Dans un contexte favorable – changements stratégiques des Etats et contraintes budgétaires – les sociétés de sécurité privée connaissent un véritable boom. Ainsi, en France, où depuis 2008 et le livre blanc sur la défense, et la baisse du format de nos armées, certaines fonctions ne sont plus du ressort des militaires et sont externalisées. Par exemple : le transport, la restauration ou l’habillement. En 2012, on parle désormais ouvertement de confier d’autres missions à des entreprises privées. Connaîtra-t-on un jour, en France, une situation similaire à celle des Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne où des sociétés militaires privées sont officiellement associées, dans certaines opérations sur le terrain, à des missions de défense ? Dans certains conflits, comme en Irak, 50 % des effectifs seraient employés par des sociétés privées.
Des groupes gagnent d’ailleurs énormément d’argent sur ce marché. Citons, par exemple, l’Américain ArmorGroup qui emploie 8 500 personnes et dispose de 38 bureaux dans 27 pays. Une véritable petite armée privée…
Outre les missions de guerre « classique », dernièrement, c’est la lutte contre la piraterie qui soutien le marché. Dans le Golfe d’Aden, les entreprises de sécurité américaines et anglaises sont de plus en plus nombreuses et remplacent sur le terrain les forces traditionnelles qui n’ont pas toujours les moyens suffisants pour assurer la sécurité de tous les bateaux transitant dans la zone.
Les contractons (ou contractuels) n’ont pas que des avantages. S’ils sont assez faciles à déployer, ils ont parfois tendance à déraper et sont plus difficiles à contrôler.
En France, il existe des sociétés de ce type. Geos, par exemple. Mais, ces sociétés ont encore mauvaise réputation car dans l’esprit de nos concitoyens elles sont très souvent associées à l’image des mercenaires. Par ailleurs, au sein de l’Etat les avis sont partagés.
Toujours est-il que le développement de ce marché ne se limite pas à des opérations de guerre. Il recouvre aussi des missions de sécurisation de zones dans lesquelles sont implantées de grandes entreprises qui recherchent une « bulle de sécurité » pour leurs sites et leurs employés. Pour ce qui est de la piraterie, les sociétés françaises n’ont pas le droit de placer des hommes armés à bord des bateaux. Ce sont donc Anglais et Américains qui remportent les marchés… Plus étonnant même : dans des pays à risques, ce sont aussi des Britanniques ou des Américains qui protègent ambassades et consulats français !
Source : Le Figaro, mardi 16 octobre 2012. Article : « La sécurité privée dopée par la piraterie », par Isabelle Lasserre.
Commentez