Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Mieux protégés, les commerçants évitent d’être braqués ou cambriolés

Plus faciles à déployer, les technologies anti-intrusion constituent un bon moyen pour dissuader les malfrats de cambrioler les commerces ou de les braquer.

Les braquages et les cambriolages de commerces défraient de plus en plus souvent l’actualité. Aussi spectaculaires soient-ils, ces faits divers ne seraient pourtant pas en recrudescence. Selon la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), le niveau de fréquence des vols dans les magasins est passé de 31 pour 1 000, en 2009, à 29 pour 1 000 en 2010. De quoi rassurer les commerçants qui ont subi une forte poussée de la délinquance entre 2008-et 2009. Si l’accalmie enregistrée par la FFSA se confirme, elle pourrait s’expliquer de deux manières, selon un conseiller technique à la chambre de commerce et d’industrie de Lyon : les gangs se sont déplacés ou ont été arrêtés. Et parallèlement, les commerçants (bijoutiers, tabacs, boulangeries) se sont protégés avec des moyens appropriés tels que l’installation de grilles extérieures, de portiques de sécurité pour empêcher le vol de marchandises ; la pose de caméras et de détecteurs anti-intrusion pour décourager les braquages et les cambriolages, etc.

Se protéger contre les intrusions

Parmi les grands fournisseurs de systèmes anti-intrusion, l’Américain Honeywell propose la centrale Galaxy Dimension. Laquelle communique en mode radio bidirectionnel avec des périphériques sans fil. A commencer par les détecteurs de mouvement double technologie (infrarouge et hyperfréquence) qui limitent les fausses alarmes. Même préoccupation pour le fabricant italien Tecnoalarm, qui améliore la fiabilité de ses détecteurs en y intégrant sa technologie RSC (Remote sensibility Control. En français, contrôle de la sensibilité à distance). Initialement développée pour les grandes installations, elle permet aux installateurs de régler à distance la sensibilité des radars. « Ce qui évite les déplacements inutiles provoqués par de fausses alarmes », explique Pierre Fournier, en charge de la commercialisation des produits Tecnoalarm en France. Le RSC est d’ailleurs disponible sur la centrale TP8-28 annoncée pour la fin mars. Destinée aux petites installations comportant de huit à 28 zones (une pièce pouvant contenir plusieurs zones) ; ce nouvel appareil gère des détecteurs filaires ainsi que des détecteurs radios. Une version GSM est aussi disponible auprès des commerçants qui craignent les coupures de ligne téléphonique. La centrale dispose d’ailleurs d’un scanner de réseau qui permet de choisir la meilleure couverture GSM.
Tous les commerçants n’ont pas forcément les moyens de recourir à un installateur. Pour répondre à ce besoin, il existe plusieurs offres recourant à la technologie radio. Citons notamment la centrale Azor qui combine la détection intrusion et l’incendie. Disponible sur le site comodalarm.com au prix de 451 euros HT, elle peut recevoir jusqu’à dix capteurs sans fil. Point fort, l’armement et le désarmement du système se font avec un simple badge RFID attribué à chaque utilisateur.

Caméra tout-en-un

En matière de centrale tout-en-un facile à installer, le fabricant Tchèque Jablotron va un cran plus loin avec la caméra Eye-02 fonctionnant avec une carte GSM. « Il s’agit d’un système d’alarme complet qui embarque différents capteurs dont un détecteur de mouvement, un microphone sensible qui détecte les bris de glace ou de porte ; ainsi que des diodes infrarouges pour voir la nuit », explique Patrick Legras, directeur de Jablotron France. Grâce au logiciel de vidéosurveillance qui est livré avec la caméra, le commerçant peut même faire de la levée de doute vidéo et audio. La caméra vendue 332 euros HT sur Internet peut communiquer ses alertes par SMS et acheminer des images par MMS ou par e-mail sur le portable, le PC du dirigeant ou à un PC de sécurité.

Générateur de fumée

Aussi efficaces soient-ils, les systèmes anti-intrusion n’empêcheront pas les malfaiteurs d’emporter de la marchandise sachant que l’arrivée d’une équipe d’intervention peut prendre du temps. D’où l’idée d’installer un générateur de fumée pourvu d’un détecteur. En cas d’intrusion, il émettra un brouillard suffisamment opaque pour provoquer, en général, la fuite du malfrat. Parmi les produits existants, citons le produit Fumi’Protec, fabriqué en France et proposé sur le site Comodalarm pour environ 1 750 euros HT et le « Bandit » vendu entre 2 500 et 3 000 euros HT, fourni et posé, par Jupiter Groupe, un spécialiste de la sécurité. A la différence de ses concurrents, le Bandit comporte un détecteur d’opacité. Intérêt : tant que personne n’intervient avec la télécommande appropriée, ce dernier continuera à diffuser des jets de produits. « Pour évacuer la fumée, il suffira tout simplement d’ouvrir les portes et fenêtres », explique son distributeur, Jean-Philippe Siniscalco, responsable commercial du groupe Jupiter Groupe.

Si les boutiques sont de mieux en mieux protégées contre le risque de cambriolage, les commerçants n’échappent malheureusement pas totalement aux vols de marchandises. Pire, la démarque inconnue en France a augmenté de 2,9 % par rapport à l’année précédente et coûte plus de 4,9 milliards d’euros à la distribution, selon le Baromètre mondial du vol dans le commerce et la distribution (GRTB). Cette étude, réalisée par le Center for Retail Research (CRR) avec le soutien de Checkpoint Systems, fournisseur de solutions de gestion de la démarque inconnue, a été réalisée avec la participation de 1 187 grands groupes de distribution (dont 35 en France) dans 43 pays.

La détection anti-incendie donne le ton
Les capteurs de fumée jouent aussi la carte radio. En témoigne le Daitem 151-21 X, premier détecteur radio certifié NF DAAF (détecteur avertisseur autonome de fumée). Grâce à sa technologie optique, il est adapté à la détection d’incendies à progression lente susceptible de générer des gaz mortels. Surtout, il peut être relié à une centrale d’alarme radio du même fabricant. Si le commerçant n’est pas là, le détecteur est capable, via son transmetteur téléphonique, de joindre en temps réel, le particulier et/ou d’alerter le centre de télésurveillance Daitem.

Portique Plug & Play

Publiée en novembre dernier, cette étude montre que pour lutter contre ces pratiques, les grands distributeurs ont investi 1,369 milliard d’euros (soit l’équivalent de 0,32 % du chiffre d’affaires du secteur) en personnel mais aussi en équipements de sécurité. Outre les traditionnels antivols électromagnétiques (macarons et étiquettes à fil), le marché s’étoffe d’une nouvelle génération d’étiquettes transparentes à radio fréquence, les EP Tamper Tag. Commercialisées par Checkpoint, elles ne font que 33 mm de diamètre et se collent sur les produits les plus sensibles. L’équipementier innove aussi avec sa Nano Gate, un portique discret qui permet de sécuriser des zones à risques jusqu’à présent non surveillées, comme les toilettes ou encore les cabines d’essayage. Totalement Plug & Play, cette porte ne nécessite ni réglage, ni contrat de maintenance. En cas de tentative de vol, l’intrus déclenchera l’alarme située sur l’article et sur la Nano Gate.

Baisse des vols

Outre les vols de marchandises, les commerçants redoutent massivement les phénomènes de braquages. Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), les vols à main armée contre les établissements industriels et commerciaux sont en baisse (soit 3 633 cas en 2010 contre 3 206 en 2011). Idem pour les vols à l’arme blanche (1 210 contre 1 094) et pour les vols avec violence sans arme (923 contre 822). Notons que ces chiffres ne concernent que les vols ayant fait l’objet d’une plainte. Pour limiter les risques de braquage, rien ne vaut les caméras de surveillance qui constituent souvent un moyen dissuasif. Mais cela ne suffit pas toujours. D’où l’idée de Loomis et de Sécuritas de faire alliance afin de sécuriser les espèces en les entreposant dans un coffre-fort placé sous caméra de vidéosurveillance.

Protéger son commerce contre les risques du métier
Anticiper les risques peut éviter bien des déboires aux commerçants qui sont insuffisamment formés aux dangers encourus.

« La majorité des commerçants, et notamment dans les petits commerces, sont insuffisamment formés aux risques encourus par leur profession », constate Michel Benes, consultant et cofondateur du cabinet Legitime Confiance. Cette entreprise de conseils et de formation cofondée avec Eric Quequet réalise des analyses de risques et des actions de prévention auprès des commerçants. « L’audit de sécurité porte sur l’activité commerciale, la configuration de la boutique, son architecture, son environnement, etc. » Dès lors, le commerçant se verra proposé des actions préventives portant sur des équipements de protection, l’organisation ou l’agencement du commerce et, éventuellement, sur l’installation d’une vidéosurveillance. En termes d’organisation, Legitime Confiance recommande de répartir les espèces dans différents endroits de la boutique mais de toujours laisser en caisse une centaine d’euros pour satisfaire le petit braqueur. « Pour déposer les espèces en banque, il faut veiller à varier les horaires et les itinéraires », poursuit le consultant qui forme aussi les commerçants à faire du repérage comportemental en les entraînant à détecter des signes avant-coureurs, à adopter une soumission active en cas de braquage et à connaître les gestes pour se protéger en cas de violences physiques. Enfin, les stagiaires sont aussi formés à faire un signalement en situation de stress et à gérer les situations post-traumatiques.

Coffre-fort intelligent

Leur offre conjointe qui vient d’être lancée sous l’appellation « Cash Protect » repose sur la location d’un coffre-fort intelligent baptisé « Serenity » placé dans l’arrière-boutique. En cas de vol, Loomis garantit le remboursement des sommes à hauteur de 25 000 euros. « Le coffre étant équipé de deux lecteurs de billets et d’une liaison GPRS, l’opérateur connaît en temps réel le taux de remplissage du coffre-fort ainsi que le montant des espèces entreposées », indique Olivier Lambert, le directeur commercial de Loomis. Du coup, il sait à quel moment dépêcher ses convoyeurs de fonds pour retirer les espèces du coffre-fort. L’autre pièce du dispositif repose sur la télésurveillance fournie par Securitas. Deux offres existent. L’une comprend uniquement le service (à partir de 24 euros par mois) tandis que l’autre formule comprend le service et la location du matériel (à partir de 38 euros par mois). A cela s’ajoute la location du coffre Serenity, facturée entre 500 et 600 euros par mois. « Ce prix reste inférieur aux commissions prélevées sur les paiements par carte bancaire », signale Pierre de la Mortière à la direction de la stratégie de Loomis. « Et surtout notre service limite les risques d’agression dont sont victimes les commerçants quand ils se rendent à leur banque pour y déposer leurs fonds. »

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