Face aux méga-feux qui menacent de se répéter ces prochains étés, Olivier Richefou, président de la Conférence nationale des services d'incendie et de secours (CNSIS), préconise de recruter 50 000 sapeurs-pompiers volontaires supplémentaires (dont 50 % de femmes) ces cinq prochaines années, de doubler le nombre de véhicules adaptés aux feux de forêts ainsi que les moyens aériens.
Après un été meurtri par les méga-feux qui ont sévi notamment en Gironde, quelles conséquences la profession de sapeur-pompier peut-elle en tirer ?
Il va être nécessaire de renforcer notre système de lutte contre les incendies de forêt car, dans les années qui viennent, les étés vont être plus chauds et plus secs. Il y aura donc plus d’incendies. Et il faudra être en capacité de répondre. Cela signifie que nous aurons besoin de plus d’hommes et plus d’équipements.
En plus des 200 000 sapeurs-pompiers volontaires qui renforcent nos équipes, nous avons besoin de 50 000 sapeurs-pompiers supplémentaires dans les cinq ans à venir. Cela semble énorme mais, en fait, cela correspond a à peine 1,5 sapeur-pompier par an et par caserne.
Comment recruter 50 000 sapeurs-pompiers volontaires ?
Cela suppose qu’il y ait des campagnes de communication pour susciter l’engagement des volontaires auprès des populations. Cela suppose aussi que les employeurs les libèrent plus facilement lorsque le besoin s’en fait ressentir.
À cet égard, nous attendons une véritable indemnisation en faveur de l’employeur afin de compenser le manque à gagner que subit l’entreprise. Par ailleurs, ces campagnes de communication pourraient mettre l’accent sur le besoin de féminiser le secteur. Il n’y a que 20 % de femmes actuellement parmi les sapeurs-pompiers volontaires. Il faudrait plus de 50 %.
Quels sont vos besoins en termes d’équipement ?
Nos besoins s’organisent dans deux orientations. D’une part, il faudrait doubler le nombre de véhicules adaptés aux feux de forêt. Aujourd’hui, nous en avons 3 700, il en faudrait 7 000. Sachant qu’un camion coûte environ 250 000 euros, un accompagnement financier semble nécessaire. D’autre part, il faudrait renforcer les moyens aériens. Notamment en utilisant davantage les moyens existants.
Par exemple, les hélicoptères de la gendarmerie, de l’armée et de la police, en les équipant avec de de grandes gourdes d’eau à projeter sur les incendies. Bien sûr, cela réclame de former les pilotes pour utiliser ces équipements. Il serait souhaitable d’envisager de doubler les moyens aériens de type Canadair ou de tout autre moyen qui rendraient le même usage. Actuellement, la sécurité civile étudie différentes offres.
Il y en a une dizaine, il en faudrait une vingtaine. Cette acquisition devrait se faire à l’échelle européenne car, dans le cas de méga-feux, la coopération est très utile.
Vous évoquez la création d’un secrétariat d’État en charge de la sécurité civile. Pourquoi un tel secrétariat est-il nécessaire ?
Pour diffuser auprès de l’ensemble de la population les messages de prévention auprès de la population, notamment en passant par les écoles. Cela présuppose un poids plus important sur le plan politique, avoir une meilleure coordination de tous les acteurs qui interviennent dans le domaine de la lutte contre l’incendie et de la sécurité civile.
Ce secrétariat d’État pourrait être rattaché soit au ministère de l’intérieur et aux préfectures, soit directement auprès du premier ministre pour développer une vision plus transversale.
Comment mettre en place une meilleure coopération au niveau européen pour faire face aux catastrophes naturelles ?
Cette coopération existe déjà. Elle a fonctionné cet été et elle sera renforcée dans le cadre de l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) qui constitue déjà une référence internationale et européenne.
Propos recueillis par Erick Haehnsen
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