Selon un rapport de la Délégation aux droits des femmes du Sénat, la mise en œuvre des politiques de santé au travail ne prend pas suffisamment en compte les spécificités physiques et psychiques des femmes.
Harcèlement, discrimination, stigmatisation… les femmes subissent encore de nombreuses violences au travail. En témoigne le rapport Santé des femmes au travail : des maux invisibles réalisé par la Délégation aux droits des femmes du Sénat. Ce dernier révèle que les femmes actives sont exposées à des risques professionnels dus à leur genre. Et qui pourraient être endigués s’il existait une approche genrée de la santé au travail. Or le sujet reste encore trop méconnu des entreprises et des pouvoirs publics.
Une délégation féminine
Pour étayer ce rapport, la délégation a étudié durant six mois la santé des femmes au travail. À l’initiative, il s’agit des rapporteures sénatrices Laurence Cohen (PCF), Annick Jacquemet (UC), Marie-Pierre Richer (LR) et Laurence Rossignol (PS). Leur objectif : lever le voile sur les inégalités que subissent les femmes au travail en dressant un panorama des risques professionnels.
Souffrance physique et psychique
Usure physique et psychique, troubles musculo-squelettiques (TMS), cancers, violences sexuelles et sexistes (VSS)… Selon le rapport, 60% des personnes atteintes de TMS sont des femmes. Les travailleuses font l’objet de trois fois plus de signalements de souffrance psychique.
Exposition chimique
Parmi les métiers à prédominance féminine, le rapport cite les métiers du soin à la personne, les professions du nettoyage, la grande distribution. Dans ces secteurs, le rapport nomme sept agents cancérogènes présents au sein des produits d’entretien couramment utilisés. Il s’agit également des métiers de représentation tels que les mannequins et hôtesses d’accueil dans lesquels les violences sont monnaie courante. Ainsi, le rapport indique que 20 % des femmes ont subi au moins un fait de violence (agression, harcèlement, VSS) dans le cadre de leur travail au cours de l’année écoulée.
Santé sexuelle et reproductive
Côté santé physique, là-aussi, les femmes font l’objet d’expositions dues à leur genre. A cet égard, le rapport estime qu’il existe 26 % de risques de cancer du sein en cas de travail de nuit. Il cite également les difficultés associées à la santé sexuelle et reproductive comme les pathologies menstruelles incapacitantes, la grossesse, l’infertilité ou encore la ménopause… Autant de maux encore trop méconnus voire stigmatisés dans le monde du travail.
Adapter la prévention au genre
Pour y remédier, les sénatrices plaident donc pour une prévention plus consciente des spécificités féminines. Et ce, en prenant en compte la charge mentale et physique des femmes dans la conception et la mise en œuvre des politiques de santé au travail.
23 recommandations
Pour y parvenir, le rapport formule vingt-trois recommandations qui s’articulent autour de trois grands axes : chausser systématiquement les lunettes du genre, développer et adapter la prévention à destination des femmes. Ou, encore mieux, prendre en compte la santé sexuelle et reproductive au travail, en particulier les pathologies menstruelles incapacitantes et les symptômes ménopausiques.
Ségolène Kahn
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