Le gouvernement est en train de transformer en profondeur sa stratégie anti-terroriste. Cependant, il sacrifie son institut dédié à la sécurité intérieure ainsi que son observatoire de la délinquance et des réponses pénales. Deux établissements connus pour la qualité de leurs débats...
Fin de parcours pour l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et la structure qui en dépend, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), qui vont être supprimés fin 2020, a annoncé mardi Matignon. La cause ? Des raisons budgétaires, selon le journal à l’origine de cette information, l’Opinion, qui déplore : « C’était l’un des rares lieux où des personnels avaient l’occasion de débattre des questions de sécurité intérieure dans une grande liberté et de manière transversale. »
Un lieu de formation
Organisme d’État d’une trentaine d’années, l’institut n’a été nommé INHESJ qu’en 2010. Placé sous la tutelle du Premier ministre, il avait également comme « ministères de référence » l’Intérieur et la Justice. En outre, il avait pour mission de former à la sécurité intérieure des cadres et acteurs de la société civile de haut niveau. Pour nourrir cet enseignement, l’organisme réalisait régulièrement des travaux d’études et de recherches.
Un observatoire
Pour accomplir ces recherches, l’institut dispose d’une structure d’excellence, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) qui analyse et étudie les évolutions statistiques de l’ensemble du processus pénal, les faits constatés par les décisions de justice, l’exécution des peines et des sanctions pénales ainsi que la récidive. L’établissement devrait également fermer ses portes en 2020. « Alors que les questions de sécurité intérieure restent essentielles, comme on le voit avec le terrorisme par exemple, se priver d’un tel lieu de réflexion et d’échange ne peut que renforcer l’entre-soi des administrations, dont on mesure le danger », considère l’Opinion.
Un travail de simplification
« Il s’agit du travail de simplification de l’État et de suppression des agences qui a commencé », s’est expliqué Matignon. Dans un communiqué, la direction de l’INHESJ a regretté que les efforts déployés (restructuration, réorganisations en interne etc ) au sein d’un plan stratégique 2018-2021 d’envergure, n’aient pas été pris en compte. « Si la qualité des travaux de l’Institut a été saluée, aucune des propositions de restructuration avancées n’a été retenue ». Somme toute, seul l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), fondé en 1936 et équivalent militaire de l’INHESJ restera en fonction, il l’aurait « échappé de justesse » selon un proche du dossier.
Ségolène Kahn
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