Il s’agit d’ajouter trois tableaux de maladie professionnelle au Code de la Sécurité sociale : la dépression d’épuisement, l’état de stress post-traumatique conduisant à une situation traumatique et le trouble d’anxiété généralisée. Martine Keryer, médecin du travail et secrétaire nationale « Santé au travail et Handicap », le syndicat de l’encadrement, soutient la pétition.
Qu’est-ce que le burn-out ? Il s’agit d’un épuisement professionnel, après une période de stress chronique. En général, les personnes atteintes sont hyperinvesties dans leur travail et soumises à beaucoup d’émotions.
Quels sont les syndromes ? Ce sont les mêmes que pour le stress chronique : grande fatigue, syndrome dépressif, insomnies. Les malades n’ont plus de fioul, ils sont comme vidés. Ils développent parfois même une pathologie cardio-vasculaire qui peut déboucher sur des accidents de type infarctus.
Quelle est la population concernée ? Jusqu’à présent, le burn-out touchait surtout les professions de santé, confrontées aux émotions fortes des patients. Maintenant, les cadres sont eux aussi concernés. Dépourvus de leurs fonctions décisionnaires, ils sont souvent obligés d’appliquer des dispositions qu’ils n’ont pas choisies et donc, d’agir à l’encontre de leurs valeurs.
Qu’espérez-vous en luttant pour la reconnaissance de cette pathologie ? Reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle présenterait trois avantages. D’abord, la déculpabilisation du salarié : on admet qu’il est n’est pas malade par hasard mais bien à cause de son travail. Ensuite, ce serait rendre visible cette pathologie et la mettre sur le compte employeur de l’entreprise, comme un accident de travail. Enfin, ce serait inciter les entreprises à entamer des actions de prévention auprès de leurs salariés.
Guérit-on du burn-out ? Difficilement. On se débarrasse du stress chronique par un long arrêt de travail, quatre à six mois. Mais la maladie occasionne de gros dégâts dans l’organisme. Des pertes cognitives importantes par exemple : mémoire, concentration. Il faut donc en priorité un repos cérébral. Souvent, il faut aussi changer d’emploi.
Propos recueillis par Caroline Albenois
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