Amélioration ou dégradation ? Ces dernières années, les salariés sont de plus en plus nombreux à se servir au quotidien des outils numériques (ordinateurs, smartphones, boîtes mail professionnelles, internet et intranet). Facilitant les moyens de communication, de recherche et de production, ces technologies sont désormais massivement utilisés dans nos bureaux. Or, elles sont également susceptibles de générer des situations de stress et de burn-out. Les salariés sont, par exemple, submergés par un flot d’informations continu et soumis à une hyper-disponibilité qui force certains actifs à travailler le soir ou le week-end. Le service des statistiques du ministère du Travail (DARES) vient justement de publier une étude interrogeant l’impact des outils numériques sur les conditions de travail.
Les cadres, plus grands utilisateurs des outils numériques
Premier constat, entre 1998 et 2013, le nombre d’employés se servant des outils numériques a augmenté de 20%, avec un pic de 71% en 2013. En particulier du côté des cadres qui, depuis 2013, sont 99% à travailler avec ces technologies (contre 85% en 1998). Pour obtenir ces résultats, l’enquête, menée tous les sept ans depuis 1984, a interrogé 26 036 salariés en 2013. La prochaine édition aura lieu en 2020.
Le rôle important du management
S’il est difficile d’établir un rapport de causalité concret entre la dégradation des conditions de travail et l’utilisation croissante des outils numériques, l’étude et son auteure, Amélie Mauroux, ont établi certains facteurs représentatifs. A commencer par « la stratégie de l’entreprise » : si une société impose une surcharge de travail à ses collaborateurs, les outils numériques, plutôt que générateurs de pénibilité, représentent plutôt un « symptôme » d’une charge de travail trop importante.
Les outils numériques mobiles rendent plus autonome tout en augmentant les facteurs de stress
Autre distinction, les utilisateurs mobiles (ordinateur et téléphone professionnels portables, accès distant à la messagerie et au réseau de l’entreprise) qui représentent 16,9% des salariés et 52% des cadres, affirment subir des charges de travail plus importantes. Peut-être du fait de la très grande disponibilité que leur confèrent ces outils. De fait, s’ils éprouvent des difficultés plus importantes à jongler entre vie privée et vie professionnelle, ils représentent tout de même la catégorie d’utilisateurs bénéficiant de la plus grande autonomie et du meilleur sentiment de reconnaissance.
Sédentarisation et utilisation intensive des outils numériques ne font pas bon ménage
A cette catégorie, s’oppose celle des utilisateurs sédentaires intensifs, principalement représentés dans les secteurs de l’assurance, de la banque et de la comptabilité. Avec une connexion de plus de 7 heures par jour, ces employés sont exposés à un usage extrême des outils numériques qui génèrent en eux un sentiment de pression, l’impression d’être limité dans leurs marges de manœuvre ou encore un manque de reconnaissance de leur travail.
Vers une utilisation modérée pour de meilleures conditions de travail
Enfin, le rapport distingue une dernière catégorie, celle des utilisateurs sédentaires modérés (15,6% des salariés), représentée par les fonctionnaires ainsi que par les postes en rapport avec le droit. Connectés en moyenne entre 3 et 7 heures par jour, ces actifs souffrent, certes, d’une charge de travail importante, mais ils bénéficient d’une plus grande liberté d’action et un sentiment de pression moins élevé.
Ségolène Kahn
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