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Santé et qualité de vie au travail

Sinistralité : ce qu’il faut retenir du rapport annuel de l’Assurance maladie

Globalement, le nombre total d’accidents du travail reste stable, hormis dans le secteur des aides et soins à la personne et dans l’intérim. Autre préoccupation, les TMS et notamment les lombalgies. Le point sur les grandes lignes du dernier rapport de l’Assurance Maladie.

Accidents du travail, où en est-on ? Quels sont les secteurs les plus touchés par la sinistralité ? De quoi les salariés souffrent-ils le plus ? Autant de questions que l’Assurance maladie – Risques professionnels se propose de répondre dans son bilan annuel. L’occasion de faire un point global sur les conditions de travail de l’année 2016 mais aussi sur les métiers les plus pénibles.

Accidents du travail plus bas que jamais

Grâce à la légère baisse (-0,3%) qui est survenue en 2016, le taux d’accidents du travail, qui a recensé 33,8 accidents du travail pour 1.000 salariés (626.227 accidents), a donc atteint un score “historiquement bas”. Surtout comparé à l’année 1946 où l’Assurance maladie comptabilisait à cette époque 120 accidents par an pour 1.000 salariés.

Du mieux dans le BTP

Une baisse qui s’explique par la diminution (-3,1%) du nombre d’accidents du travail dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). A force d’actions de prévention dans ce secteur à haut risque (90 accidents pour 1000 salariés), les efforts semblent finir par payer… D’ailleurs, à plus grande échelle, ces accidents auraient diminué de 29% en dix ans. Coup de chapeau aux actions de l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) qui, en la matière, ne ménage pas ses efforts.

La manutention, secteur le plus dangereux 

Pour sa part, le secteur de la manutention et de la logistique, où les efforts physiques requis sont extrêmement soutenus, se positionne à la première place de la sinistralité. Ainsi, ce secteur serait à l’origine de 53% des accidents du travail. Un chiffre énorme qui s’explique par la pénibilité du métier : manipulation de charges lourdes, gestes répétitifs, alternance des positions accroupies et debout, tractions… Cette activité multiplie les risques de TMS, en particulier de problèmes dorso-lombaires. Autres accidents plus graves encore, les chutes de plain pieds sont monnaie courante (25%) ainsi que, plus rares, les accidents liés à l’outillage à main (9%). Si ces dommages sont particulièrement fréquents, ils restent tout de même moins fatals que les accidents de la route (88.903 accidents en 2016), première cause de décès.

Vives inquiétudes vis-à-vis des aides et soins à la personne

Si l’on perçoit de nettes avancées dans de nombreux secteurs, il n’en va pas de même pour celui des aides et soins à la personne, pour lequel les employés cumulent les problèmes physiques et psychologiques. Avec une hausse de 2% des accidents du travail (94,6 pour 1000 salariés), le niveau de pénibilité physique dépasse même aujourd’hui celui du secteur du BTP. Avec un taux trois fois supérieur à la moyenne ! En cause, les employés multiplient les activités à risque tels que les brûlures thermiques et chimiques pour les aides à domicile mais aussi les lumbagos et les chutes lorsqu’il s’agit d’aider un patient à se lever ou encore de lui administrer ses soins quotidiens. Il en va de même dans les maisons de retraite où les rythmes particulièrement soutenus et la difficulté du métier ne sont plus à démontrer. Manipulation des personnes, ports de charges lourdes et quotidiennes (comme le linge) accroissent le risque de TMS. Mais c’est également sans compter la pression psychologique due au manque général de personnel comparé au nombre de résidents. Une hausse inquiétante que partage aussi le secteur de l’intérim avec une augmentation de 7,8% des accidents du travail. Non pas en raison de la dégradation des conditions de travail mais peut-être du signe avant-coureur de la reprise économique, estime l’Assurance Maladie.

Le coût de la sinistralité

Selon le rapport, qui se tait sur la facture globale, ces accidents du travail représenteraient 41,3 millions de journées de travail perdues chaque année en raison des arrêts de travail, soit 165.126 temps plein. La note devrait en être assez salée…
Ségolène Kahn

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