Lunettes de réalité augmentée, masque jetable équipé d'un micro-ventilateur, veste de sapeur-pompier intégrant du graphène pour dissiper les fortes chaleurs… autant de produits innovants primés ou nominés par le jury du concours. Avec leurs matériaux avancés, capteurs et autres dispositifs intelligents, ces équipements de protection individuelle (EPI) nous dessinent la silhouette de l'opérateur augmenté.
Pour lutter contre les risques d’accident du travail et de maladies professionnelles tout en améliorant le confort des professionnels, le marché de la santé et sécurité au travail (SST) entame sa révolution numérique. Une révolution qui fait la part belle aux équipements de protection individuelle (EPI) augmentés de nouvelles fonctionnalités. C’est du moins l’image que projettent les innovations primées ou nominées aux Trophées Expoprotection 2018, le salon de la prévention et de la gestion des risques, qui se déroulera du 6 au 8 novembre dans le hall 1 du parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris.
Combinaison de travail étanche, ventilée et à double surpression
Plus protecteurs et plus performants mais pas forcément beaucoup plus coûteux, ces EPI bousculent les produits traditionnels. A l’instar de la combinaison CleanAIR Ultimate GX, un EPI protégé par plusieurs brevets est destiné au secteur du désamiantage. Avec la rénovation thermique de plusieurs millions de logements anciens construits avant 1997 (date d’interdiction de l’amiante en France), ce marché bat son plein. En revanche, les entreprises se heurtent à des difficultés en termes de productivité, de pénibilité et de coûts. Autant de barrières qu’ambitionne de faire tomber CleanAIR avec sa nouvelle combinaison de travail étanche, ventilée et à double surpression. Pourvu d’un masque panoramique, cet EPI renforce la protection du salarié appelé à travailler au contact de l’amiante, tout en lui conférant plus d’autonomie et en rendant ses mouvements plus aisés. L’EPI s’est d’ailleurs vu décerner la médaille d’Or des Trophées de l’Innovation.
Pantalon anticoupure
Dans la catégorie Risques professionnels et industriels, le jury constitué d’une dizaine d’experts utilisateurs finaux a accordé l’Argent à l’entreprise Solidur. Créée en 1946 et spécialisée à l’origine dans la conception et la fabrication de chaussures, cette autre PME française a été primée pour Infinity, le premier pantalon anti-coupure offrant un niveau de protection de classe 3, soit 28 mètres par seconde. Un EPI taillé pour la protection des agents forestiers qui manipulent des tronçonneuses fonctionnant jusqu’à 100 km/h. Pour parer aux risques de blessures, le pantalon Infinity est constitué de différents textiles haute résistance comme le Cordura ou le Kevlar, auxquels il faut ajouter du Coolmax, un textile favorisant l’évacuation de la transpiration.
Un exosquelette facile à enfiler
En plus de la médaille de Bronze remise à Hutchinson pour son abri de secours autonome en électricité, le jury a décerné trois mentions spéciales dont deux concernent des EPI. A commencer par l’espagnol Iturri. Cette ETI de 1 000 salariés spécialisée dans les équipements de prévention innove avec l’exosquelette mécanique Laevo, qui prévient les risques de lombalgies. Aussi facile à enfiler qu’un harnais, ce dispositif prévient les risques de pathologies lombaires en assistant l’utilisateur lorsqu’il travaille en position penchée ou lorsqu’il manipule des charges lourdes. Efficace, il est déjà utilisé par plusieurs entreprises industrielles et logistiques comme Schneider Electric, BMW ou Ford. Mais aussi Geodis, dont la filiale implantée aux Pays-Bas entreprend de généraliser cet équipement sur plusieurs plateformes logistiques.
Des lunettes de sécurité à réalité augmentée
La seconde mention spéciale concerne l’italien Univet, qui présente les premières lunettes de sécurité à réalité augmentée. En partenariat avec Sony, « VisionAR » intègre une technologie holographique qui affiche sur l’écran de protection des informations, par exemple pour signaler que l’on entre dans une zone Atex. Ce partenariat avec le géant nippon illustre l’intérêt grandissant des spécialistes de la High-Tech pour le marché de la prévention des risques. A l’image d’I.Safe Mobile, spécialiste des accessoires communicants, qui se distingue avec le visiocasque HMT-1Z1 utilisable en zone Atex. Une première dans le secteur ! A l’aide de ce Wearable adaptable dans un casque de sécurité, l’opérateur prend des photos et des vidéos tout en gardant les mains libres grâce au logiciel de reconnaissance vocale embarqué dans l’appareil. Connectable sur un réseau radio ou sur WiFi, cet accessoire futuriste intéresse notamment les agents de maintenance industrielle qui effectuent le contrôle des installations. Quant à la troisième mention spéciale, elle a été attribuée à Quarks Safety, une plateforme destinée notamment aux groupes industriels, laboratoires de recherche et services de santé au travail, qui s’appuie sur un référentiel réglementaire de 300 000 substances.
Une cinquantaine d’entreprises nominées
Du visiocasque à la réalité virtuelle il n’y a qu’un pas, que franchit 2J Process. Cette PME française fait partie, tout comme I.Safe Mobile, de la cinquantaine d’entreprises nominées aux Trophées de l’Innovation d’Expoprotection 2018. Pour sa part, 2J Process est leader français dans la réalisation et l’édition de contenus numériques dédiés à la SST. Elle réalise, entre autres, des Serious Games ainsi que des formations dédiées aux casque de réalité virtuelle. Ludique, ce mode de formation vise à plonger les opérateurs dans leur environnement métier (logistique, industrie, BTP, tertiaire, etc.). Ils peuvent alors se déplacer et interagir intuitivement avec l’environnement qui les entoure, afin de détecter et analyser une vingtaine de situations dangereuses. L’enjeu étant qu’ils s’imprègnent des bonnes procédures et adoptent les bons comportements tout en s’exerçant aux gestes du métier sans risquer l’accident.
Veste à haute visibilité active
Parmi les autres nominés, les fabricants d’EPI tiennent le haut du pavé. A l’instar d’Uvex et sa veste connectée. Développée avec le spécialiste de l’éclairage Osram, elle fournit au porteur une protection haute visibilité active. Idem pour Kiplay, qui protège les opérateurs travaillant à proximité d’engins grâce au gilet Kiplay Tech, un EPI haute visibilité pourvu d’un badge de détection piéton délivré par Proxipi. Grâce à ce procédé, lorsque le porteur entre dans une zone dangereuse ou dans le périmètre de l’engin, une alerte sonore et lumineuse se déclenche, grâce à des LED positionnées à l’avant et à l’arrière du gilet. Parmi les autres nominés, citons aussi la start-up française Percko, dont le gilet corrige les mauvaises postures du dos. Quant à Air+, elle se distingue avec son Smart Mask, un EPI jetable embarquant un micro-ventilateur actif rechargeable avec quatre heures d’autonomie par charge. Moyennant quoi, le masque rejette à l’extérieur la chaleur, l’humidité et l’oxyde de carbone et le dioxyde de carbone afin d’éviter gêne et maux de tête.
Du graphène dans les vêtements
L’amélioration des conditions de travail des opérateurs va également progresser pour les sapeurs-pompiers. C’est du moins l’ambition de l’italien Alfredo Grassi S.p.A, qui intègre du graphène dans sa veste de protection Grafeel. Il s’agit d’un nouveau matériau à base de carbone découvert en Angleterre par deux chercheurs qui ont reçu, six ans plus tard, le Prix Nobel de physique. Encore peu utilisé, le graphène est transparent, souple, 200 fois plus résistant que l’acier. Ce rival annoncé du silicium est aussi conducteur de chaleur et d’électricité. Ses propriétés sont utilisées par Alfredo Grassi afin de créer dans une veste destinée au sapeur-pompier un circuit thermique en graphène. L’enjeu étant de réduire drastiquement les points de chaleur et d’améliorer le confort thermique du soldat du feu. Pour vérifier l’innocuité du graphène utilisé, le fabricant a mené des tests certifiant que ce matériau est ni toxique ni hypoallergénique mais antibactérien.
Eliane Kan
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