C’est dans les locaux de l’UIC, près de la tour Eiffel, que s’est tenu le dernier colloque Securivet, rendez-vous des utilisateurs et fabricants de vêtements de protection. Cette édition a été l’occasion pour tous les participants, orateurs et auditeurs, de faire le point sur les dernières tendances du vêtement pro : marché en crise, technologies de pointe, recyclage, normalisation, etc. Premier volet du compte-rendu du colloque : un point sur la conjoncture par Gildas Minvielle de l’IFM.
C’est dans les locaux de l’UIC, près de la tour Eiffel, que s’est tenu le dernier colloque Securivet, rendez-vous des utilisateurs et fabricants de vêtements de protection. Cette édition a été l’occasion pour tous les participants, orateurs et auditeurs, de faire le point sur les dernières tendances du vêtement pro : marché en crise, technologies de pointe, recyclage, normalisation, etc. Premier volet du compte-rendu du colloque : un point sur la conjoncture par Gildas Minvielle de l’IFM.
Gildas Minvielle. « Bien que le pire soit passé, le marché est toujours en crise… »
… C’est du moins ce qu’affirme Gildas Minvielle, responsable de l’Observatoire économique de l’Institut français de la mode. Pour cet observateur du monde du textile et de l’habillement, ce marché est marqué, depuis 2010, par une importante hausse des coûts des matières premières, des salaires, des transports et de l’énergie. « La période la plus difficile est passée mais la crise continue. Par ailleurs, explique Gildas Minvielle, il n’y a pas de reprise de la consommation dans le secteur. » Selon les chiffres présentés lors de son intervention, la livre de coton coûtait 58 cents en janvier 2009, 77 en décembre 2009, 169 en décembre 2010 et 214 cents en avril 2011. D’autres matières premières comme la soie, la laine, le lin ou les fibres synthétiques ont connu une hausse des prix similaire.
Autre phénomène qui affecte le marché : la rareté des matières premières. Face à cette tendance, les fabricants doivent mettre en place des stratégies leur permettant de sécuriser leurs filières d’approvisionnement en matières premières.
Enfin, Gildas Minvielle a aussi expliqué l’évolution des prix par la hausse des coûts salariaux en Chine, au Bangladesh, en Tunisie et au Maroc. Ainsi, la Chine devrait poursuivre la réorientation de son modèle de croissance, qui consiste à se concentrer sur le développement de son marché intérieur afin de moins dépendre des marchés occidentaux. Afin d’encourager cette tendance, le 17e plan quinquennal (qui va jusqu’à 2015) prévoit une hausse moyenne des salaires de 10 % par an.
Autre élément qui risque de bouleverser durablement l’industrie textile : la démographie des pays asiatiques. En 2015, la Chine devrait connaître un recul de sa population en âge de travailler. Phénomène que ne connaîtra pas l’Inde. D’une manière générale, la filière textile va donc se trouver confrontée à une hausse des prix du « made in China » mais aussi de tous les prix à l’importation : Bangladesh, Maroc, Inde…
Si en 2010, les importations ont progressé en valeur, leur volume est resté stable. Ce qui révèle une hausse des prix des matières et produits importés. Face à ces tendances, quelles seront les zones d’approvisionnement de la filière demain ?
En 2000, l’Asie représentait 49 % en valeur (dont 16 % pour la Chine) dans les importations européennes. La part des pays méditerranéens s’établissait à 25 %. En 2011, l’Asie représente 71 % (44 % pour la Chine et 9 % pour le Bangladesh), tandis que la Turquie gagne des parts de marchés avec 12 %. Pour Gildas Minvielle, le sourcing va rester stable dans les années à venir mais avec une redistribution en ce qui concerne les pays fournisseurs : les parts de pays comme la Turquie ou ceux du Maghreb vont croître. Les pays d’Europe de l’Est vont voir leurs parts augmenter elles aussi avec 21 % des matières et produits importés en Europe occidentale en 2012. Les fabricants devraient donc revenir à une certaine forme de sourcing de proximité.
Le monde de l’habillement et du textile va donc devoir faire face à d’importantes modifications de son paysage économique. Réorientation des économies des pays asiatiques, hausse des coûts, des salaires, bouleversements politiques, nouveaux modes de consommation, etc. La démographie va jouer un rôle très important dans ces changements. Deux chiffres se passant de commentaires : aujourd’hui les classes moyennes en Asie représentent environ 500 millions de personnes. En 2030, elles devraient atteindre les 3 milliards… Il faut donc se préparer dès aujourd’hui à l’apparition de ces nouveaux centres de gravité de la consommation mondiale.
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