Le directeur technique et sécurité de Sogaris, logisticien, aménageur et gestionnaire de parcs logistiques, nous explique en quoi consiste la maîtrise des risques dans les espaces de stockage high-tech.
La valeur des marchandises stockées dans les entrepôts logistique a-t-elle tendance à augmenter ?
En quelques décennies, la hauteur des entrepôts logistiques est passée de 7 m de haut à 14 m à voire 15 m – plus de 17 m pour les entrepôt mécanisés. Cette évolution est due, en partie, aux progrès technologiques des chariots élévateurs à mâts rétractables capables de gerber une palette jusqu’à 12 m de hauteur. Bien sûr, les caristes qui les conduisent sont très habiles. Au final, les racks concentrent une valeur de marchandise qui peut aller jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros au mètre carré car ils contiennent jusqu’à 7 niveaux de stockage – contre 4 ou 5 dans les générations précédentes.
Quels sont les risques auxquels les entrepôts sont confrontés ?
L’incendie, l’inondation, le vol et la malveillance. Le risque le plus terrible étant l’incendie. Le plus souvent, on s’en protège avec des sprinklers (systèmes d’extincteurs automatiques à eau). Installés en réseau au plafond des endroits à protéger, tous les 6 à 12 m², ils réagissent de façon automatique lorsque la chaleur fait exploser une ampoule en verre qui, en temps normal, maintient la tête fermée. La pression permanente de l’eau dans la canalisation se libère d’un coup au travers de la tête et arrose ainsi la zone enflammée. En revanche, leur coût d’installation de 5% à 7% du coût total de l’entrepôt et de maintenance est très élevé.
Les sprinklers sont-ils toujours obligatoires ?
Cela dépend de la nature des produits stockés et de la configuration de l’entrepôt. En dessous de 8 m de hauteur de stockage en rack et de 3 000 m² de surface stockage par cellule, les sprinklers ne sont pas obligatoires. L’intérêt, c’est de réduire les coûts de maintenance des installations et ceux des dégâts des eaux en cas de sinistre. On remplace les sprinklers par des bouches incendie et des détecteurs de feu et de fumées. Par ailleurs, on réduit la taille des cellules de stockage qui deviennent des ‘‘boîtes étanches au feu’’ grâce à des cloisons, portes, plafonds et murs coupe-feu. Même les trappes par lesquelles passent les convoyeurs mécanisés sont coupe-feu. Autre intérêt, on peut stocker des tableaux ou meubles anciens… qui craignent l’eau. En outre, c’est aussi d’empiler les étages de stockage. C’est ce que nous avons réalisé pour Chronopost, au nouvel entrepôt de 3 000 m² sur deux niveaux au centre commercial Beaugrenelle ouvert en 2013. Ce principe peut également s’adapter aux entrepôts ultra mécanisés.
Que faites-vous contre le vol et la malveillance ?
Tout d’abord, on installe un système de contrôle d’accès avec badges nominatifs associé à un système de vidéosurveillance Du coup, on ne peut entrer dans l’entrepôt sans badger ni passer devant une caméra. Ensuite, nous posons également des caméras devant les quais de réception et d’expédition. A l’intérieur des cellules de stockage, on place les marchandises à très forte valeur, comme les enveloppes contenant des chèques cadeau, dans des zones grillagées dotées d’un contrôle d’accès spécifique.
Utilisez-vous des drones de surveillance ?
Non, pas encore mais cela me semble intéressant pour maintenir les rondes ou pour vérifier, en cas d’incendie, que toutes les personnes ont bien été évacuées.
© Propos recueillis par Erick Haehnsen
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