Selon le dossier technique et scientifique récemment publié par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), la mise en place de la réduction du temps de travail (RTT) a eu des effets contrastés sur les conditions de travail. « A la fin des années 90, les statistiques nationales semblent s’accorder pour tracer une évolution favorable des conditions de travail avec, en particulier, le recul des contraintes physiques », résume le rapport. cependant, les enquêtes statistiques ultérieures rendent compte d’une intensification du travail, causée par la RTT.
Disparités sectorielles. « Avec le passage aux 35 heures, la métamorphose du travail s’est déroulée de façon inégalitaire, affirment les auteurs. Certaines catégories de salariés y ont sans doute gagné du temps et de la liberté tandis que d’autres en connaissent les méfaits. » Parmi ces inégalités, on retrouve le rapport entre hommes et femmes mais aussi le clivage entre cadres et non cadres et de grandes différences entre les secteurs. Dans le celui du commerce et des services notamment, ainsi que les professionnels de santé, et plus particulièrement ceux travaillant dans la fonction publique hospitalière. « Le travail en urgence concerne 63,1% des agents de la Fonction publique hospitalière (FPH) contre 46,1% des salariés du privé », lit-on dans le document.
Cette accélération du travail, couplée avec une pression extérieure accrue, un recul de l’autonomie et une diminution des marges de manœuvre a eu un impact direct sur l’augmentation des troubles musculosquelettiques et le développement des risques psychosociaux. Mais outre la problématique de la RTT, l’Anact souligne que seuls 37% des actifs ont conservé des horaires dits normaux. « Ce chiffre, complété par les données sur les évolutions défavorables des conditions de travail, du risque ATMP, sur fonds d’enjeux tirés par le nécessaire allongement de la vie professionnelle, semble suffisamment éloquent pour faire l’hypothèse que le sujet du temps de travail a largement dépassé celui de sa seule réduction, au motif essentiel du partage de l’emploi. » Pour l’Anact, il s’agit là d’un point de départ pour enrichir le débat et mener des réflexions afin d’outiller la démarche des entreprises.
Caroline Albenois
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