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Sûreté et sécurité

Plus de 1 000 médecins agressés en France en 2018

L'Ordre des médecins a rendu public son Observatoire de la sécurité des médecins, qui montre une progression continue des agressions, principalement en centre-ville et en banlieue, bien que le milieu rural ne soit pas épargné.

Devra-t-on placer un vigile dans les cabinets médicaux ? La question se pose à la lecture de l’Observatoire de la sécurité des médecins publié le 4 avril dernier par le Conseil national de l’Ordre des médecins. En partenariat avec la société d’études Ipsos, l’étude révèle une montée inquiétante des agressions déclarées en 2018 auprès du Conseil de l’Ordre. Le total des victimes pour l’année 2018 culmine à 1 126. Plus de 50% des incidents ont été commis par un patient, souligne l’Ordre des médecins, qui constate une hausse de 9% des agressions par rapport à 2017. Un triste record sachant que la moyenne sur 15 ans s’élève à 783.

Les médecins généralistes sont les plus touchés
L’Observatoire constate que 66% des médecins ont été agressés verbalement avec menaces, 18% ont subi des vols ou tentatives de vols, 8% ont vu leur cabinet vandalisé et 7% ont été victimes d’agressions physiques. Les régions les plus touchées sont l’Île-de-France (171 déclarations), les Hauts-de-France (162) et l’Occitanie (151). Au niveau départemental, les plus touchés sont les médecins installés dans le Nord (123 incidents), les Bouches-du-Rhône (82 incidents) et la Haute-Garonne (46 incidents). Dans plus de la moitié des cas, les violences se sont produites en centre-ville ou en banlieue. Pour autant, les campagnes ne sont pas épargnées. On y dénombre d’ailleurs quelque 200 incidents, contre une centaine en 2012.
L’Observatoire nous apprend que les principales victimes sont des médecins généralistes travaillant en cabinet de ville. Ces professionnels de santé représentent 70% des victimes contre 30% pour les spécialistes. Les ophtalmologistes étant les plus touchés devant les dermatologues, gynécologues-obstétriciens, psychiatres, médecins du travail, cardiologues, radiologues et urgentistes. Dans 88% des cas, l’agression concerne le praticien lui-même, plus rarement les collaborateurs, le cabinet médical ou un patient.

Le patient est l’agresseur dans plus de 50% des cas
Un tiers des incidents ont pour motif un reproche relatif à une prise en charge et 17% un vol. Les incidents ayant ont donné lieu à des atteintes physiques (soit 78 cas) concernent majoritairement des coups et blessures volontaires, mais aussi des agressions sexuelles (5 cas). Enfin, près d’un quart des médecins victimes d’agressions physiques n’ont déposé ni plainte ni main courante. Idem, pour 34% des médecins victimes de vandalisme et pour les 69% ayant subi des agressions verbales, indique l’Ordre des médecins, qui a créé un numéro d’écoute pour les victimes.

Des dispositifs d’alerte déployés à Limoges
Certains conseils départementaux ont lancé des expérimentations pour améliorer la sécurité du corps médical. A Limoges, les médecins de ville se sont vus proposer un bip de géolocalisation qui permet d’alerter les forces de l’ordre. Ce dispositif sera progressivement étendu à tous les médecins de la Haute-Vienne. Concernant l’Île-de-France, le Conseil régional de l’Ordre développe une application afin d’alerter et de faciliter l’intervention des forces de l’ordre en cas d’urgence.

Eliane Kan

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