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Santé et qualité de vie au travail

Pathologies féminines au travail : une kinésithérapteute tire la sonnette d’alarme

Incontinence urinaire, pesanteur pelvienne, descente d’organes… contrairement aux idées reçues, ces troubles ne concernent pas que les femmes enceintes. Ils touchent en fait un grand nombre d’employées, dont certaines devant réaliser des tâches physiques intenses.

Si les troubles musculosquelettiques (TMS) font souvent les gros titres de la presse, l’une de leurs spécificités est bien souvent négligée. En effet, les TMS englobent les pathologies pelvi-périnéales qui incluent les fuites urinaires, la pesanteur pelvienne ou, plus grave encore, la descente d’organes… Du fait que ces pathologies concernent des parties très intimes du corps, elles suscitent gêne et tabou. Or, avec la féminisation de certaines professions, notamment dans le BTP, la manutention ou encore la logistique, ces maladies se font de plus en plus présentes et s’aggravent. Pour preuve, elles concernent aujourd’hui 4 millions de salariées en France ! Face à la montée de ce handicap méconnu, voire méprisé, Isabelle Reynaud, kinésithérapeuthe spécialisée dans la pelvi-périnéologie depuis 18 ans, a monté le cabinet Working Health. Destiné à soigner les employées victimes de ce type de pathologies. Aujourd’hui, elle décide de dénoncer cette situation dans une tribune afin d’éveiller les consciences.

Quand pénibilité rime avec maladie honteuse
Port de charges lourdes ou de personnes, station debout prolongée, postures contraignantes… alors que les femmes ont de plus en plus accès à des professions réclamant une grande force physique, le risque pour elles de voir apparaître une maladie pelvi-périnéale augmente. Sauf que, faute d’information sur ces pathologies, la plupart des victimes préfèrent se taire et subir. « Au début, la pathologie est généralement considérée comme une gêne dont il faut s’accommoder… Mais au fil du temps, certaines femmes vivent leur activité professionnelle au travers d’une souffrance psycho-somatique, glissant vers un absentéisme, voire une inaptitude professionnelle », déplore Isabelle Reynaud.

L’importance de prévenir et sensibiliser
Avec son cabinet, la kinésitérapeuthe a mis au point une formation destinée à sensibiliser, prévenir et soigner ces maladies dans les structures employant des femmes. Cette formation s’articule selon trois objectifs. A savoir montrer les bonnes postures et gestuelles préventives en fonction de la profession exercée, améliorer le bien-être au travail et endiguer l’absentéisme.

Identifier les postures à risques selon la profession
Concrètement, le programme débute par un enseignement théorique destiné à renseigner sur les pathologies pelvi-périnéales et leur classification selon les professions les plus susceptibles de les déclencher. Ensuite, la formation consiste à identifier les postures et gestuelles à risque, et la manière de libérer l’hyper-pression intra-abdominale, cause de ces pathologies. Le but étant de commencer par renforcer la sangle abdo-pelvi-périnéale.

Adopter les bons gestes
Enfin, une étape pratique est organisée afin de cibler les risques selon l’activité professionnelle des patientes, mais aussi pour réaménager le poste de travail en conséquence. Il s’agit également de trouver des postures de confort adaptées aux tâches à effectuer, ou encore de s’équiper d’accessoires conçus pour soulager les postures pénibles.

Ségolène Kahn

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