Ces dernières semaines, le métam-sodium aurait causé plus de 70 intoxications signalées dans le seul département du Maine-et-Loire. Ce sont principalement des ouvriers agricoles victimes de fortes irritations des voies oculaires et respiratoires, mais aussi des habitants dans le voisinage des cultures.
700 tonnes par an en France
Principalement employée par les maraîchers horticoles de l’Ouest de la France, cette substance active est présente dans des produits phytopharmaceutiques utilisés pour lutter contre les champignons du sol ou les nématodes (les vers du sol dont certains s’attaquent aux cultures). Ces produits servent donc à « désinfecter » les sols avant l’installation d’une culture. En particulier pour la mâche, les tomates, les radis, les poireaux, etc. Bien qu’ils soient appliqués sur de petites surfaces en plein champ ou sous serres, ces produits nécessitent d’être utilisés en grandes quantités pour agir efficacement. Ainsi la dose est-elle comprise entre 300 et 1 200 litres par hectare, ce qui représente près de 700 tonnes chaque année en France. Malgré l’approbation initiale de cette substance active au niveau européen, l’Union européenne avait, depuis plusieurs mois, classé cette molécule parmi les 80 substances à remplacer au plus vite par des techniques alternatives. Plus précisément, l’Agence de sécurité sanitaire européenne (Efsa) la suspecte d’effets cancérogènes et repro-toxiques.
Retrait de l’autorisation de mise sur le marché français
Après réévaluation de cette substance, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient à son tour de réévaluer le métam-sodium. A présent, elle conclut que l’ensemble de ses usages représente un risque pour la santé humaine, notamment celle des travailleurs agricoles et des riverains, ainsi que pour l’environnement. L’Agence vient donc de notifier ce lundi 5 novembre aux industriels son intention de retirer les autorisations de mise sur le marché de tous les produits à base de métam-sodium. A cet égard, l’Anses rappelle aux professionnels que la déclaration d’effets indésirables constitue une obligation réglementaire, en vertu de l’article L. 253-8-1 du code rural et de la pêche maritime. Ces signalements de phytopharmacovigilance permettent aussi à l’Agence d’agir rapidement afin de prévenir et contrôler les risques.
Erick Haehnsen
Commentez