Lorsque la température estivale est élevée, travailler en combinaison étanche avec un masque et des gants est particulièrement pénible pour les opérateurs. Une situation que s’efforce d’améliorer Steiner, une PME française de 70 salariés dont 50 travaillent à la fabrication de matières colorantes synthétiques. Basée à Saint-Marcel (Eure), l’entreprise créée en 1881 produit chaque année plus de 8.000 tonnes de colorants par an. Dans le cadre de sa démarche de modernisation des conditions de travail, l’entreprise s’attaque à la réduction du risque chimique. « Il s’agit d’un point majeur chez nous », indique Hervé Podraza, responsable Hygiène, sécurité, environnement (HSE) au sein de Steiner.
Limiter le risque chimique.
Ce dernier s’est d’ailleurs impliqué dans la conception d’une cabine de transfert de produits dangereux. Réalisée de concert avec ses utilisateurs, cette installation évite aux opérateurs de porter leur combinaison, masque et gants lorsqu’ils vident dans un réacteur les fûts de matières toxiques, inflammables et corrosives. Comme dans l’industrie nucléaire, l’opérateur travaille désormais à l’extérieur de la cabine grâce à l’installation d’une paroi transparente et équipée de deux manches qui accueillent une paire de gants. A charge pour l’agent d’y glisser ses mains afin d’accomplir les gestes habituels. L’opération consiste à ouvrir la bonde du fût acheminé par convoyeur. L’agent y glisse une canne d’aspiration. Une fois le fût vidé, il est refermé puis évacué par le convoyeur.
Travailler en équipe
Cette installation « maison » a mobilisé les agents concernés, le responsable HSE et le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Elle a d’ailleurs été primée au concours national Responsible Care 2016. Le jury a souligné l’originalité de la démarche, sa reproductibilité et son caractère économique sachant qu’elle n’a coûté que 27.000 euros.La cabine a d’abord fait l’objet d’un croquis en interne avant d’être réalisée par un prestataire. Son ergonomie a été ensuite améliorée par les salariés concernés. Ces derniers se sentent désormais impliqués dans la démarche Santé, sécurité au travail (SST). Les plus motivés participent à présent au CHSCT. Lequel a d’ailleurs pour mission de prévenir la pénibilité au travail. Ces derniers réfléchissent notamment à mécaniser le dosage des poudres. Un travail effectué aujourd’hui par des salariés qui doivent porter des cagoules ventilées. « Outre le risque chimique, nos agents sont impactés par d’autres critères de pénibilité, notemment, la manutention de charges élevées et le bruit », rapporte le responsable HSE de Steiner.
Achever la mise en place du dispositif pénibilité
Filiale du groupe français Axyntis, ce dernier travaille de concert avec ses homologues pour mettre en œuvre la deuxième partie du dispositif pénibilité imposé par la loi 2014-40 du 20 janvier 2014 qui instaure le compte personnel de prévention de la pénibilité. Lequel permet, rappelons-le, de comptabiliser sous forme de points les droits que chaque travailleur exposé à des facteurs de pénibilité acquiert du fait de cette exposition. « Nous avons d’ores et déjà adopté une méthodologie au plan administratif qui nous permettra aisément d’intégrer les six nouveaux critères » indique le responsable HSE de Steiner qui s’appuie d’ailleurs sur les guides publiés par l’Union des industries chimiques où des critères ont été définis afin d’aider les industriels à mesurer la fréquence de gravité.
Eliane Kan
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