Interview du délégué général de la Fédération française de la sécurité privée (FFSP) sur les nouveaux rôles pour l'humain et les solutions technologiques dans la sécurité privée de demain. C’est le sujet d’une table ronde qui aura lieu à l’occasion d’Expoprotection Sécurité -du 28 au 30 septembre à Paris Porte de Versailles et Online.
Contrôle d’accès, détection périphérique, détection périmétrique, vidéosurveillance… En quoi les technologies classiques viennent-elles en support des missions de la sécurité privée ?
Les missions de la sécurité électronique sont une composante de la sécurité privée à part entière. Ce n’est pas une régie publique qui fabrique, installe et maintient ces systèmes mais bien des sociétés privées. La sécurité électronique apporte un soutien majeur tant aux acteurs privés qu’aux acteurs publics. Y compris dans des procédures judiciaires. La sécurité électronique prend part à la construction d’une société plus sûre et plus protectrice, notamment la vidéoprotection dans les espaces publics. Elle a changé la donne. Elle a permis de faire reculer de manière importante la délinquance et la criminalité dans certains espaces.
Quelles sont les limites de la sécurité électronique ?
Bien sûr, la sécurité électronique connaît des limites techniques. Mais celles-ci sont sans cesse repoussées grâce à l’innovation technologique. Ensuite, il y a des limites relatives au cadre légal de leur emploi. Sur ce terrain, les acteurs privés et les publics regrettent parfois que l’on n’aille pas plus loin dans leur adoption pour une protection plus efficace. Certains cadres d’usage pourraient être dépassés aujourd’hui. Comme l’usage de la reconnaissance faciale dans certains domaines pour éviter l’accès de certaines personnes reconnues dangereuses ou recherchées. De même, certaines solutions pourraient être utilisées pour maintenir à distance des personnes dangereuses dans le cadre de violence conjugales. Sans impact sur les libertés individuelles concernant la société dans son ensemble.
Rondiers et mains courantes électroniques… Les applications sur smartphone ont fait leur apparition dans la sécurité privée. Qu’apportent-elles aux agents de sécurité, à leurs managers, aux sociétés de sécurité privées et à leurs clients ?
L’avantage incroyable des applications smartphone dans la sécurité privée, c’est leur son coût très compétitif ainsi que la diffusion très large des smartphones qui proposent des services tout en un : saisir des images, interagir avec l’usager, transmettre des documents. De plus, les smartphones offrent une puissante ergonomie qui les rendent utilisables par le pus grand nombre sans formation lourde. Nous sommes convaincus que ces outils numériques permettront, à terme, de mettre en œuvre le continuum de sécurité d’une manière beaucoup plus immédiate, opérationnelle et permanente entre les acteurs de terrain qu’ils soient publics ou privés. On peut imaginer que l’équipe de sécurité d’un espace commercial ou d’un bâtiment de bureaux puisse reporter directement des faits de délinquance ou recevoir des informations sur des menaces via une plateforme de sécurité opérée par l’État. Une chose est sûre : le continuum de sécurité sera numérique. Selon la volonté politique, cela prendra cinq à vingt ans ans mais cela arrivera.
Quelle est la position de la FFSP à l’égard des plateformes qui ubérisent la sécurité privée ?
D’une manière générale, l’ubérisation bouscule de nombreuses professions dans notre pays. Souvent, elle est associée au non-respect de certaines règles. C’est sur ce point que nous demandons à l’État d’être très vigilant. Pour l’heure, le marché de ces plateformes semble anecdotique. Mais il faut veiller à ce qu’elles ne deviennent pas un espace favorable au développement d’une offre hors cadre légal. C’est à l’État de prendre ses responsabilités car les acteurs privés n’ont pas de pouvoir disciplinaire ni de pouvoir de contrôle.
Intelligence artificielle, drones volants autonomes, robots patrouilleurs… Les technologies de pointe viennent-elles aider ou concurrencer les acteurs de la sécurité privée ?
Indéniablement, elles viennent les aider car ces technologies font elles-mêmes partie des acteurs de la sécurité privée. Elles sont complémentaires de l’œil humain, elles doivent être déployées avec force pour compléter l’action des équipes humaines ou des forces publiques. Encore une fois, ce qui doit primer, c’est la sécurité dans le respect du cadre légal. Les métiers de la sécurité privée sont au service de nos clients pour apporter des solutions efficientes. Et la révolution numérique va évidemment transformer profondément les missions de sécurité privée. En particulier dans les environnements industriels. Dans ce contexte, ressort l’immense enjeu de la formation professionnelle car nous aurons besoin d’attirer les meilleurs profils, de trouver les modèles économiques innovants ainsi que des financements pour déployer des technologies souveraines.
Propos recueillis par Erick Haehnsen
Rendez-vous sur Expoprotection Sécurité 2021
Sécurité privée de demain : quels nouveaux rôles pour l’humain et les solutions technologiques ?
C’est le sujet d’une table ronde animée par la FFSP et le GPMSE, qui aura lieu à l’occasion d’Expoprotection Sécurité, du 28 au 30 septembre à Paris Porte de Versailles et en ligne.
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