Le port d’un équipement de protection individuelle (EPI) des voies respiratoires est nécessaire pour éviter d’inhaler particules, poussières, vapeurs, gaz ou aérosols. Le choix du masque dépend du poste de travail occupé, de la durée d’exposition et des contaminants avec lesquels l’opérateur est en contact.
Irritations, toux, asthme, bronchite, œdème, maladies pulmonaires (silicose, fibrose, asbestose), cancers du poumon… les dégâts en cas d’exposition à des vapeurs toxiques, à des fumées, des particules, des gaz, des aérosols peuvent être mortels. Pour éviter ces troubles, il existe des équipements de protection individuelle (EPI) des voies respiratoires de plusieurs sortes. On les classe en deux grandes familles : les appareils respiratoires filtrants et les appareils respiratoires isolants.
Usages uniques. Les appareils filtrants épurent l’air inspiré par l’utilisateur dans un environnement contaminé grâce à un filtre. « Les masques à usage unique, appelés FFP (Filtering Facepiece Particles, pièce faciale filtrante contre les particules) sont utilisés pour de courtes durées, dans un environnement poussiéreux, explique Didier Lefebvre, directeur de Turover Protection, une entreprise française basée à Saint-Denis (93) dont le chiffre d’affaires 2013 s’élève à 600.000 euros. On les retrouve ainsi dans les laboratoires pharmaceutiques, dans les chantiers du BTP, etc ». La norme EN149 définit trois classes d’efficacité pour ces masques : le FFP 1, qui filtre 70% des aérosols ; le FFP 2 filtre 94% des particules ; le FFP3 filtre 99% des poussières.
Masques non jetables. Deuxième sous-famille des EPI respiratoires filtrants, les masques lavables et réutilisables. Seule la cartouche vissable contenant le filtre doit être régulièrement changée. Les demi-masques protègent la bouche et le nez. « Plus larges que les masques jetables, ils sont par exemple destinés à l’industrie chimique et au traitement phytosanitaire », reprend Didier Lefebvre. Pour leur part, les masques complets recouvrent la totalité du visage. « Ces masques sont utilisés notamment dans l’industrie pétrochimique », ajoute le directeur de Turover Protection.
Parmi les équipements filtrants, citons également les appareils de ventilation assistée. Ils sont constitués d’une protection faciale (coiffe, cagoule, pare-visage, écran de soudage, casque ou casquette) ainsi que d’une unité filtrante montée à la ceinture, d’un moteur-ventilateur et d’une batterie. « L’air purifié par le moteur arrive directement dans la coiffe, explique Wahib Wouazzani, responsable technique chez 3M et président de la Commission protection respiratoire du Syndicat national des acteurs du marché de la prévention et de la protection (Synamap). Celle-ci est fabriquée en différents matériaux, souples, ou plus solides selon l’activité concernée. Ces EPI sont plus confortables puisqu’ils ne nécessitent pas d’effort respiratoire. En revanche, ils sont souvent lourds et encombrants. »
Appareils respiratoires isolants (A.R.I.). Ils sont destinés aux travaux en milieux confinés, dans des ambiances de travail appauvries en oxygène. Il existe des ARI non autonomes, utilisés dans les cabines de peinture par exemple. « L’utilisateur est alors relié par l’intermédiaire d’un tuyau à une source d’air comprimé ou à une zone proche dont l’air n’est pas contaminé, explique Wahib Wouazzani. Les cagoules de protection ainsi équipées d’un système d’adduction d’air permettent aux utilisateurs de respirer un air filtré mais l’opérateur n’est pas mobile. »
En revanche, les ARI autonomes autorisent une certaine mobilité mais sont limités en autonomie puisque la source d’air provient de bouteilles. « Ce dispositif ne s’utilise que lors d’interventions d’urgence, comme les incendies, ou dans des atmosphères douteuses (égouts) », précise Lohic Sainlez, responsable commercial des équipements respiratoires chez Honeywell.
Comment se décider ? Face à ces nombreuses informations, difficile pour les dirigeants d’entreprise de faire le bon choix de protection pour ses employés. « Une étude du poste d’intervention est nécessaire en premier lieu, affirme Didier Lefebvre. Ensuite, en fonction du contexte d’utilisation, de l’environnement de travail, de la durée d’exposition, et du type de polluant, nous pouvons faire une proposition adaptée. » La décision se prendra également en fonction du budget de l’établissement. Pour un ARI, il faut compter environ 1.000 euros tandis que les masques à usage unique ne coûtent que quelques centimes d’euros. Quant aux masques complets, ils tournent aux alentours de 80 euros.
Mais si, à chaque menace, une protection adaptée est proposée, les professionnels observent une prise de conscience des risques encore faible de la part des dirigeants des entreprises concernées. « Sur un chantier, les opérateurs portent tous des chaussures de sécurité et des casques car le danger est visible, mais peu s’affichent avec un masque de protection, déplore le président de la commission protection respiratoire du Synamap. Les contaminants de l’air sont invisibles mais bien plus nocifs. »
Le confort, une priorité. Pour inciter les opérateurs à porter ces équipements, les fabricants misent sur le confort des masques. « Les EPI sont très fortement encadrés par des normes en termes de filtration et d’efficacité. Les produits se démarquent alors par leur confort, leur respirabilité et leur ergonomie, afin de minimiser la contrainte », affirme Lohic Sainlez. Le confort du masque est le garant de son appropriation par son utilisateur. « L’acception du port d’un EPI par un salarié est un pré-requis indispensable, explique Linda Kraeutle, chef de produits Protection respiratoire filtrante et oculaire pour le groupe Dräger Safety France SAS. Une protection qui n’est pas confortable risque tout simplement de ne pas être portée ». De nombreuses évolutions sont à noter dans le domaine au cours de ces dernières années, pour améliorer le confort et l’ergonomie des équipements. « C’est pour cela que nous avons développé le concept breveté Spiréor, précise Priscille Brillat, directrice des opérations pour le fabricant français Valmy basé dans la Loire (42). La filtration se fait à l’inspiration ainsi qu’à l’expiration et sur l’intégralité du tissu. Le masque est donc plus confortable car il a une très faible résistance respiratoire. »
Caroline Albenois
Comment vérifier que mon masque est étanche ?
Un masque efficace est en premier lieu un masque correctement porté. Il doit donc être étanche. Première règle : les élastiques doivent être resserrés, bien à plat, et non vrillés ou croisés. Autre bonne pratique : adapter la barrette nasale préformée d’un masque jetable à son propre nez.
Mais pour vérifier l’étanchéité des EPI respiratoires, il existe un outil efficace : le fit test, une obligation réglementaire aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou au Canada. Deux types de fit tests existent :
– le fit test qualitatif : un opérateur porte une cagoule percée. Une solution à base de sucre est pulvérisée à travers un tuyau. Si la protection est étanche, l’opérateur ne ressentira rien, si elle ne l’est pas, il aura le goût du sucre dans la bouche.
– le fit test quantitatif : une sonde compte le nombre de particules à l’intérieur du masque et au dehors afin d’avoir une idée exacte de son efficacité. La plupart des fabricants proposent de vérifier l’étanchéité de leurs masques via un fit test.
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