Contrôles d’accès, vidéosurveillance, détection d’intrusion… le monde de la sécurité et de la sûreté vit sa petite révolution : troquer les solutions propriétaires avec leurs formats techniques et leurs protocoles de communication ‘‘propriétaires’’ contre des solutions ‘‘ouvertes’’, basées sur des infrastructures de communication convergentes. Un phénomène qui entend bien tirer profit des atouts de l’informatique contemporaine : le Cloud Computing, les apps sur smartphone, le Big Data, le profiling et la mobilité – notamment celle des drones. Certes, on n’en est pas encore au ‘‘grand soir’’ mais le mouvement est bien enclenché.
Tout sur Ethernet IP. Pour quelle raison ? Tout d’abord pour rationaliser la dépense en infrastructures de communication autour du standard Ethernet qui s’est imposé aussi bien dans les réseaux bureautiques d’entreprise que dans les infrastructures d’Internet. L’idée est simple : endiguer la coûteuse multiplication des réseaux à l’heure où toutes les informations deviennent des données numériques exploitables par des logiciels ? D’où le profond mouvement de ‘‘convergence’’ des réseaux et des applications sur Ethernet IP : gestion technique du bâtiment (GTB), Gestion centralisée du bâtiment (GTC), alarme incendie, contrôle d’accès, détection d’intrusion, réseau de vidéosurveillance, télécommunications, gestion-comptabilité-finances, RH, applications métier… les données issues de ces systèmes sont toutes susceptibles de transiter par les même câbles avec les mêmes protocoles de communication.
Résultat de la convergence : « Les compétences des agents et responsables de la sécurité des biens et des personnes dans l’entreprise sont en train de s’élargir. On parle alors de téléacteurs ‘‘polycompétents’’, analyse Marc Thierry, ingénieur conseil en sécurité à la direction du patrimoine et de la gestion des actifs à l’Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes). Cette convergence s’oriente ensuite vers des logiciels de supervision ou d’hypervision. Cependant, le réseau incendie doit rester indépendant d’un système central de sorte à fonctionner de façon autonome. »
Vidéoprotection et vidéosurveillance : d’abord la résolution. De son côté, les fournisseurs de la vidéoprotection et de la vidéosurveillance misent avant tout sur des produits et système numériques (sur IP) qui offre une vision à 360°. « Autrement, on n’a jamais le bon angle ou la bonne vue. Le drame des caméras PTZ (contrôle panoramique/inclinaison/zoom) ou dôme, c’est qu’on zoome à un seul endroit à la fois. Et on perd le reste de la situation, estime Dominique Legrand, président de l’Association nationale de la vidéoprotection (AN2V). Soit il faut installer plusieurs caméras soit ‘‘l’œil de poisson’’ [Fish-Eye en anglais, NDLR]. C’est-à-dire une optique déformante qui, quel que soit l’angle de vue, permet de voir partout à la fois sous condition d’avoir une très bonne résolution. » Parmi les fournisseurs de tels systèmes, citons Arecont, Axis, Fujinon, Mobotix ou TEB.
Côté résolution, le besoin d’aller plus loin devient prégnant. « Il faut miser sur des produits qui vont de 5 à 30 Mégapixels là où, aujourd’hui, on ‘‘patauge’’ à 1 Mégapixels, poursuit Dominique Legendre. Le marché réclame tout d’abord de bien y voir pour ensuite bien identifier. A partir de là, on peut soit reconstituer des images de très haute définition (plusieurs Gigapixels) à partir de plusieurs dizaines de vue – ce qui réclame des réglages. Soit recourir à des caméras à haute résolution (29 Mégapixels) comme celles d’Avigilon sorties en mars dernier. » Dans la même veine d’idées, la vision nocturne devient de plus en plus nécessaire. Mais au lieu de tout miser sur des caméras thermiques, autant utiliser les solutions qui, à l’instar de la Light Finder d’Axis, offrent la couleur en vision nocturne. « Autrement, les caméras IR qui fournissent uniquement les contours ne permettent pas de reconnaître les personnages, estime le président de l’AN2V. Il s’agit donc d’améliorer les capteurs. Bosch, Pelco by Schneider Electric semblent être les plus avancés. »
Prévenir plutôt qu’élucider. Viol en cours, rixe en cours, enfants enlevé par un homme… aussi terribles soient les situations auxquelles se réfèrent ces messages, elles seront au mieux élucidées. Mais difficilement interrompues. Pour y parvenir, encore faudrait-il que passer du différé au temps réel. C’est-à-dire faire en sorte que les caméras embarquent de puissantes fonctionnalités de Détection automatique d’anormalité (DAA). « Ainsi le rôle de la caméra s’élèverait-il de capteur vers alarme. Soit au travers d’un logiciel d’analyse de l’image sur un serveur soit à bord même de la caméra », décrit Dominique Legendre. On en est loin car les nécessaires efforts en R&D très conséquents. A tel point que les fabricants de camléras ne peuvent peut-être plus y faire face. Autant alors mutualiser els développements. C’est la stratégique mise au point par Axis qui a ouvert sa place de marché électronique d’application d’intelligence artificielle à des éditeurs tiers. Comme avec son AppStore. Condition sine qua non à cette évolution : « Il faut des réseaux urbains à très haut débit aussi bien en fibre optique qu’à 4G », estime Xavier Vignon – PDG de Sogetrel, uhn installateur et gestionnaire de réseaux qui réalise 180 millions d’euros de chiffre d’affaires 2013 et emploie 1 800 personnes.
Enfin, la caméra cesse d’être fixe. Désormais, elle se porte à l’épaule du policier ou de l’agent de sécurité, dans la voiture ou encore à bord de drones, micro-drones et, demain, d’essaims de drones. « Les travaux de normalisation sur les drones sont loin d’être achevés même si la France est précurseur en la matière, reconnaît le président de l’AN2V.Une chose est sûre : Les drones en essaims seront de plus en plus petits, automatiques et bons marché. »
Erick Haehnsen
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