La France est l’un des premiers pays utilisateurs mondiaux de produits phytosanitaires, avec des ventes de 60.000 à 100.000 tonnes par an. Rappelons que ces produits sont constitués de molécules dont les effets toxiques demeurent à ce jour difficilement évaluables mais, à coup sûr, très dangereux pour la santé des travailleurs qui les utilisent. Pour y voir plus clair, l’Institut national du cancer (INCa) fait le point, dans sa fiche repère « Pesticides et cancers » datant de juillet 2014, sur les connaissances actuelles concernant les principaux pesticides et les stratégies mises en place pour renforcer la prévention en milieu professionnel. Une brochure qui dresse un état des lieux provenant de sources multiples.
Maladies professionnelles. Grâce à ses études épidémiologiques, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a mis en évidence les taux élevés de troubles de santé qui surviennent chez les agriculteurs, les applicateurs de pesticides et les ouvriers en industrie de production de pesticides. Cancers de la prostate et du système lymphatique, myélomes multiples, leucémies, maladie de Parkinson… autant de maux dont souffrent majoritairement ces professionnels régulièrement exposés aux produits phytosanitaires. Dorénavant, ces affections sont considérées comme maladies professionnelles. Une avancée même si les sources demeurent encore floues. En 2013, seule une soixantaine de molécules a pu être classée en fonction de leur cancérogénicité par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) alors que les pesticides regroupent plus de 1.000 substances hétérogènes. Cette identification est certes limitée. Cependant les expositions sont multiples: par voie cutanée comme l’exposition directe au produit, par usage de matériel contaminé ou par voie respiratoire. Pour encadrer ces produits, l’Union européenne a mis en place en 2009 quatre réglementations distinctes en fonction de l’usage par les professionnels et le grand public. Il s’en suit une limitation maximale de leurs résidus dans l’environnement et les denrées alimentaires.
En action. En France, des plans et actions viennent compléter ces démarches. Citons ainsi le plan national Ecophyto qui vise, notamment, à réduire progressivement l’usage des pesticides de 50% d’ici 2018. Citons également l’observatoire des résidus de pesticides créé en 2005 pour améliorer les connaissances sur les expositions de la populations et des écosystèmes aux pesticides. Autre exemple, plus ancien, la taxe générale sur les activités polluantes a été étendue en 2000 aux produits antiparasitaires à usage agricole et aux produits assimilés. Dix ans plus tard, ce sont les publicités sur les pesticides qui ont été interdites.
En matière de prévention, le plus grand remède consiste à informer les utilisateurs sur la connaissance de produits et le respect de leur mise en oeuvre. Le port d’équipement de protection individuel doit également être certifié par les normes de la Communauté européenne. On en est loin. A ce jour, seuls 20% des modèles testés sont conformes. Les professionnels peuvent aussi appeler un numéro vert (0800 887 887) ou contacter des centres anti-poison.
Limites. Actuellement, aucun recueil ne centralise les données d’utilisation des pesticides. Seul un cahier d’enregistrement des traitements phytosanitaires est imposé aux exploitants agricoles depuis 2006. La surveillance s’effectue donc grâce à différents groupes d’études mis en place ces dernières années, dont les données aideront, à terme, à mieux encadrer l’environnement de travail des professionnels et les conséquences sur la santé de la population.
Elodie Armand
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