Alors que la France enregistre un niveau inédit de démissions en 2022, Céline Jauneau, consultante RH senior au sein du cabinet de recrutement parisien Capucine & Associés explique les causes de ce phénomène.
Le turn-over secoue les entreprises tricolores. Entre 2021 et 2022, le nombre de démissions a atteint un niveau historiquement haut en France, avec près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI. Plutôt que d’y voir une « grande démission », le cabinet de recrutement parisien Capucine & Associés, préfère parler de « grande migration ». À travers la voix de Céline Jauneau, consultante RH senior, le cabinet de chasseurs de têtes livre son point de vue sur ce phénomène.
Un taux de démissions en hausse
Premier constat, les salariés n’éprouvent plus de scrupules à quitter leurs entreprises de manière volontaire, particulièrement les plus jeunes. Le taux de démission a atteint 2,7 % en France au 1er trimestre 2022. Il est au plus haut depuis la crise financière de 2008-2009, mais reste en deçà des niveaux qu’il avait atteint juste avant, début 2008 (2,9 %). Sur les seules entreprises de 50 salariés ou plus, le taux de démission est parmi les plus élevés depuis 1993 : avec 2,1 %, il est toutefois inférieur à celui observé au début des années 2000 (2,3 % au 1er trimestre 2001).
Un turnover élevé
« Le niveau élevé des démissions est à relativiser, au vu des tensions actuelles sur le marché du travail. Cette situation crée des opportunités pour les salariés déjà en poste et est susceptible en retour de conduire à des démissions plus nombreuses. Il y a clairement plus d’offres de job que de candidats » estime Céline Juneau. Notamment en ce qui concerne le secteur de l’industrie digitale où les employés sont régulièrement chassés et prêts à saisir les opportunités professionnelles qui leurs sont proposées.
Plus d’avantages personnels
Parmi les arguments qui peuvent convaincre un salarié à quitter son poste pour un autre, certaines propositions de job sont assorties d’avantages comme le télétravail à la carte, congés illimités, semaine de quatre jours, congés sabbatiques. Autant d’atouts qui permettent d’instaurer un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Une augmentation des salaires
Quoi qu’il en soit, il semblerait que le pouvoir de négociation se soit modifié en faveur des salariés. « Dans un contexte de difficultés de recrutement toujours élevées, les salaires sont susceptibles d’augmenter, en particulier pour les personnes nouvellement démissionnaires » précise la consultante RH. Or, ces hausses de salaires sont susceptibles de provoquer des déséquilibres au sein des équipes en place.
Instaurer plus de flex office
Pour y remédier, Céline Juneau estime que les entreprises vont devoir revoir leurs modes de fonctionnement : « Instaurer plus de flex office, affiner les perspectives d’évolution, réfléchir autour du sens que les employés peuvent trouver dans leurs missions ou leur entreprise ». Pour y parvenir, les entreprises peuvent faire appel à des spécialistes les aidant à devenir plus attractives et éviter la fuite de leurs talents.
Ségolène Kahn
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