C'est un métier dont l'importance stratégique prend de l'ampleur. Du reste, un nombre sans cesse croissant de formations lui sont consacrées. Encore faut-il avoir des compétences très variées et le goût du dialogue.
Organiser la veille et le suivi. Le responsable HSE baigne en permanence dans l’actualité réglementaire : qu’il s’agisse d’environnement, de santé ou de sécurité, il ne peut se permettre de « rater » les dernières évolutions.
Même si ce travail est en partie externalisable. Il se doit aussi d’organiser le suivi des actions qu’il met en place. Un exercice indispensable pour mesurer leur efficacité mais aussi renvoyer au personnel concerné le résultat de leur mobilisation !
Les PME se contentent de quelques statistiques, les grands groupes comme Albéa, en revanche, suivent tout à la fois des indicateurs de résultats et des indicateurs avancés – lesquels aident à évaluer la maturité d’un site et son risque potentiel à court et moyen termes.
Parmi les premiers indicateurs, par exemple, citons les « échappées-belles » (les presque accidents) ; parmi les seconds, mentionnons l’état de la culture sécurité et l’implication du management dans un site.
Inculquer une nouvelle culture de sécurité.
La mission du responsable HSE inclut aussi la réflexion sur les besoins en formation : qui former, et à quoi ? Outre les personnels directement concernés, ces plans incluent bien souvent leurs managers afin qu’ils comprennent et s’approprient les problématiques.
Dans ce contexte, le rôle du responsable HSE consiste avant tout à mobiliser le personnel. « Dans notre entreprise, tout le monde n’avait pas vraiment conscience des risques encourus », assure Fabien Brulé.
Pour remédier à cela, la sensibilisation commence dès l’embauche. Dès lors, les bons gestes en matière de santé, les consignes de sécurité et d’environnement font alors partie de la formation de base des nouveaux entrants. « Qu’ils soient permanents ou intérimaires », insiste Eric Choplin d’Akzo Nobel.
Pour les personnels déjà en place, il faut parfois frapper fort ! Chez Albéa, les équipes de Jean-Jacques Nardi n’ont pas hésité à faire réaliser des vidéos où des compagnons victimes d’accidents sont venus témoigner de leurs traumatismes physiques ou psychologiques. « Lorqu’on perd un doigt par exemple, le cerveau continue, toute la vie durant, de chercher cette partie du corps qui n’existe plus », raconte-t-il.
Autre initiative, chez Akzo Nobel, la production s’arrête une journée par an. Cette journée sert alors à discuter exclusivement des questions HSE !
De son côté, Fabien Brûlé inculque la culture des points sécurité quotidiens dans les différents sites de l’entreprise. Mais il le reconnaît : « Nous ne sommes encore qu’à mi-chemin. »
Impliquer le management et la direction
Mais le responsable HSE n’est rien – ou presque ! – si le management opérationnel ne se sent pas lui aussi pleinement impliqué dans la stratégie qualité hygiène sécurité environnement de l’entreprise.
« Mon arrivée est directement liée à celle d’un nouveau directeur industriel, fin 2011, qui a une bonne culture de la sécurité, confie Fabien Brulé chez Lustucru frais. Il répète à chaque occasion que, pour lui, la performance n’est possible que lorsque l’on travaille en toute sécurité. » « Le « zéro accident » a été institué en priorité numéro 1 dans notre groupe où, du reste, il existe un droit d’alerte et de retrait en cas de situation dangereuse partout dans le monde », indique Eric Choplin.
Chez Albéa, la question ne se pose même pas :
« Nos clients sont de grandes marques de cosmétique. Depuis une dizaine d’années, ils font extrêmement attention aux performances de leurs fournisseurs en matière de HSE. Notamment au travers d’audits de responsabilité sociale qu’ils organisent régulièrement afin de se protéger d’une éventuelle détérioration de leur image de marque. Cela a indéniablement renforcé la stratégie HSE au coeur de notre activité » , se réjouit Jean-Jacques Nardi.
Afin d’améliorer les conditions de travail il faut Savoir dialoguer.
« Nous ne sommes pas des flics ! », résume Eric Choplin qui estime, au contraire, que le responsable HSE doit faire preuve de grandes capacités managériales. D’une part, parce qu’il échouera s’il tente d’imposer des pratiques non ancrées.
Et, de l’autre, parce que son métier consiste à « faire faire » plutôt que « faire » lui-même.
Ainsi, conclut Fabien Brûlé : « Lorsqu’on m’a vu arriver, les gens ont cru que j’allais pratiquer la sécurité à leur place. Bien sûr, je leur donne des outils et je les accompagne. Mais c’est à eux de faire vivre la sécurité sur le terrain ! Pas à moi ! »
Catherine Bernard
Des responsables HSE de plus en plus formés
Les temps de formations s’allongent pour les responsables HSE. Il est désormais presque indispensable d’avoir un BAC +5 afin de décrocher un post.
Beaucoup de responsables HSE actuellement en poste ont des parcours divers. Ainsi Fabien Brulé est ingénieur agroalimentaire de formation. De son côté Eric Choplin a étudié l’électronique, par exemple.
Mais leur parcours industriel, et, souvent, leur passage par le CHSCT, les ont sensibilisé à aux problématiques HSE. De même, des formations leur ont permis d’évoluer.
Avant 1999, seuls 5 établissements universitaires proposaient des formations dédiées : Lorient, le plus ancien, Paris, Colmar, Bordeaux et Marseille.
« Cependant, après l’explosion du site AZF de Toulouse, notamment, la réglementation a évolué. A présent, elle contraint les entreprises à recruter des personnes spécifiquement formées », explique Gaël Morel, chef du département des études de l’IUT de Lorient.
Désormais 18 sites proposent le référentiel QSE au niveau DUT avec des cursus en alternance ou en apprentissage. Les formations s’allongent également notamment avec le bac +5 ingénieur HSE .
Dès 2002, l’IUT de Lorient a ainsi créé une licence professionnelle de « coordonnateur qualité, santé-sécurité, environnement » et vient de voir sortir sa première promotion d’ingénieurs « management des risques ».
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