Du stress de l’individu à la « biocompatibilité » de l’organisation : l’Institut de médecine environnementale (IME) a présenté, fin 2010, les résultats de son étude et ses recommandations pour mieux évaluer, comprendre, prévenir le stress au travail et les RPS...
Selon l’étude nationale * menée par l’IME auprès de plus de 3 000 personnes, une large majorité des salariés se disent tellement stressés par leur travail que cela les rend dépressifs, insomniaques ou souffrants. En outre, ils reconnaissent subir des problèmes organisationnels rendant difficile l’accomplissement de leurs missions.
Ce stress aux effets pathologiques, indicateur de risques psychosociaux, serait, selon l’IME, fortement lié à la « non biocompatibilité » du poste occupé, autrement dit l’inadaptation du poste au fonctionnement humain.
Plus de la moitié des personnes interrogées serait « stressée au travail »
Ce vécu de stress a été étudiée à travers quatre questions.
Trois testent la « stressabilité » (ou « stress cognitif ») et la quatrième teste le « stress pathologique », c’est-à-dire le stress qui a des conséquences sur la santé.
Sur le plan de la « stressabilité », 53 % des personnes affirment stresser facilement face à un problème, 67 % pensent stresser davantage que leurs collègues et 52 % déclarent stresser pour un rien, en se mettant toutes seules sous pression. Sur le plan du stress pathologique, 60 % des personnes interrogées disent stresser tellement au travail que cela les rend dépressives, insomniaques, souffrantes (douleurs, maladies, etc.).
55 % des répondants reconnaissent subir des problèmes organisationnels dus à une mauvaise circulation de l’information, un déséquilibre entre leur autonomie et leur responsabilité dans les missions confiées et un décalage entre le travail qu’ils font au quotidien et leur vrai cœur de fonction. Le stress « pathologique » est aussi fortement lié à l’existence de rapports de force avec leurs managers et collaborateurs : une personne sur deux déclare rencontrer ce type de problèmes au travail.
Enfin, l’étude confirme le rôle important du manque de reconnaissance dans la survenue du stress pathologique mais aussi, à l’inverse, du rôle préventif d’un management attentif à mobiliser les motivations profondes et durables des salariés.
La « biocompatibilité » ou l’adaptation du poste au fonctionnement humain
Selon l’IME, la « biocompatibilité » est ce qui rend un poste, l’organisation
et le management compatibles avec le fonctionnement humain. Elle définit
des caractéristiques universelles qu’ils doivent posséder (en termes
de circulation de l’information, de cohérence entre pouvoirs de décision
et responsabilités, de centrage sur le cœur de fonction, de délégation,
de communication managériale, etc.) pour être compatibles avec
le fonctionnement d’un être humain, indépendamment des compétences
ou qualités personnelles de celui-ci.
La « biocompatibilité » se distingue donc du « casting » qui définit
les caractéristiques particulières que doit posséder l’individu pour correspondre
le mieux possible à son poste (notamment en termes de compétences
et de « personnalité » : esprit d’équipe, ouverture, franchise, motivation, goût
du challenge, affirmation, etc.).
Des hommes plus stressés que les femmes ?
Selon cette étude, les hommes seraient plus stressés au travail que les femmes sur tous les aspects du stress évalués et dans toutes les situations professionnelles… alors que bien des enquêtes présentent les hommes comme moins stressés.
En fait, le stress habituellement identifié est d’abord l’anxiété (« stress de fuite ») et, dans une moindre mesure, la tendance dépressive (« stress d’inhibition ») ; alors que la combativité (induite par l’énervement et la colère, ou « stress de lutte ») souvent cataloguée de « bon stress », n’est pas inclus dans la plupart de ces études.
De plus, cette combativité induite par le stress de lutte est plutôt valorisée chez les hommes, qui expriment généralement moins que les femmes leur ressenti négatif. En évaluant les différentes composantes de la stressabilité et du stress pathologique, l’étude nationale IME révèle un stress professionnel plus élevé chez les hommes.
Des postes « biocompatibles » ?
D’après l’analyse réalisée par l’IME, il apparaît que la démarche la plus facile mais aussi la plus efficace pour réduire le stress au travail et prévenir les RPS serait de rendre les postes et le management « biocompatibles », quel que soit le mode d’organisation : pyramidal, matriciel, en réseau, etc.
> Partant de ce constant, l’IME recommande de :
– Etablir une circulation de l’information ouverte qui permette à chacun d’obtenir ou de transmettre des informations utiles sans craindre de conséquences négatives pour lui-même (conflit d’intérêts, etc.).
– Donner à chacun toute l’autonomie nécessaire pour exercer pleinement ses différentes responsabilités.
– Se concentrer sur les tâches relevant de son cœur de fonction et apprendre à mieux déléguer le reste.
– Former les managers à la prévention/gestion des rapports de force en abandonnant le management par le stress et la compétition interne.
– Manager davantage en fonction des motivations profondes durables et des capacités d’adaptation qui diminuent la sensibilité à l’échec ou au manque de reconnaissance.
* Etude conduite du 25 mai au 25 juillet 2010 auprès de 3052 personnes (2 840 questionnaires online et 212 questionnaires papier).
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