C’est un bilan mitigé que vient de réaliser Previsoft, filiale du cabinet Atequacy, spécialiste de la prévention et de la gestion des risques professionnels, à travers son étude sur les entreprises françaises et leur plan d’action en matière de sécurité et santé au travail (SST). Menée d’avril à mai 2017 sur un échantillon de 300 entreprises françaises de plus de 50 salariés, cette étude montre que si 91% des entreprises en France (95% des grandes entreprises et 88% des PME) déclarent avoir formalisé une politique de SST, de nombreuses actions restent encore à mettre en oeuvre. Pour l’heure, les entreprises interrogées ont fait office de bonnes élèves en se conformant, pour la grande majorité d’entre elles, à l’obligation légale de formation et de sensibilisation en matière de SST. « Mais près de 20% des entreprises interrogées reconnaissent ne pas avoir encore mis en place un plan de formation relatif à la SST malgré le caractère obligatoire de nombreuses formations (habilitation électrique, manipulation d’extincteur, formation à la conduite, accueil nouveaux arrivants, levage…) », indique l’étude.
Le Document Unique mal exploité
Pourtant, ces actions ne suffisent pas. Ainsi seulement 65% des entreprises déclarent-elles assurer systématiquement des formations pour les postes à risques. Ces mêmes entreprises déclarent également sensibiliser quotidiennement leurs salariés aux problématiques de SST. « Et même si 3 entreprises sur 5 affirment avoir rédigé un livret d’accueil sécurité et si les 3/4 d’entre elles ont satisfait à l’obligation de formation des membres du Comité d’hygiène, sécurité et conditions de travail (CHSCT) à la prévention des risques professionnels, seuls 67,3% d’entre eux sont associés à l’évaluation des risques professionnels », ajoute l’étude. De même, 84% des entreprises déclarent avoir réalisé le document unique d’évaluation des risques professionnels, obligatoire depuis 2001, qui doit être mis à jour chaque année. Ce document oblige l’employeur à veiller à la sécurité et à la santé de ses salariés en identifiant, analysant et classant les risques auxquels sont soumis ses employés afin de définir une politique en la matière. Or un quart des entreprises ont produit ce document mais n’ont toujours pas mis en place de plan d’action. « Elles ne sont donc pas allées au bout de leur démarche de prévention et de réduction des risques professionnels », précise l’étude.
Le diagnostic pénibilité n’est pas encore entré dans les mœurs
Autre fait inquiétant, moins d’une entreprise sur deux (48,3%) a réalisé un diagnostic des risques psychosociaux (RPS) concernant l’ensemble des risques pour la santé mentale, physique et sociale engendrés par les conditions de travail. Sachant que ces risques sont susceptibles de générer des situations de stress et des violences allant jusqu’au burn-out ou au suicide. D’un point de vue plus général, 82% des entreprises ont tout de même réalisé un diagnostic pénibilité. Avec l’aide du référentiel de leur branche professionnelle, pour 72,6% d’entre elles, ou bien grâce à un conseiller extérieur pour le quart d’entre elles.
Du chemin à faire au niveau de l’organisation interne
Les ressources humaines, organisationnelles et techniques pour assurer les actions de prévention sont encore insuffisantes. Si plus d’une entreprise sur deux a nommé un responsable sécurité au sein de son organisation, une entreprise sur cinq n’a pas de personnel dédié à la SST. « Conscientes de l’enjeu, 92% des entreprises investissent dans des fonctions de sécurité et santé au travail à plein temps », ajoute le baromètre.
Manque de moyens pour organiser la prévention de la SST
Pour expliquer ces lacunes, l’étude explique que les entreprises n’ont souvent pas assez de temps et surtout de moyens pour mener à bien leurs démarches. Et pour cause : une entreprise sur deux organise sa veille réglementaire avec un outil Excel ! De même, si les 3/4 des entreprises interrogées possèdent un outil de suivi des équipements de protection collective et individuelle, 59% d’entre elles ne possèdent pas d’outil de prévention et de gestion des risques professionnels. Parmi celles qui s’en sont dotées, seulement 16% utilisent un logiciel de prévention des risques professionnels.
Ségolène Kahn
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