Chaque année depuis 4 ans, cette prestigieuse distinction récompense des personnalités dont les recherches ont conduit à des innovations marquantes sur le plan technologique, économique, thérapeutique ou sociétal.
Ce prochain 18 juin, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Benoît Hamon, remettra la médaille de l’innovation 2014 du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à quatre lauréats : la biologiste Barbara Demeneix, la chimiste Claude Grison, la spécialiste en génie des procédés Valentina Lazarova et au physico-chimiste Didier Roux. Cette prestigieuse distinction, créée en 2010 par le CNRS, récompense ainsi chaque année des personnalités dont les recherches exceptionnelles ont conduit à des innovations marquantes sur le plan technologique, économique, thérapeutique ou sociétal. L’édition 2014 met à l’honneur deux personnalités qui œuvrent en faveur de la maîtrise des risques industriels et de la protection de l’environnement.
Perturbateurs endocriniens. A commencer par Barbara Demeneix, professeure au laboratoire Evolution des régulations endocriniennes du CNRS/MNHN. Reconnue au plan international pour ses travaux en endocrinologie sur l’hormone thyroïdienne et les perturbateurs endocriniens, Barbara Demeneix est à l’origine d’une technologie originale et innovante pour l’identification de polluants dans les effluents industriels ou hospitaliers. Celle-ci consiste en un système in vivopermettant de détecter et de mesurer la présence de perturbateurs endocriniens dans le milieu environnemental.
Barbara Demeneix ne s’est pas arrêtée à ses activités académiques. ainsi a-t-elle co-fondé la société WatchFrog qui a développé des tests éthiques sur des larves de batracien ou de poisson, permettant d’évaluer la présence mais aussi l’impact de composés uniques ou de mélange de composés chimiques. Ces tests permettent d’intégrer l’assimilation, la distribution, le métabolisme et le transport in vivo (chez le têtard) des molécules polluantes, contrairement aux tests classiques de toxicologie. La découverte de Barbara Demeneix apporte des avancées scientifiques dans la controverse sur les perturbateurs endocriniens. Les travaux de la biologiste permettent également d’évaluer la qualité de l’eau à l’usage des populations afin de prévenir l’apparition de pathologies.
De son côté, Claude Grison, professeure à l’Université Montpellier 2 et directrice du laboratoire Chimie bio-inspirée et innovations écologiques (CNRS/Université Montpellier 2/Stratoz), s’est distinguée par ses travaux dans le domaine de la chimie verte en phytoremédiation des sols miniers. Ses activités sont orientées autour d’une chimie éco-inspirée s’appuyant sur des matières premières naturelles, la mise en œuvre de procédés éco-compatibles et la résolution de problèmes écologiques et environnementaux liés aux déchets miniers.
Des plantes pour dépolluer les sols miniers.Claude Grison a été la première scientifique à développer en laboratoire des traitements chimiques, non polluants et transposables à grande échelle, de plantes hyperaccumulatrices de zinc, de manganèse, de cuivre et de nickel sous une forme utile et porteuse de développements majeurs dans le domaine de la synthèse organique. Ses travaux ont permis de préparer de nouveaux catalyseurs polymétalliques de réactions chimiques organiques d’origine végétale issus de la biomasse contaminée par les métaux lourds et permettant l’accès à des molécules à haute valeur ajoutée. Ces nouvelles molécules trouvent des débouchés dans l’industrie alimentaire, pharmaceutique et cosmétique.
A l’interface entre l’écologie et la chimie, les recherches de Claude Grison ont déjà suscité l’intérêt de deux grands groupes industriels de la chimie européenne et asiatique à travers des contrats de collaboration. Les résultats sont à l’origine de la création de Stratoz, jeune société innovante en chimie verte qui met en place les outils nécessaires au développement industriel de cette nouvelle filière verte.
Erick Haehnsen
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