Multiplication des maladies mortelles, décès liés à la chaleur, risques de famine quintuplé… selon un rapport rédigé par 114 scientifiques dans le monde, les conséquences du réchauffement climatique d’ici la fin du siècle vont causer des dommages catastrophiques pour la santé et la sécurité sur la planète.
En 2023, notre planète a connu les températures les plus élevées depuis 100 000 ans. Il advient désormais deux fois plus de jours de canicule qu’il y a 20 ou 40 ans. Outre l’environnement, le changement climatique menace de plus en plus la santé des humains : les décès liés à la chaleur chez les plus de 65 ans ont augmenté de 85 % par rapport à cette période. Tels sont les enseignements d’un un rapport publié mercredi 15 novembre dans la célèbre revue médicale britannique The Lancet. Intitulé The Lancet Countdown, ce rapport tire la sonnette d’alarme sur les dommages irréversibles du réchauffement climatique. Il s’agit d’une vaste étude d’ampleur internationale rassemblant 114 scientifiques issus de 52 pays et agences de l’Organisation des nations unies (ONU).
Une étude mondiale
Dans ce rapport, les auteurs étudient l’impact du réchauffement climatique mondial au cours des deux dernières décennies sur de vastes régions géographiques. Résultat, les scientifiques observent une augmentation des températures en Afrique, en Asie, en Amérique du sud et centrale et dans les petits États insulaires. Seules les régions développées comme l’Europe, l’Amérique du nord et l’Océanie conservent une certaine stabilité.
+2,7°C
L’on apprend également que le monde atteindra les températures préindustrielles en hausse de 2,7 °C degrés à la fin du siècle, dépassant de loin les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat fixés à 2°C. Seules l’Europe et les nations d’Amérique du nord devraient parvenir à des économies décarbonées durant cette période.
Trois à quatre fois plus de décès
Selon ce scénario, le rapport envisage une explosion des décès dus à la chaleur de 370 % d’ici 2050. Mais également une augmentation de 50 % des heures de travail perdues en raison de conditions de travail impossibles. De même, la multiplication des périodes de sécheresse et de canicule pourrait provoquer la famine pour 525 millions de personnes, en plus des 127 millions de personnes déjà plongées dans l’insécurité alimentaire.
Augmentation des maladies
Les maladies devraient également se propager plus rapidement. Le rapport cite notamment des pathogènes mortels tels que les bactéries Vibrio, le paludisme et la dengue augmentant de 25 %. Plus d’un quart des villes étudiées par les chercheurs redoutent de voir leurs systèmes de santé débordés par les conséquences de la chaleur.
Les industries pointées du doigt
En cause, le rapport accuse les industries d’agir à l’encontre des résultats en matière de santé. Son coprésident, le professeur Anthony Costello de l’University College de Londres, a déclaré que « l’atténuation et l’adaptation au climat nécessiteront de défendre la santé des gens contre les intérêts des industries des combustibles fossiles et d’autres industries nuisibles à la santé. »
L’Australie, grand pollueur
Le rapport vise également les gouvernements des pays les plus développés pour leur manque d’engagement contre le changement climatique. Parmi eux, l’Australie a reçu les plus vives critiques du fait de sa région d’Océanie produisant des taux record de carbone par personne. Le rapport blâme également les États-Unis et le Canada pour leurs « actions insuffisantes, et souvent négligeables, en matière de changement climatique ».
Réduire les émissions
Pour tenter de limiter cet impact, le Lancet souhaite encourager l’atténuation et l’adaptation. Par atténuation, les auteurs entendent une réduction des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement planétaire. Malheureusement, comme l’ONU le déplore, les engagements actuels des pays s’avèrent insuffisants car ils ne prévoient qu’une baisse de 2 % des émissions mondiales en 2030. Et ce, au lieu des 43 % nécessaires pour respecter l’Accord de Paris.
Adapter les infrastructures
Quant à l’adaptation, il s’agit d’optimiser les aménagements des bâtiments avec une meilleure isolation thermique. Mais également d’améliorer les infrastructures en végétalisant les villes. Il s’agit également de repenser les productions agricoles, l’usage de l’eau et adapter les systèmes d’alerte et d’aide aux plus vulnérables. Quoi qu’il en soit, comme le rappellent les experts, plus l’on attend pour agir, plus le réchauffement climatique s’aggrave et plus il deviendra difficile et coûteux de s’adapter.
Ségolène Kahn
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