Les assurances sont de plus en plus sollicitées à cause des catastrophes naturelles. Du coup, les experts américains envisagent de recourir à des drones pour accélérer le calcul de la prise en charge des assurés. L'Europe semble prendre le chemin inverse.
Si vous êtes Américains, l’expert en assurance qui se déplacera chez vous demain sera équipé d’un drone. Telles sont les convictions de Cognizant, une multinationale US spécialisée dans le conseil aux entreprises qui offre, dans un document de 18 pages publié le mois dernier et intitulé »Drones : la prochaine révolution de l’industrie des assurances », une vision prospective alléchante de l’utilisation de ces engins volants sur le territoire de l’Oncle Sam.
Pour les professionnels de terrain. Concrètement, ces appareils devraient bientôt offrir aux experts la garantie de pouvoir inspecter chaque recoin d’un site, même les moins visibles et ce, en toute sécurité. Un outil particulièrement utile lors d’un désastre de grande ampleur. Ainsi, aux Etats-Unis, 40% des pertes du secteur des assurances sont-ils liés aux catastrophes naturelles (en augmentation ces dernières années). Dans ce type de cas, les experts doivent répondre à un nombre très important de demandes pendant une courte période. Par ailleurs, les experts auprès des assurances sont confrontés à la nécessité de naviguer sur des routes bloquées, entre des arbres déracinés entravant la chaussée avec d’autres débris… Le recours à un drone améliore également la productivité des ingénieurs spécialisés en gestion des risques. Lesquels pourront désormais agréger un plus grand nombre d’information qu’aujourd’hui, en survolant plusieurs sites en temps réel, capturant des images, zoomant pour apprécier les détails, utilisant la reconnaissance vocale afin de prendre des notes, et cela depuis n’importe quel point du globe. De quoi éliminer la myriade de risques qui accompagnent le déplacement physique de ces professionnels sur le terrain.
Efforts concordants. En pratique, cette vision prospective s’appuie sur les prévisions de l’Association américaine des véhicules sans pilote (Association of Unmanned Vehicle Systems International – AUVSI). À savoir, une organisation d’outre-Atlantique qui regroupe 7.500 adhérents issus du gouvernement ainsi que du monde industriel et académique. L’AUVSI table sur une utilisation intensive des drones à court terme (2020) aux Etats-Unis. Techniquement, rien ne s’y oppose. Légers (de 1 à 7 kilos environ), ces petits appareils volants sont aujourd’hui capables de tenir en altitude pendant un laps de temps qui s’étend de 40 à 200 minutes en moyenne. Ils embarquent des caméras de plus en plus perfectionnées et sont capables d’incorporer du texte et du son à la capture vidéo ce qui rend possible, pour l’opérateur, le contrôle vocal de l’appareil et la prise de note en surimpression des images. Notons également que la réglementation américaine leur est favorable. Ainsi, lorsqu’elle prépare ses spécifications, l’Aviation civile américaine (Federal Aviation Administration – FAA) prend-elle soin de ne pas rendre ces dernières incompatible avec la commercialisation massive de ces produits (en Europe, la stratégie poursuivie est à l’exact opposé).
Résultat, les expérimentations se multiplient outre-Atlantique. En dehors des initiatives médiatisées que sont les drones d’Amazon, le »DomiCopter » de Domino Pizza ou encore les expérimentations d’UPS, citons aussi British Petroleum qui utilise des drones dans le but de générer des cartographies en 3D de ses sites industriels et aussi pour détecter en amont les fuites accidentelles de pétrole. Ou encore Datron, un fabricant d’outils de communication pour les forces de sécurité, qui a développé pour les pompiers américains un drone équipé d’une caméra capable de monter à plus de 450 mètres et de couvrir une zone dans un rayon de 3 kilomètres. L’objectif est de fournir un œil déporté sur les situations d’incendie. Au Brésil, pendant la coupe du monde de football, le stade Octávio-Mangabeira, aussi connu en tant que Fonte Nova, pouvait accueillir 110.000 spectateurs. Les drones ont donné aux services de sécurité le moyen de contrôler cette foule. Les engins volants ont également pu surveiller les infrastructures de l’équipement sportif. Notamment pour éviter tout écroulement de tribune, comme en 2007 à cet endroit. La tragédie avait fait 7 morts.
Guillaume Pierre
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