Le groupe DCNS vient de construire une nouvelle centrale électrique pour EDF à Saint-Pierre, dans l’archipel français de Saint-Pierre et Miquelon (97), dans l’Atlantique nord, à 25 km au sud de l’île canadienne de Terre-Neuve. Situé à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, l’archipel connaît des amplitudes thermiques importantes entre le mois le plus chaud (juillet, 15,5°C) et le plus froid (février, – 3,3°C). Aussi, la consommation électrique annuelle de 40 GWh à Saint-Pierre varie-t-elle entre 3 MW et 8 MW. Avec des pointes pouvant aller jusqu’à 10 MW.
»Sécurité » rime avec »qualité environnementale »
On le comprendra aisément : cette centrale électrique est d’une importance critique pour l’archipel. En mai 2011, EDF avait lancé ce chantier pour remplacer l’ancienne centrale. Aujourd’hui, l’usine de production d’électricité repose sur 2 demi-centrales redondantes de 10 MW. Elle a été construite à côté de l’ancienne dont les moteurs les plus récents dataient de 1986. Mission : alimenter en électricité la population de Saint-Pierre, soit 90 % des habitants de l’archipel. Sa puissance est répartie sur six moteurs diesels de nouvelle génération qui utilisent du fioul domestique à très basse teneur en soufre. La taille de chaque moteur a été optimisée pour répondre au mieux à la courbe de charge et garantir la sûreté du système électrique. En effet, les conditions climatiques difficiles et la grande dépendance de l’île vis-à-vis de la production électrique exigent une attention particulière quant à la qualité de la fourniture électrique. Pour mener à bien le projet, l’industriel français a constitué un groupement d’entreprises composé d’une entreprise locale de BTP, Hélène et Fils (travaux de génie civil), et du bureau d’études Ingerop (ingénierie liée au génie civil et au second œuvre). DCNS était responsable de la conception et l’intégration de l’ensemble du processus de la centrale. Attentif à la prévention des risques industriels, DCNS a déployé un plan HQE (Haute Qualité Environnementale) afin d’inscrire la construction de la centrale dans une démarche environnementale et a veillé au respect du cahier des charges dans le domaine de la sécurité des installations et des personnes.
Une détection incendie multicapteur
Dans ce cadre, DCNS a choisi les solutions de SBT pour la détection et l’extinction incendie ainsi que pour l’évacuation des personnes. Concernant la détection d’incendie, différents détecteurs de la gamme Sinteso de SBT ont été installés. A commencer par des détecteurs optiques de fumées à large spectre (FDO241) avec indicateur d’action et déclencheurs manuels d’alarme pour les locaux à risque standard. Suivis par des détecteurs spécifiques pour les applications particulières – comme les détecteurs thermo-vélocimétriques FDT241 pour l’atelier soudure, l’ère de lavage et la cuisine ainsi que les détecteurs multiponctuels Prosens et Topsens équipés d’une ou deux voies pour les groupes électrogènes et les casemates. A cela s’ajoutent les détecteurs optiques de flammes UV/IR pour les groupes électrogènes et la galerie FOD… Un équipement de contrôle et de signalisation (FC2040), équipé pour sa part de 4 bus adressables et d’un terminal d’exploitation texte en clair, a été implanté dans la salle de contrôle située à l’étage du bâtiment. L’ensemble est géré par un Centralisateur de mise en sécurité incendie (CMSI) adressable (STT20) et par une unité de gestion d’alarme sur 2 zones.
Moins de 2 minutes pour éteindre un incendie
Côté extinction incendie, le risque principal provient du moteur diesel des groupes électrogènes, de par la circulation sous pression de carburant (gazole). L’huile présente est moins pénalisante du fait de son point éclair nettement supérieur et des quantités plus limitées. La rupture d’une canalisation peut entraîner la formation d’une fuite ou d’une pulvérisation enflammée. L’inflammation du combustible pouvant se produire par contact sur les points chauds du moteur (turbo, collecteur d’échappement…). Une fuite de fort débit, au niveau de la pompe d’injection, par exemple, peut se traduire par la formation rapide d’un feu de nappe.
« Dans la centrale de Saint-Pierre, 6 groupes électrogènes majeurs étaient à protéger. Pour cela, a été mise en place la plus importante installation d’extinction par brouillard d’eau jamais réalisée par Siemens », explique Philippe Charlot, directeur des solutions d’extinction de SBT, le système d’extinction par brouillard d’eau, capable d’éteindre un foyer dans un groupe électrogène en moins de 2 minutes. Baptisée Sinorix H2O jet, cette solution, qui a été validée par le Centre national de prévention et de protection (CNPP), peut éteindre un incendie en moins de 2 minutes. Le principe consiste à créer de fines gouttelettes d’eau (de 50 à 200 micromètres) et à les transporter jusqu’au cœur du foyer afin d’éteindre le feu. L’innovation réside dans l’écoulement diphasique (2 phases : gaz et eau) des gouttelettes à basse pression (5 à 15 bars), dans le transport de la solution effervescente gaz/eau au sein d’une tuyauterie monotube vers la buse et dans l’accélération et la détente du mélange gaz/eau. Créées à la sortie de la buse, les gouttelettes atteignent ainsi une portée de jet de brouillard pouvant aller jusqu’à 8 mètres (pour les buses directionnelles). Elles sont capables de couvrir une surface d’environ 28 m2 (pour les buses volumétriques). La très faible taille des gouttes, leur densité et leur vitesse permettent alors de refroidir le cœur du foyer.
Des buses particulièrement soignées
Les buses de jet installées à la centrale de Saint-Pierre sont composées d’une chambre de détente puis de 3 buses pour créer l’accélération du fluide. La buse est orientable dans toutes les positions grâce à son système de fixation. Le raccordement peut se faire par flexible pour faciliter le montage et l’orientation. Les diamètres de ces perçages sont déterminés à l’aide d’un logiciel de calcul hydraulique spécifique. L’eau pour ce type d’installation est stockée dans des réservoirs de 750 litres à pression atmosphérique. L’azote (agent propulseur) est stocké à 300 bars dans des bouteilles. Lors du déclenchement, l’azote détendu sortant des vannes CDT est ajusté à une valeur définie par le programme de calcul. Pour la protection d’un groupe électrogène, la quantité d’eau est de 2.250 litres. Il faut y adjoindre 8 bouteilles d’azote 80 litres à 300 bars. Ce système utilise moins de buses qu’un système de brouillard d’eau conventionnel. De plus il réduit les dommages liés à l’eau (10 fois moins d’eau qu’un système d’extinction standard).
Une nouvelle centrale plus performante et plus environnementale
Grâce à leur performance, la consommation de fioul est réduite de près de 1.000 tonnes par an et les émissions de CO 2 de près de 3 000 tonnes par an. De plus, la centrale est équipée d’un système de traitement des fumées ainsi que d’un réseau de récupération de chaleur qui alimentera en chauffage certains bâtiments de l’île et divers lieux publics.
Erick Haehnsen
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