Un décret d’application lié à la loi Égalité et Citoyenneté (adoptée par le Parlement le 22 décembre 2016) rend obligatoire depuis ce mercredi 1er mars le port de caméras-piétons pour les agents de police dans les zones de sécurité prioritaires. Déjà expérimentés depuis 2014 sur certains sites, ces équipements, également appelés »caméras anti-bavure » vont être utilisés pour les opérations de contrôle d’identité réalisées dans les Zones de Sécurité Prioritaires (ZSP). Comme on pouvait s’y attendre, notamment après l’affaire Théo, ce décret encadre l’expérimentation de l’emploi de caméras individuelles par les agents de police municipale dans le cadre de leurs interventions.
Bientôt plus de 5.000 caméras piétons pour la police et la gendarmerie
Précisons que cette obligation est toute relative. En effet, les caméras-piétons seront seulement »testées ». Et ce jusqu’au 3 juin 2018 dans 23 secteurs géographiques, dont les ZSP de Paris, en petite et grande couronnes ainsi que dans des départements comme la Haute-Garonne ou les Alpes-Maritimes. Ensuite, au terme de cette année d’essai, les directeurs généraux de la police et de la gendarmerie nationales remettront au ministre de l’Intérieur un rapport d’évaluation sur l’impact de ces enregistrements systématiques sur le déroulement des interventions, a précisé le ministère de l’Intérieur. Pour l’heure, police et gendarmerie disposent de pas moins de 2.600 caméras-piétons. Un nombre qui devrait être au moins doublé, selon la place Beauvau. A cet égard, Bruno Le Roux, ministre de l’Intérieur, a exhorté ses services à passer dans les meilleurs délais un nouveau marché afin de doter, dans les prochains mois, l’ensemble des militaires et fonctionnaires intervenant en ZSP de caméras-piétons.
De multiples critiques et polémiques
Bref, allons-nous entrer dans une ère, de caméras à « fliquer les flics » ? Rien n’est moins sûr. Certes, le Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM) reconnaît d’un côté que ces équipements sont susceptibles de limiter les accusations mensongères contre les agents des forces de l’ordre et, surtout, de représenter une preuve de leur bonne foi. En revanche, d’un autre côté, il estime que les caméras-piétons n’apportent aucune sécurité supplémentaire lors des interventions. Il avance même que les contrevenants, surtout les jeunes, s’énervent encore plus dès qu’ils repèrent une caméra. Autre critique, selon nos confrères de Médiapart, le déclenchement de ces caméras ne serait pas automatique sur tous les modèles. Du coup, on peut s’attendre à des oublis. Enfin, précisons également que le décret est actuellement examiné au Conseil d’État.
Erick Haehnsen
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