« Il faut sécuriser le numérique. Nous savons traiter avec les ministères, les organismes d’importance vitale (OIV), la Défense, le nucléaire, etc, mais nous ne savons pas parler avec les TPE, les PME et le grand public », expliquait ce matin Guillaume Poupard, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), lors d’une conférence de presse organisée par le Club informatique des grandes entreprises françaises (Cigref). Ce dernier a réuni une quinzaine de partenaires (Atos, Axa, Capgemini, Crédit Agricole, EDF, Groupe BPCE, Hexatrust, MAIF, Novaminds, Opentrust, Orange, Société Générale, Solucom, Sopra-Steria et Thalès), pour lancer la première campagne en France destinée à sensibiliser le grand public aux cybermenaces. « Les partenaires vont relayer cette campagne au sein de leur entreprise. Nous allons aussi accueillir toutes les entreprises qui voudront nous rejoindre », précise Jean-Paul Mazoyer, président du Cercle Cybersécurité du Cigref.
Cette campagne s’articule autour d’un site Web, www.hack-academy.fr, qui sera actif dès le 1er octobre prochain et de quatre films humoristiques ainsi que d’un teaser déjà en ligne sur YouTube. Imaginés par l’agence W, ces 4 petits films scénarisent 4 jeunes pirates informatiques qui, chacun, passent un examen devant un jury de trois pirates reconnus pour entrer dans ce qu’on imagine être la « Hack Academy ». Pour se faire accepter au cœur du saint des saints de la piraterie informatique, les candidats réalisent des »exploits » dans le but de voler des données personnelles et de vider le compte bancaire des victimes. D’où le slogan de la campagne qui sera lancée le 1er octobre : « Sur Internet, je reste en alerte ».
« Ces films ne sont pas anxiogènes. Ici, l’humour est de nature à apporter des éléments d’information que les gens comprennent, reprend Guillaume Poupard. On peut ainsi faire passer des règles simples qui élèvent le niveau de conscience global en matière de sécurité numérique. » Quitte à tordre, malheureusement, le sens des mots. En effet, les films font passer les hackers pour des pirates informatiques alors que, chez les Anglo-saxons, »hacker » signifie »praticien de l’informatique ». « Ce sujet a été débattu pendant la conception de la campagne. Mais nous avons retenu cette acception car, pour la majorité de Français, »hacker » veut dire »pirate » », reconnaît Guillaume Poupard qui, en juin dernier avait pourtant participé à l’inauguration de la Nuit du Hack en région parisienne. « C’est vrai que nous avons fait des raccourcis ! », renchérit Jean-Paul Mazoyer. Mais pour toucher Madame Michu, il faut des moyens adaptés…
« Je suis souvent pessimiste quand je vois la différence entre la progression des menaces et les réponses judiciaires. les pertes entraînées par la cybercriminalité s’élèvent à 500 milliards de dollars. En 2020, elles sont prévues à 3.000 milliards ! Le premier enjeu de la protection concerne les OIV, les grandes entreprises et les administrations qui disposent de données d’une importance extrême. mais nous nous rendons également compte qu’il faut atteindre tout le monde. Notamment le grand public qui représente les salariés des entreprises et administrations », décortique Jean-Yves Latournerie, préfet Cyber auprès du ministre de l’Intérieur qui annonce : « A la mi octobre, la stratégie de cybersécurité du gouvernement sera dévoilée par le Premier ministre. »
Erick Haehnsen
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