Chauffeurs, livreurs, techniciens d’intervention, artisans, agriculteurs… Ces professionnels qui se comptent par millions en France ont pour point commun de travailler de manière isolée. Or, en cas de problème, la plupart ne disposent pas de dispositif d’alerte pour travailleur Isolé (Dati). Soit parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acquérir de tels appareils soit par ce qu’ils oublient de les porter. D’où l’intérêt des chaussures connectées imaginées par Parade qui fabrique depuis 38 ans des chaussures de sécurité. L’entreprise compte 120 collaborateurs dont 80 en production pour un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros en 2015. Filiale du groupe Eram (1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaires), ce fabricant d’EPI (chaussures et vêtements) vend chaque année 900.000 paires de chaussures. 60% d’entre elles sont fabriquées à l’étranger et les 40% restants sont produites en France à Jarzé (Maine-et-Loire). Ce site est réservé aux petites et moyennes séries. « L’usine de Jarzé se distingue notamment par son savoir-faire en matière de semelles en polyuréthane », indique Franck Cherel, directeur de marque chez Parade qui a d’ailleurs ouvert l’an dernier une école de la chaussure. Par ailleurs, le site a bénéficié l’an dernier d’un investissement de 5 millions d’euros consenti par le groupe Eram.
Message vibratile
Cette année, Parade a créé la surprise sur le salon Expoprotection avec une paire de baskets dont la semelle polyuréthane intègre un dispositif électronique nommé Dring Alert System. Pesant une dizaine de grammes, il est conçu pour détecter la perte de verticalité suivie d’une position immobile au sol. Dès lors, ce système intelligent envoie vers une plate-forme dédiée une alerte par SMS. Le message transmis à un opérateur contient les coordonnées de géolocalisation de l’opérateur nécessaires pour faire intervenir les secours. Une fois l’accident pris en main, un message tactile est envoyé à la victime qui le recevra sous forme de vibration dans la chaussure. Ce système électronique gros comme un carré de sucre a été conçu en partenariat avec le stéphanois Nov’In. Initialement spécialisée dans le design, l’entreprise créée en 2013, présentera sur le CES de Las Vegas en janvier prochain une autre application qui se présente sous la forme d’une canne intégrant un détecteur de chute. « Nous avons noué un partenariat exclusif avec cette entreprise pour développer notre chaussure connectée », indique Franck Cherel, directeur de marque chez Parade. Cette paire de chaussures a réclamé deux ans d’études menées avec des experts des objets connectés et des utilisateurs.
Les employés cesseront d’oublier leur Dati sur une table ou dans leur poche
Outre ce modèle intégrant un détecteur de chute, Parade présente une autre paire de chaussures conçue cette fois pour empêcher les opérateurs de se rendre en zones interdites grâce à une technologie de Geofencing développée avec Eurogiciel, une société spécialisée dans l’informatique embarquée. Le système de détection repose sur deux technologies différentes : le GPS et les balises Beacon. Dans le premier cas, la semelle intègre des dispositifs qui géolocalisent par borne de triangulation la position de l’opérateur. Elle embarque aussi les données cartographiques des zones de danger. Résultat, lorsque la personne s’en approche, une vibration dans la chaussure vient le mettre en garde. Dans le second cas, la détection se fait par balises Beacon implantées sur le site. Résultat, dès que la chaussure entre dans le périmètre de détection, une alerte est déclenchée par appel téléphonique, envoi de SMS ou d’email tout en déclenchant une vibration pour avertir le porteur. « L’intérêt de ce système, c’est de pouvoir faire évoluer les zones de danger, ce qui intéresse notamment les acteurs de la construction. »
Face à l’enthousiasme des visiteurs d’Expoprotection 2016, Parade a décidé de mettre les bouchées doubles pour sortir ces produits entre le 2ème et le 3ème trimestre 2017. « Du fait de la présence de la présence de composants électroniquse dans nos chaussures, nous avons décidé de les commercialiser en mode locatif de sorte à pouvoir séparer en fin de vie le boîtier de la chaussure », explique Franck Cherel qui table sur un prix de quelques dizaines d’euros par mois pour un engagement d’un an maximum.
Eliane Kan
Commentez