Les dérèglements climatiques empêchent 3,5 milliards d’individus d’accéder à une eau potable. Dimanche dernier, au Sri Lanka, les fortes pluies ont provoqué une centaine de disparus, quelques 170 morts et le déplacement de 500.000 personnes. Ce n’est qu’un premier bilan. Chaque année, les inondations causent la mort de 2,6 millions d’individus victimes des suites de maladies liées à l’eau et à un environnement insalubre. C’est notamment le cas en Haïti ou plus récemment au Yemen où le choléra a fait plus de 240 morts. Ces situations catastrophiques ont amené l’Organisation des nations unies (ONU) à convaincre 195 pays à signer en 2015 un droit d’accès universel à l’eau et à l’assainissement d’ici 2030. C’est d’ailleurs le point n°6 des 17 objectifs du Développement durable adoptés pour la période 2015-2030. Il y a urgence car, si rien n’est fait, un enfant sur 4 vivra dans des zones où les ressources en eau seront extrêmement limitées.
Des filets pour transformer le brouillard en eau potable
Or des solutions existent pour les villages éloignés des grandes villes. En témoigne l’ONG FrogQuest. Cette association canadienne propose un système reposant sur de grands filets qui sont dressés afin de transformer le brouillard en eau potable. A l’image des toiles tissées par les araignées pour étancher leur soif. Inventé au Chili où il est déployé, ce système est aussi mis en œuvre au Maroc et au Guatemala. Les gouttelettes d’eau sont piégées dans de gigantesques filets puis traitées et mélangées à de l’eau de forage avant d’être distribuées via des canalisations aux villageois. Lesquels en assurent eux-même la maintenance qui est peu coûteuse.
Idem pour la fontaine à dépolluer l’eau inventée par le français Jean-Paul Augereau, un ancien industriel du textile. Baptisée Safe Water Cube et installée au Bénin et au Sri Lanka, cet équipement mobile est équipé d’un système d’ultrafiltration reposant sur 5 étapes de filtration non chimique à base de sable et de charbons actifs. De quoi stopper les virus et bactéries à l’origine des diarrhées, dysenteries, choléra et autres maladies. La fontaine rend potable n’importe quelle eau. Qu’elle soit puisée dans les rivières, les mares ou les puits. Et ce, sans détruire les minéraux contenus dans l’eau. La qualité d’eau est certifiée par huissier, selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
1 m³ d’eau filtré par heure
Cette innovation peut couvrir les besoins de 1.000 personnes, soit 1 m³ d’eau traité par heure. Et ce, sans raccordement électrique ni maintenance spécifique. « La majorité des filtres s’entretiennent par un simple nettoyage à l’eau et au vinaigre, explique Jean-Paul Auguereau. Seul un des filtres a besoin d’être remplacé tous les 3 ou 4 mois pour un coût de 12 euros. » L’an dernier, une quarantaine de fontaines ont été installées au Bénin, au Sri Lanka, au Maroc, en Haïti et en Inde. D’ici fin 2017, une vingtaine de fontaines partiront à Madagascar, au Cameroun, en Haïti et au Mexique. Les fontaines sont distribuées et mises en place par l’association Agir ensemble. Créée en 2016, celle-ci se charge notamment de former les populations à l’utilisation de la fontaine et de les sensibiliser à l’importance de consommer de l’eau potable.
Eliane Kan
Commentez