Plutôt que d'utiliser une application tournant sur un smartphone susceptible de bugger, de plus en plus d'entreprises se tournent vers des dispositifs à la fois dédiés et autonomes pour la protection des travailleurs isolés. Certains se portent à la ceinture. Voire même s'intègrent dans les équipements de protection individuelle.
Livreurs, agents d’entretien, techniciens de maintenance, opérateurs de plateforme industrielle… le nombre des professionnels travaillant seuls, sans contact physique avec des collègues, s’élèveraient en France à plus de 1,5 million. Or l’article R4543-19 du code du travail stipule la règle suivante :
« Un travailleur isolé doit pouvoir signaler toute situation de détresse et être secouru dans les meilleurs délais. »
Dans cette perspective, bon nombre d’employeurs équipent leurs salariés d’une application Dati (Dispositif d’alarme du travailleur isolé) appelée aussi PTI (Protection du travailleur isolé) tournant sur smartphone. Grâce à cette solution connectée, ils envoient une alerte en cas de perte de verticalité à la personne ou au service de téléconsultation déjà désigné par l’entreprise.
Poids plume de 50 grammes
Aussi séduisante soit-elle, dans la mesure où on oublie rarement son smartphone, cette solution présente des limites. Parmi lesquelles, les risques de bug qui peuvent survenir en cas de mise à jour du système d’exploitation de l’appareil. Autre limite pointée du doigt par les utilisateurs, la forte consommation d’énergie de la fonction GPS qui réduit l’autonomie des appareils. Autant d’inconvénients qui font que les entreprises préfèrent à présent se tourner vers des appareils dédiés. À l’instar du Hélios délivré par la start-up Hestiam. De petite taille puisqu’il se loge dans la main, il est suffisamment léger (50 grammes) pour se porter autour du cou, dans la poche de chemise ou encore à la ceinture grâce à ses accessoires fournis. Deux ans de R&D ont été nécessaires à cette entreprise pour développer ce PTI. Lequel a été conçu en collaboration avec des salariés de grands comptes travaillant dans les secteurs de l’eau, l’énergie et le tertiaire.
Envoi d’alertes sur réseaux bas débit
Hélios, du nom de ce Dati envoie ses alertes à la plateforme Web et d’analyses sur tableaux de bord via les réseaux bas débit Sigfox ou encore LoRa, opéré par Orange ou Bouygues. « Nous choisissons l’opérateur selon l’endroit où se trouve l’entreprise », explique Maxime Agulhon, PDG d’Hestiam. Cet ingénieur en électronique diplômé également d’un master de commerce a créé l’entreprise en 2017 avec Anthony Julien, un chercheur en robotique. C’est d’ailleurs ce dernier qui a développé les algorithmes de détection de chute qui permettent de réduire par quatre le nombre de fausses alertes.
1 à 5 jours d’autonomie
Au plan technique, Hélios dispose d’une autonomie allant de 1 à 5 jours travaillés. « Pour le recharger, il suffit de le brancher à une prise USB », indique Maxime Agulhon dont l’entreprise compte sept salariés dont quatre ingénieurs et techniciens. Pour commercialiser ce produit lancé fin 2019, Hestiam s’appuie sur un réseau de distribution qui lui permet de couvrir toute la France. « En plus du Dati Hélios, nous en proposons un autre dédié à la détection de deux gaz qui sont choisis sur une liste comportant 40 substances gazeuses », fait savoir Maxime Agulhon qui prévoit aussi de lancer en 2022 un gilet qui clignotera en cas de collision imminente entre un piéton et un engin.
Boîtier connecté intégré dans un EPI
Ce système fera sans doute écho au « Dati Plus », du nom de la solution connectée codéveloppée par deux sociétés basées dans la Loire. À savoir Nov’In, une startup spécialisée dans la conception d’objets connectés dédiés à la sécurité des personnes et T2S, un fabricant d’EPI haute visibilité qui compte 120 personnes. Sa solution Made in France s’intègre dans un gilet haute visibilité ou dans un brassard Led Eleksen. Grâce à ces algorithmes d’intelligence artificielle, elle saura détecter les situations à risque et transmettre l’alerte aux aidants.
Primé au Mat d’Or 2021, un événement organisé en avril dernier par Sageret, un opérateur de base de données et la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment), le Dati Plus dispose d’une carte GSM multi opérateurs, d’un micro et haut-parleur intégré. Ce qui permet au travailleur isolé victime d’un accident de communiquer avec la personne préalablement désignée pour recevoir les appels. Depuis 2019, année de commercialisation de cet appareil, T2S a vendu plus de 500 dispositifs.
Dati autonome intégré dans la chaussure
L’intégration d’un Dati dans un équipement de protection individuelle (EPI) limite les risques d’oubli. Une réflexion qui a amené le groupe Parade à sauter le pas en intégrant dans une paire de chaussures de sécurité un Dati. Commercialisée depuis l’été dernier, la solution Parade Connect nécessite néanmoins un smartphone pour faire tourner l’application dédiée. Et ce, à la différence de ce que propose l’entreprise Traxxs. Installée à Sophia-Antipolis, cette dernière a conçu et développé un Dati autonome qui s’insère dans une semelle développée en partenariat avec Sidas, un fabricant français basé à Voiron (Isère).
À l’intérieur du Dati se trouve une carte SIM multi opérateurs qui transmet en 2G ou 4G les alertes. Il en existe de trois types. D’abord la perte de verticalité détectée par l’accéléromètre embarqué. Ensuite, le SOS volontaire envoyé par l’opérateur dès lors qu’il tape trois fois son pied droit contre celui de gauche. Enfin, la troisième alerte permet d’organiser l’évacuation d’un site en cas de risque d’attentat ou d’incendie. Dans ce cas, le superviseur utilise la plateforme de Traxxs pour envoyer à tous ses travailleurs équipés un ordre d’évacuation qu’ils reçoivent sous forme de vibration pendant une minute. La solution permet au superviseur de vérifier que tous ses collaborateurs ont bien évacué les lieux. « Notre produit intéresse tous les professionnels qui travaillent de manière isolée », fait valoir Sylvain Rispal, président de Traxxs. Ce dernier a commencé à déployer sa solution dans plusieurs secteurs. Notamment dans la filière minérale (béton et granulats), les sites Seveso, les industries du pétrole, gaz, et chimie. Et ce, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des bâtiments ou encore en zone Atex.
Pour recharger le Dati, il suffit de poser le chargeur sans contact directement sur la semelle. « Xsole PTI, du nom de ce produit, fait 2 mm d’épaisseur à l’avant et 10 mm à l’arrière où est intégré le Dati », nous décrit le président de Traxxs. Créée en 2013, cette PME compte 12 salariés.
1,5 million d’euros levés
Pour financer ses développements, elle a bénéficié d’une levée de fonds de 1,5 million d’euros auprès de Sidas et des fonds d’investissements. « Nous commercialisons la semelle en direct ou via des partenaires depuis deux ans », explique Sylvain Rispa. Ce dernier propose deux formules. « Soit la vente du produit soit un abonnement mensuel », indique le dirigeant qui travaille actuellement sur de nouveaux développements. Notamment une version Atex zone 1.
Eliane Kan
1 commentaire
STEPHANE PEYRON
- il y a 3 annéesEt si vous cherchez une solution en réseau bas débit SIGFOX et réseau GSM (multi opérateurs), qui ne nécessite pas de réglage particulier pour l’adapter à la zone de travail, il existe le Dati My Link+ de My Angel. Aussi équipé d’un haut-parleur et d’un micro, pour contacter le porteur directement. My Angel propose également des solutions PTI embarquées sur des montres SAMSUNG GALAXY avec e-sim multi opérateurs, qui permettent de joindre le porteur sans smartphone additionnel.
Pour chacune des solutions, la géolocalisation bienveillante uniquement sur alerte est effectuée (outdoor et indoor). Pour en savoir plus consultez https://www.myangel.com