur le long terme », recommande le dirigeant.
Aménager des moments pour soi
Enfin, pour mieux discerner vie professionnelle et privée, l’expert recommande de prévoir des moments simples pour se ressourcer. Il n’existe pas de méthodologie pour cela. A chacun de trouver sa propre version de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. « Il ne s’agit pas d’accorder autant de temps et d’attention à son travail et au reste de sa vie. Mais de faire les choses en harmonie.»
Ségolène Kahn
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