Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Objects connectés : vers quel monde allons-nous ?

Le secteur de la sécurité des biens et des personnes constitue un des plus gros vecteurs de développement des objets connectés. Mais ces derniers sont susceptibles de jouer le rôle du maillon faible dans les installations. A moins d'anticiper les problèmes et de faire les bons choix techniques.

Annoncée comme la première révolution industrielle de ce millénaire, les objets connectés verront leur nombre doubler d’ici 5 ans, passant de 25 milliards d’unités en 2015 à 50 milliards en 2020 selon l’équipementier américain Cisco. Outre la santé et le sport, le secteur de la sécurité constitue déjà le troisième facteur de développement de ce marché avec des détecteurs, serrures, caméras et autres objets intelligents et communicants. Intégrant des puces de communication sans fil, ces objets connectés alimentent des applications disponibles sur des PC ou sur des smartphones. L’enjeu, pour les utilisateurs, étant d’être prévenus dès la survenue d’un incident, de visualiser éventuellement la scène et d’actionner à distance d’autres équipements. Ces applications vont se démocratiser sous la poussée de grands opérateurs de réseau. A commencer par Orange qui a lancé en octobre dernier la commercialisation de son pack Homelive fonctionnant avec n’importe quelle box Internet. L’offre comprend une base domotique reliée d’un côté en mode Ethernet au boîtier internet et de l’autre, via le Wifi ou le protocole Z-Wave, à trois capteurs sans fil. Ces derniers servent à détecter, entre autres, l’ouverture et la fermeture d’une porte, une présence inopinée, ou encore l’apparition de fumées. En cas d’alerte délivrée par SMS ou par mail, l’utilisateur pourra immédiatement voir ce qui se passe sur les lieux. A condition bien-sûr de s’être procuré la caméra HD fournie en complément du pack de base et que le réseau internet soit disponible. Outre l’absence de la disponibilité du réseau de communication, les possesseurs de caméras, serrures, détecteurs et autres objets communicants sécurité peuvent se heurter à un autre problème technique: celui des brouilleurs d’ondes radio qui empêchent les équipements de transmettre leurs alarmes lorsqu’ils sont équipés de carte GSM. Un risque que Securitas Direct, Traqueurs et d’autres fabricants spécialisés dans la sécurité espèrent bien écarter en adoptant la technologie développée par Sigfox, premier opérateur de réseau cellulaire dédié à l’internet des objets communicants. A la différence de ses concurrents, l’entreprise dont le siège est situé près de Toulouse a développé une architecture de réseau qui rend beaucoup plus compliqué l’usage de ces fameux brouilleurs d’ondes. Autres avantages de ce réseau, comme il est de type bas débit, il réclame peu d’énergie aux objets communicants qui peuvent alors fonctionner sur leur batterie plus longtemps. En outre, la technologie Sigfox utilise des puces standards de communication sur lesquelles il suffit de télécharger son logiciel, moyennant un prix modique de l’ordre d’un euro par objet connecté. De nombreuses applications ont déjà été développées, notamment dans la santé, avec des boîtiers de télésurveillance destinés au maintien à domicile des personnes âgées à leur domicile, mais aussi dans la sécurité. Une dizaine de produits dédiés à la localisation et la traçabilité des objets, la détection incendie et la sécurité des bâtiments ont été lancés sur le marché. Citons notamment la nouvelle centrale d’alarme de Securitas Direct et les bornes anti incendie de Bayard. Ce n’est qu’un début « Notre portefeuille de commandes représente 7 millions d’objets à connecter », indique Thomas Nicholls, vice-president en charge de la communications de Sigfox. L’entreprise dont le conseil d’administration est présidé par Anne Lauvergeon (ex-PDG d’Areva) est d’autant plus confiante dans son avenir qu’elle vient de lever 100 millions d’euros pour étoffer son réseau. Outre ses 1,500 antennes implantées en France, des déploiements ont été réalisés au Royaume Uni, Belgique, Hollande, Portugal, Espagne et Danemark. Par ailleurs, elle dispose de deux bureaux aux Etats-Unis et en Espagne. Avec sa levée de fonds, la plus importante jamais remportée par une startup française, Sigfox compte également conquérir l’Asie avec l’appui du coréen SK Telecom et du japonais NTT Docomo Ventures. Ces deux opérateurs télécom font partie du pool des nouveaux actionnaires de Sigfox aux côtés également d’Eutelsat. Ce qui permettra à la startup de coupler sa technologie à celles des satellites afin de couvrir des territoires inaccessibles.

Vecteur d’innovation, la technologie Sigfox promet de générer de nouveaux usages. « Notre portefeuille de commandes représente 7 millions d’objets à connecter », indique Thomas Nicholls, vice-president en charge de la communication de Sigfox. L’entreprise dont le conseil d’administration est présidé par Anne Lauvergeon (ex-PDG d’Areva) est d’autant plus confiante dans son avenir qu’elle vient de lever 100 millions d’euros pour étoffer son réseau. Outre ses 1,500 antennes implantées en France, des déploiements ont été réalisés au Royaume Uni, Belgique, Hollande. Par ailleurs, elle dispose de deux filiales aux Etats-Unis et en Espagne. Avec sa levée de fonds, la plus importante jamais remportée par une startup française, Sigfox compte également conquérir l’Asie avec l’appui du coréen SK Telecom et du japonais NTT Docomo Ventures. Ces deux opérateurs télécom font partie du pool des nouveaux actionnaires de Sigfox aux côtés également d’Eutelsat. Ce qui permettra à Sigfox de coupler sa technologie à celles des satellites afin de couvrir des territoires inaccessibles.

Cette perspective est susceptible d’intéresser des entreprises spécialisées dans le tracking d’objets volés. Parmi lesquelles, le groupe Traqueur spécialisé en solutions télématiques. L’entreprise qui compte une centaine de salariés dont 20% environ travaillent au sein de son centre de recherche, vient de lancer en partenariat avec Sigfox une nouvelle balise mobile. Baptisée Nano du fait de sa compacité (soit 2/3 d’un paquet de cigarette), elle combine une liaison radio et un GPS afin de suivre et repérer des objets enfouis ou cachés, qu’ils soient situés à l’extérieur ou à l’intérieur d’un bâtiment. Disponible depuis mars dernier, le boîtier, qui a nécessité deux ans de développement, dispose d’une fonctionnalité de radiogoniométrie UHF. De quoi radiolocaliser des objets enfouis ou cachés dans un souterrain. Nano dispose aussi d’un module GPS et d’une antenne intégrée qui transmet, dès que la balise bouge, sa position via le réseau Sigfox. Enfin, cette balise embarque une batterie qui lui confère une autonomie de 3 à 5 ans. Ce qui permet d’équiper des objets ne bénéficiant pas d’une alimentation électrique.

Appelés à rendre plus sûr notre quotidien, les objets intelligents suscitent néanmoins des interrogations liées à leur sécurité. 20 % seulement des produits en circulation seraient sécurisés en cas d’intrusion. C’est d’ailleurs le cas des solutions proposées par Openways. Spécialisée dans les systèmes de contrôle d’accès pour les hôtels haut de gamme, cette entreprise française a conçu et développé une serrure intelligente hautement sécurisée. « Nous recourons à des clés de cryptage de 256 bits utilisées dans les secteurs bancaires et militaires », fait savoir François-Xavier Mallet, vice-président d’Okidokeys, la marque commerciale d’Openways. Hautement sécurisée, sa serrure intelligente intéresse les entreprises et particuliers mais aussi les installateurs professionnels. Point fort, l’ouverture de la porte se déclenche au moyen d’un smartphone (iPhone ou Android), d’une clé, d’un badge ou d’un bracelet RFID que l’on passe devant un lecteur dédié. La gestion de ces accès se fait depuis une application dédiée disponible sur le site d’Okidokeys. La personne habilitée peut délivrer des autorisations à caractère permanent ou limité aux seuls horaires de travail ou à un créneau horaire précis en cas de livraison ou d’intervention. De quoi séduire La Poste qui teste depuis février dernier cette serrure intelligente et sécurisée. Eliane Kan

Matooma pallie l’instabilité des réseaux

Dans certaines zones, les réseaux telecom ne sont pas toujours disponibles ! D’où l’intérêt de l’offre de Matooma qui fournit des cartes SIM multi-opérateurs. Intérêt, en cas d’indisponibilité d’un des opérateurs, le message d’alerte sera automatiquement acheminé sur un autre réseau. Autre avantage de Matooma, qui propose aussi des cartes mono-opérateur, il offre aux fabricants de centrales d’alarme ou de tout autre produit communicant un outil en ligne pour gérer leurs cartes SIM. En témoigne Prodomo, spécialiste de la protection électronique des chantiers avec des caméras vidéo et des détecteurs infra-rouge passifs installés sur les chantiers. Prodomo a fait appel à Matooma pour parfaire son dispositif technique en intégrant les cartes SIM de Matooma dans ses centrales d’alarme. Ce qui évite à ses clients d’avoir des fluctuations importantes de leurs factures téléphoniques d’un mois sur l’autre, selon les durées de connexion des centrales. Autre avantage, les cartes fournies par Matooma sont reliées à une plate-forme de gestion en ligne de sorte que Prodomo supervise en temps réel le parc de ses centrales. 

La sécurisation des objets au cœur du projet Huma

Appelés à se démultiplier, les objets connectés constituent déjà des cibles potentielles pour les cybercriminels car leur niveau de sécurité est souvent insuffisant. La plupart des problèmes sont dus à l’existence de failles logicielles qui sont alors exploitées par les attaquants pour voler des données, s’introduire dans un bâtiment ou un véhicule ou mettre à mal une installation. Or, en cas d’attaque, la capacité de détection et de supervision est quasi nulle. D’où la nécessité de développer des outils capables de détecter de telles intrusions. C’est notamment l’un des objectifs du projet Huma piloté par la société Intrinsec, spécialisée dans la sécurité informatique. Labellisé par le Pôle de compétitivité System@tic Paris-Région, Huma regroupe des entreprises Airbus Defense & Space CyberSecurity(produits et services destinés aux usages militaires et astronautiques), Oberthur (fournisseur de cartes électroniques) Wallix (éditeur de logiciels en sécurité) puis Sydo (agence de communication). Ainsi qu’un consortium scientifique auquel appartiennent Citi (Centre d’innovation en télécommunication et intégration de services), Inria et Icube (laboratoire spécialisé dans les sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie). L’ambition du projet est d’élaborer des outils de traitement et d’analyse qui vont aider les opérateurs à dépister des attaques complexes sur les systèmes informatiques. C’est dans ce contexte qu’est prévu, entre autres, de créer des modèles d’alerte émis par les objets connectés. Financé à hauteur de 4,6 millions d’euros sur trois ans FUI (Fonds unique interministériel) , de septembre 2015 à août 2018, le projet Huma proposera une première offre d’ici 24 mois sous la forme d’un logiciel en mode locatif (SaaS : Software as a Service). Puis sera lancé un produit associé à plusieurs modules d’analyse auto-apprenants qui contribueront à améliorer l’expertise humaine.

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