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Risques industriels et environnementaux

Réduire la pollution en ville pour diminuer la mortalité de deux tiers

Une équipe de scientifiques issus du CNRS, de l’Inserm, de l’INRAE et de l’UGA, ont réalisé une étude dans laquelle ils prouvent que les mesures pour diminuer le taux de particules fines pourraient réduire la mortalité et faire des économies aux pouvoirs publics.

8,7 milliards d’euros, c’est ce que l’État français pourrait économiser sur la période 2016-2045 en diminuant le taux de pollution et de gaz à effet de serre dans ses métropoles. C’est du moins ce qu’entend bien prouver à travers le projet MobilAir une équipe pluridisciplinaire du Centre national de recherche scientifique (CNRS), de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE), de l’Université Grenoble Alpes (UGA) et d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpe. Par la réalisation d’une étude, les scientifiques montrent qu’en diminuant la pollution grâce à des politiques publiques concrètes, il serait possible de faire chuter de deux tiers la mortalité attribuable aux particules fines, et donc, de réaliser des économies non négligeables.

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Épisode de pollution aux particules fines (« smog ») à Grenoble, en 2016. © Rémy Slama

Des scénarios basés sur Grenoble

Pour mener à bien cette étude, les chercheurs se sont appuyés sur le cas de la ville de Grenoble, pour laquelle ils ont mis au point plusieurs scénarios dans lesquels des mesures concrètes auraient été prises pour diminuer la pollution. Il s’agit en outre de répondre aux objectifs sanitaires établis par les décideurs de l’agglomération, soit une réduction de 67 % du taux de mortalité dû aux particules fines entre 2016 et 2030. 

Le chauffage au bois et les transports en ligne de mire

Dans cette perspective, l’équipe a bénéficié de l’appui du Laboratoire d’économie appliquée de Grenoble, de l’Institut pour l’avancée des biosciences ainsi que du Centre d’économie et de sociologie appliquées à l’agriculture et des espaces ruraux. Ces derniers ont analysé plusieurs pistes intéressantes. En particulier, les chercheurs se sont concentrés sur les deux secteurs locaux les plus émetteurs de particules fines à savoir le chauffage au bois et les transports. 

Réduire le trafic de 36 %

Le projet MobilAir entend donc prouver que l’objectif sanitaire pourrait être atteint en associant deux mesures : le remplacement de tous les équipements de chauffage au bois non performants par des poêles à granulés récents. Accompagné d’une réduction de 36 % du trafic des véhicules dans l’agglomération. « Ces démarches devront s’accompagner d’aides financières aux ménages, du développement d’infrastructures (transports en commun et/ou pistes cyclables, etc.) et de programmes de sensibilisation très ciblés » précisent les chercheurs.

Des bénéfices sanitaires 

Si la mise en œuvre de ces mesures porte ses fruits, les scientifiques estiment que les bénéfices dépasseraient le gain sanitaire lié à la réduction des particules fines. « En effet, ces mesures favoriseraient l’activité physique, réduiraient le bruit dans la ville et les émissions de gaz à effet de serre », affirment les scientifiques. 

Une économie de 629 euros par habitant

Outre une meilleure santé, « les scénarios avec le plus fort développement des modes actifs (marche et vélo) conduisent alors à un bénéfice net de 8,7 milliards d’euros sur la période 2016-2045. Soit un gain annuel de 629 euros par habitant de la métropole », indique l’étude. De quoi prouver qu’une bonne qualité de l’air bénéficie non seulement à la santé mais également aux finances publiques.

Ségolène Kahn

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