Fin janvier, Rob Wainwrigh, directeur d’Europol, l’agence européenne de lutte contre la criminalité annonçait déjà que le groupe jihadiste Etat islamique (ou Daech) préparait de « nouvelles attaques [..] dans des Etats membres de l’Union européenne, et en particulier en France ». Dans le sillage des attentats du 26 juillet dans une église à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, et surtout de celui du 14 juillet à Nice qui a fait 85 morts et 331 blessés, on sait que la menace ne s’arrête pas là.
C’est aussi ce que souligne Patrick Calvar, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans la retranscription d’une audition devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, rendue publique ce 12 juillet. Il se dit « persuadé » que Daech allait « monter en puissance » en passant « au stade des véhicules piégés et des engins explosifs » en France. « Ils vont finir par projeter des commandos dont la mission consistera à organiser des campagnes terroristes sans nécessairement aller à l’assaut, avec la mort à la clef, poursuit-il. Dès que [les terroristes] auront projeté sur notre territoire des artificiers, ils pourront éviter de sacrifier leurs combattants tout en créant le maximum de dégâts. […] Nous savons très bien qu’ils vont recourir à ces modes opératoires : ils ont bien vu les effets provoqués par une opération massive. » Comment se protéger des explosions ?
C’est aussi la question que se pose la PME alsacienne Modulo Protect. Laquelle se propose de construire des bâtiments modulaires, un peu comme des conteneurs maritimes. Entièrement pré-équipés, ces modules garantissent contre tout risque d’explosion. Parmi les bâtiments publics que la société alsacienne ambitionne d’équiper, citons les ambassades, les bâtiments gouvernementaux, les bâtiments militaires, la gendarmerie, la police etc.
Respecter des exigences de sécurité élevées
Pour cela, l’entreprise a dû surmonter de nombreuses contraintes de sécurité établies par les cahiers des charges de ses clients. A commencer par ceux des industries de la chimie, pétrochimie, pharmacie ou des raffineries de pétrole ou de gaz… Il faut dire que, pour la plupart, ces industries sont tenues d’établir des « Blast of Proof », des preuves de résistance aux explosions, destinées à assurer la sécurité des employés et des équipements contre les risques d’explosion, d’incendie ou d’infiltration de substances nocives. Pour sa part, Modulo Protect a sélectionné les matériaux capables de résister aux explosion, conçu une architecture pour la structure structure de ses modules et déterminé les équipements en fonction de nombreux facteurs. A savoir la résistance au feu, l’étanchéité aux vapeurs toxiques, la résistance à l’onde de pression d’une explosion, le coefficient de réflexion et la durée du signal en relation avec le niveau de dommages admissibles. Par ailleurs, la société alsacienne a aussi intégré les normes attachées aux domaines de la construction, notamment en ce qui concerne l’accessibilité PMR, la réglementation thermique RT 2012, le document technique unifié (DTU) ou encore les eurocodes. De même dans le domaine de la sécurité, il a fallu répondre aux normes concernant les établissements recevant du public (ERP), les intempéries ou encore le parasismique.
Fabrication des modules en Alsace
En ce qui concerne la conception, Modulo Protect se charge sur son site en Alsace de l’ingénierie, la préfabrication et l’intégration de tous équipements nécessaires au confort et à la sécurité tels que les structures métalliques, les châssis des portes, les fenêtres et les sas anti-explosion. Ou encore le bardage, l’isolation thermique et phonique. Ensuite, il s’agit d’intégrer l’ensemble des équipements de protection et de vie dans ces modules tout en y prenant en compte la sécurité : étanchéité, surpression, traitement de l’air, climatisation, détection de gaz, électricité, sanitaires, mobilier ergonomique, kitchenette… S’ensuit une phase de tests et de pré-réception des bâtiments. Lesquels seront démontés, transportés et réinstallés sur le site de destination par les équipes techniques. De quoi gagner en temps de réalisation et en coûts de construction.
Ségolène Kahn
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