En toute sécurité, la Région Île-de-France, Choose Paris Region, le Groupe ADP et le Groupe RATP se lancent dans des expérimentations dédiées aux nouvelles mobilités aériennes urbaines sur l'aérodrome de Pontoise.
Aviation décarbonisée, taxis volants, eVTOL… et s’il ne suffisait que de 15 minutes de Paris-La Défense à Paris-Charles-de-Gaulle en faisant fi des embouteillages ? Pour faire face à l’émergence des nouvelles mobilités aériennes, la Région Île-de-France veut créer sa propre filière d’excellence. En partenariat avec Choose Paris Region, le Groupe ADP et le Groupe RATP, la région vient de donner le premier coup d’envoi à une série d’expérimentations sur l’aérodrome de Pontoise – Cormeilles-en-Vexin (Val-d’Oise). Cette zone large comme 45 stades de football sera le terrain de test en conditions réelles autour des véhicules électriques à décollage et atterrissage vertical, également appelés Electric Vertical Takeoff and Landing aircraft (eVTOL).
Des défis en termes de sécurité
« Aujourd’hui, ces engins de l’aviation décarbonée volants offrent une multitude de perspectives autour d’usages pour le transport de personnes et de biens, dans un contexte de croissance continue des besoins de mobilités », estime la région Île-de-France dans un communiqué. Une émergence qui suscite par ailleurs de nombreux défis en termes d’acceptabilité, de sécurité et de qualification des usages. D’où l’importance de cette série d’expérimentations, à l’instar de ce que l’on a connu avec les drones…
Un écosystème francilien
« Notre aérodrome de Pontoise rassemble un écosystème unique autour des nouvelles mobilités aériennes et la plateforme d’expérimentation que nous lançons aujourd’hui est inédite en Europe. Elle fonctionnera comme une expérimentation concrète pour explorer le champ des possibles d’une aviation décarbonée et innovante ainsi que pour développer le marché de l’aviation en basse altitude (en dessous de 300 mètres), jusqu’ici largement inexploré », souligne Augustin de Romanet, président-directeur général d’Aéroports de Paris SA (Groupe ADP).
Des tests soutenus par la DGAC
Pour réaliser ces tests, les partenaires, soutenus par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), prévoient plusieurs scénarios de services pré-commerciaux dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques JOP 2024. Ces tests seront réalisés autour de deux lignes. La première entre l’héliport de Paris-Issy-les-Moulineaux et l’aérodrome de Saint-Cyr ; la deuxième entre les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et Le Bourget et Paris.
Un financement de 25 millions d’euros
À cette occasion, l’écosystème francilien a pu bénéficier de subventions conséquentes : « L’Etat est pleinement engagé sur les financements avec déjà près de 25 millions d’euros apportés par le Conseil pour la recherche aéronautique civile (Corac) pour le développement des taxis volants, mais aussi pour l’accompagnement des projets avec la DGAC et l’Agence de l’innovation pour les transports. Tout se met en place : partenariats, innovation, zone d’essais, réglementation, financement… », indique Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports.
Une trentaine d’industriels
Tout commence en septembre 2020, avec une structuration de la filière en Île-de-France autour des nouvelles mobilités aériennes urbaines qui s’est traduite par le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI). Une trentaine d’industriels ont été retenus pour réaliser des tests autour des composantes suivantes : modélisation et mesures acoustiques, phases de vol et intégration dans l’espace aérien, opérations de maintenance et de recharge ou encore parcours passager.
Un système anti-collision
Pour l’heure, certains industriels ont déjà pu mener leurs tests durant l’inauguration à Pontoise. Ainsi Skyports a-t-il fait voler son drone dédié à la logistique, notamment pour le transport médical. Thales a déployé en conditions réelles son système embarqué anti-collision dans des hélicoptères Helifirst. Tandis que Pipistrel, fabricant d’un avion électrique, a mené une opération de recharge puis un vol, effectués grâce au système certifié de la société Green Motion et orchestrés par la Fédération française aéronautique (FFA).
Des mesures acoustiques prévues
Dans les mois à venir, les campagnes de tests s’articuleront autour de trois grandes thématiques. À commencer par l’impact acoustique et vibratoire : en cible, plusieurs vols effectués par Volocopter feront l’objet d’une série de mesures par le groupe RATP dès mars 2022, en collaboration avec Bruitparif et la DGAC. Il s’agira de quantifier, prédire et simuler les émissions d’un eVTOL en champ proche et lointain afin de répondre aux enjeux d’acceptabilité.
Vers une intégration dans le trafic aérien
Autre thématique : veiller à la bonne intégration des drones et des eVTOLs dans le trafic aérien conventionnel, surtout en termes de sécurité. Le but étant d’assurer une cohabitation sans danger avec les autres aéronefs. Ces tests se feront notamment avec le consortium CORUS-XUAM, projet financé par la SESAR-JU, sous l’égide d’Eurocontrol.
Une analyse du parcours passager
Enfin, les différents aspects du parcours passager seront passés au crible à partir de juin 2022 avec le déploiement d’une infrastructure d’accueil modulaire de type Vertiport conçue par l’opérateur britannique Skyports en collaboration avec le Groupe ADP. De quoi analyser en détail les opérations d’embarquement et de débarquement, de recharge et de maintenance des véhicules. Outre Volocopter (Allemagne), Airbus (France), Vertical Aerospace (UK), Ascendance Flight Technologies (France), cet écosystème francilien va également accueillir les constructeurs allemand Lilium et américain Joby Aviation. D’autres constructeurs d’eVTOLs pourraient rejoindre le site de Pontoise au cours des prochains mois.
Ségolène Kahn
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