Interview d'Ornella Trouchon, directrice marketing de la start-up My Keeper qui propose un boîtier balise doté d'application mobile d’alerte connectée, développée en faveur des établissements scolaires, coconçue avec des mairies. Créée en 2016, la jeune pousse fut primée Trophée d’or à l'occasion du salon Expoprotection Sécurité 2021.
Comment vous est venue l’idée de créer My Keeper ?
Pour recontextualiser, My Keeper est une entreprise familiale créée en 2016 par deux frères, Nicolas, Jérémy et leur maman Evelyne. Quant à l’idée de départ, elle a pris forme au cours de nos études. Par sécurité, Nicolas et moi prenions l’habitude de rentrer ensemble le soir ou de préparer un texto d’urgence pour intervenir rapidement. Puis, la situation s’est reproduite quelques mois plus tard avec leur petite cousine. Elle n’avait pas le droit d’aller courir seule en forêt car sa mère s’inquiétait pour sa sécurité. C’est à ce moment-là qu’ils eurent comme projet de créer une application mobile avec un bouton d’alerte qui serait connecté en Bluetooth et qui enverrait des alertes en cas d’urgences à ses proches.
Néanmoins, votre offre a évolué et se concentre désormais sur les établissements recevant du public, de quelle manière précisément ?
Oui en effet. Peu après la création de la société, des maires de commune autour de chez nous, en Alpes- Maritimes, ont lancé un appel pour sécuriser leurs établissements scolaires. C’est une obligation légale qui les met dans l’embarras car ils se sentent démunis, avec peu de moyens à leur disposition. Pour vous donner un ordre d’idée, ce sont des cornes de brume, des sifflets d’arbitre… Quand ce ne sont pas des systèmes filaires imposants qui nécessitent des tranchées dans les murs. Ce qui est plutôt onéreux. Ils ne trouvaient donc pas de solutions qui leur convenaient et nous ont demandé si nous pouvions adapter notre dispositif d’alerte mobile à leurs établissements. De là, nous avons repensé notre solution afin qu’elle leur soit dédiée. C’est ainsi que nous avons alors conçu la balise Athéna, « coconstruite » avec les parties prenantes à la mairie (le responsable des affaires scolaires, le maire, la police municipale…) et notre équipe, les ingénieurs ainsi que l’équipe commerciale. De cette expérience, nous avons compris que toutes les mairies étaient bien différentes, avec des budgets allant du simple au triple. Il fallait donc une solution adaptée, flexible et accessible financièrement.
Comment fonctionne le système My Keeper aujourd’hui ?
Si l’on prend le cas d’une école ayant adhéré à notre système, il y a plusieurs cas de figures. Prenons celui où chaque professeur est doté d’une balise par exemple. Il est possible de connecter toutes les balises entre elles, voire de les relier à une sirène lumineuse ou sonore lorsqu’un danger se présente. Lors de l’envoi d’une alerte (qu’elle soit manuelle ou automatique, lors d’une chute, d’une position anormale), la plateforme de téléassistance va déterminer par une écoute silencieuse la réaction à adopter. Enfin, pour limiter un maximum la maintenance, les mises à jour se font à distance automatiquement. Toutes les nuits, la balise envoie un signal au serveur informatique qui va l’interpréter comme un oui ou comme un non. Parallèlement, un rapport est envoyé par mail tous les lundis à un responsable pour faire l’état de fonctionnement des balises.
Face aux zones blanches, il n’y a-t-il pas un risque que les alertes ne soient pas reçus par le service d’assistance ?
Le risque zéro n’existe pas. Néanmoins, nous avons sérieusement réfléchi au problème et proposons des solutions clés en main pour y parvenir. Dans les zones où il y a le moindre micro-réseau, notre alerte va passer. Pour deux raisons. Tout d’abord, à l’instar des trains, il y aura toujours deux systèmes de freinage. Si le premier est défaillant, on ne veut pas s’écraser en gare. C’est la même chose avec My keeper, si un réseau ne fonctionne pas, on scannera d’autres réseaux. Raison pour laquelle nos balises passent par le General Packet Radio Service (GPRS) et la 2G puis le GPS pour la géolocalisation. Le deuxième point, c’est que l’on utilise des cartes SIM multi opérateurs, afin de chercher l’opérateur disponible dans la région. Enfin, pour les communes qui le désirent, elles ont également la possibilité d’installer des antennes relais si le réseau est défaillant ou ne couvre pas bien la zone.
Propos recueillis par Maxence Rysmann
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